Des étoiles au curry
En réussissant le lancement de la première mission d’exploration inhabitée lunaire, l’Inde se positionne en super-puissance nucléaire et spatiale. Les images folkloriques et exotiques s’évaporent devant les prodiges technologiques d’une nation résolument tournée vers le futur.
Hier, mercredi 22 octobre 2008, l’Inde, berceau du bouddhisme et patrie du curry, a parfaitement lancé sa première fusée d’exploration de la Lune. A trois heures moins dix (heure de Paris), la fusée PSLV s’est arrachée à la gravité terrestre pour aller rejoindre l’orbite lunaire à 380 000 kilomètres d’ici. A son bord, elle emportait l’engin sonde Chandrayaan-1 destiné à effectuer des études topographiques, des recherches et des expériences orbitales ainsi qu’un sondage au sol pour essayer d’y trouver de l’eau, certaines substances chimiques et certains minéraux.
Cette mission spatiale inhabitée est à la fois une opération symbolique démontrant le statut de super-puissance de l’Inde et une authentique mission à visées commerciales et scientifiques qui sera poursuivie par au moins 60 vols spatiaux d’ici 2013, aussi bien vers la Lune, que dans l’orbite terrestre et vers Mars. Après la mission lunaire japonaise de fin 2007 et l’annonce chinoise de la construction et de la satellisation d’une station spatiale asiatique, la mission indienne s’inscrit dans une volonté de l’Orient de faire la démonstration qu’il n’a plus réellement besoin de l’Occident.
Fini les visions exotiques et fantaisistes de l’Inde arriérée du tiers-monde. Une sonde, dernier cri de la technologie, aux couleurs indiennes, tournera autour de la Lune et au-dessus de nos têtes dès le 8 novembre 2008, pendant deux ans. Le ciel, autrefois domaine des dieux, puis royaume de Dieu, est maintenant l’espace des hommes. Et il se pourrait bien que dans un proche avenir ce ne soit pas un Américain ou un Anglais au teint bien blanc et aux manières occidentales qui soient aux commandes de l’Enterprise de Star Trek.
Le Japon, la Chine et l’Inde se lancent à la conquête de la Lune et en feront probablement leurs bases de lancement d’un vaste programme spatial vers Mars et vers les destinations spatiales les plus proches de la Terre.
Les yeux et les esprits tournés depuis des siècles vers le ciel, sans aucune crainte de défier une hypothétique puissance divine assise sur un trône derrière les nuages, les Asiatiques ne considèrent plus la Terre comme la dernière frontière. Leurs ambitions, leur détermination et leur nombre en font des candidats de choix pour réussir là où l’Occident a échoué : aller là où nul homme n’est jamais allé pour y découvrir ce qu’il nous reste vraiment à découvrir : l’infini.
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