Digg.com : noyauté par la droite américaine
Un réseau de conservateurs américains a été pris la main dans le sac à manipuler digg.com pour favoriser les articles en leur faveur. Un autre cas d’astroturfing. Source : Massive
Censorship Of Digg Uncovered [alternet]
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Si « Grassroot » réfère à un mouvement « venant de la base », Astroturfing, du nom des plaques d’herbes synthétiques pour les stades, dit bien ce qu’il veut dire : du « grassroot » synthétique.
L’astroturfing est ce faux mouvement de la base, délibérément forgé pour donner l’impression qu’il s’agit d’un mouvement populaire spontané ("grassroots"). L’astroturfing cherche à forger l’impression qu’il s’agit d’un véritable mouvement populaire. À l’affût de ce qui se dit dans les médias et le web, ils se rendent sur les "lieux" pour "partager" leur voix et le fond passer pour celle du « peuple »
Cette manipulation sert à créer l’apparence d’un public autonome qui réagit démocratiquement. La démocratie implique pourtant que chaque individu ait une voix et une seule. L’astroturfing triche sur ce point.
Quand un mouvement se fonde sur de fausses identités et de multiples comptes, il n’y a pas de démocratie. Malheureusement, les forums ou les plateformes de participation sont souvent victime d’astroturfing.
« Digg Patriots » est le nom d’un regroupement de conservateurs américains qui sévissaient sur Digg pour promouvoir des articles prônant leur idéologie (« digg ») et enterrant ceux plus libéraux (« bury »).
Ils se mettaient à plusieurs pour manipuler les résultats, votant pour un article choisi afin qu’il se retrouve en première page (et enterrant les autres). Un site promu sur Digg.com fait normalement exploser les visites, d’où l’importance d’être « diggué ». Se faire « enterrer » correspond à un encéphalogramme plat côté visite.
La fraude à grande échelle laisse des traces
Pour détecter de telles fraudes, un outil statistique peut créer des graphes de clusters des relations : il est facile de voir qu’une minorité fait systématiquement les mêmes gestes. Statistiquement, on verrait les mêmes membres voter pour les mêmes articles de façon répétée dans le temps.
Le graphe montrerait une excroissance où les usagers se retrouvent rattachés ensemble d’une façon trop rapprochée. Ces patterns sont détectables.
Digg.com dit vouloir sortir sa version 4 qui réglerait une partie du problème (il n’y aurait plus moyen d’enterrer (bury) un article). Attendons. Mais ils auraient pu être plus proactifs avant...
L’imputabilité du contenu généré par les utilisateurs
La différence entre une plateforme de réseau social et de une plateforme de vote, c’est l’imputabilité : sur Twitter ou Facebook, quand on publie quelque chose, c’est notre propre réseau qui le reçoit. On peut pousser tout ce que l’on veut, ce sont des membres (friends ou followers), qui sont consentants, qui reçoivent la nouvelle. Il n’y a pas moyen de frauder le système sans spammer son propre réseau —il n’y a aucun intérêt. L’intérêt, c’est de spammer les autres.
La différence ici tient au fait que sa propre communauté offre une certaine garantie de qualité. Les réseaux sociaux induisent une imputabilité de l’émetteur. Il est plutôt difficile de créer une désinformation de masse, car il faut suivre la personne pour recevoir ses messages. Et le fraudeur se ferait vite remarquer...
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