Facebook compte révolutionner le Web
La semaine dernière a eu lieu la conférence des développeurs indépendants Facebook F8. Une réunion au cours de laquelle Mark Zuckerberg, le jeune PDG du célèbre réseau social, a fait une série de déclarations sur les prochaines évolutions du site internet le plus visité au monde. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les innovations qui ont vu le jour sur Facebook ne laissent pas le Web insensible. A juste titre est-on tenté de dire, tant les annonces faîtes au cours de cette conférence risquent de changer la donne sur la Toile et faire du site le nouveau centre du Web.
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Un des reproches communément fait à Facebook, en plus de celui de ne pas suffisamment protéger les données privées de ses utilisateurs, est de garder le code du site secret. Or, c’est précisément cette approche que Facebook va changer en profondeur à-travers deux nouvelles technologies.
La première est l’apparition d’un bouton « J’aime » que les internautes pourront cliquer pour signifier qu’ils ont aimé tel ou tel contenu qui apparaîtra alors dans leur flux d’activité. Par exemple, si vous visitez un site relatif au cinéma et déclarez aimer le film « A toute épreuve » de John Woo, celui-ci sera automatiquement posté sur votre profil Facebook. Automatiquement, vos amis pourront voir quels sont les articles, films ou chansons que vous avez aimés. Mieux, grâce à l’Open Graph (voir ci-dessous), le film sera catalogué parmi vos films favoris. C’est une avancée remarquable vers un Web sémantique.
Une révolution ? Peut-être. Sans doute même. En tout cas, les sites du New York Times, de Dailymotion ou de Levi’s ont déjà ajouté ce bouton sur leurs sites. Et Mark Zuckerberg de prédire qu’on devrait atteindre le milliard d’icônes « J’aime » sur le Web.
Evidemment, cette annonce a été suivie par des critiques, certains internautes déclarant qu’ils ne souhaitent pas que l’on sache tout ce qu’ils aiment. Soit. Mais libre à eux de ne pas cliquer sur le « J’aime » en question. Après tout, c’est à chacun d’imposer ses propres limites sur ce que ses amis pourront savoir. Mark Zuckerberg n’oblige personne à utiliser cette nouveauté…
Deux commentaires semblent s’imposer, plus constructifs que cette critique somme toute banale lorsqu’il est question de Facebook et du respect de la vie privée.
Premièrement, nous l’avons évoqué, il s’agit à n’en pas douter d’un premier pas vers un Web sémantique. C’est-à-dire que le titre d’une chanson, d’un film, ou le nom d’un artiste ne sera plus seulement une suite de lettres. Les applications web vont désormais reconnaître ce dont il s’agit afin de les classer intelligemment sur votre profil Facebook.
Ensuite, il s’agit là d’un formidable outil marketing car il augmentera la visibilité des éditeurs de contenus sur le réseau Facebook. Le SMO (Social Media Optimization) est décidément en passe de prendre une place prépondérante dans le référencement d’un site internet. Au détriment du SEO (Search Engine Optimization) ? Personnellement je ne le crois pas. Les deux techniques me paraissent au contraire complémentaires.
La seconde innovation, et aussi la plus remarquable à long terme, est l’accès à l’Open Graph Protocol (OGP) qui permet d’améliorer les connexions entre les pages des membres de Facebook et les autres sites du Web. Il sera désormais possible de connaître les actions de ses amis Facebook sur un site tiers. Par exemple, quand vous visiterez un site partenaire en étant connecté à Facebook, vous verrez instantanément les sujets que vos amis ont partagés, recommandés ou commentés. De là à dire que le Web est en passe de devenir un immense réseau social dont Facebook serait le centre névralgique, il n’y a qu’un pas.
Le but de cette démarche est de créer un Web personnalisé, ce dont se félicite Mark Zuckerberg sur le blog de sa société : « La prochaine version de Facebook met les utilisateurs au centre du Web (et Facebook avec eux, NDLR). Si vous cliquez sur le bouton pour indiquer que vous aimez un groupe, quand vous visiterez un site de billetterie, ce-dernier pourra vous indiquer quand ce groupe sera en concert près de chez vous. Cela permettra de créer un Web plus personnalisé et qui s’améliorera à chaque action réalisée par les internautes ».
Ce système permet ainsi de cartographier non seulement les relations entre les personnes, mais aussi entre les sites internet. Contrairement à Google, Yahoo, Bing et aux autres moteurs de recherche, qui fonctionnent sur la base d’un algorithme élaboré par ces même sociétés, la technologie mise en place par Facebook se fonde sur l’intérêt manifesté par les internautes.
Par exemple, Mark Zuckerberg précise ainsi que « si vous êtes connecté à Facebook et allez sur Pandora pour la première fois (le moteur de recherche musical partenaire de Facebook, NDLR), il pourra jouer directement des titres de groupes que vous aimez ».
On comprend désormais la volonté de Facebook de changer ses conditions d’utilisation, notamment le fait que Facebook puisse rendre publiques les informations personnelles de ses utilisateurs. En effet, ce n’est ni plus ni moins ce dont il s’agit. D’ailleurs, si les partenaires de Facebook pouvaient jusqu’à présent conserver les informations sur l’utilisateur pendant seulement 24 heures, le réseau social va prochainement lever cette limitation.
On en revient donc, inlassablement, à cette accusation de Big Brother qui, plus que jamais, pèse sur le premier site du Web qui, fort de ces nouveautés, risque de le rester encore un moment. En se positionnant comme l’intermédiaire systématique entre les éditeurs de contenu et les internautes, Facebook consolide sa place d’acteur incontournable du Web.
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