Géolienne : l’énergie du futur sous nos pieds
Une curiosité de laboratoire va déboucher, près de vingt ans après sa découverte aux Etats-Unis, sur une nouvelle filière d’énergie parfaitement propre et renouvelable, grâce aux travaux de recherche menée au sein d’une Grande Ecole française.
Tout visiteur du Massachussets Institute of Technology, près de Boston (USA), peut contempler, au milieu d’impressionnants hologrammes, un curieux démonstrateur : il s’agit de la Machine with Concrete, inventée par Arthur Ganson et qui fonctionne là-bas en continu depuis... 1992.
Elle consiste en un petit moteur électrique, tournant à 212 tours/minute, relié à une succession de 12 paires d’engrenages, chaque étage divisant la vitesse de rotation par 50. La dernière paire d’engrenages est prise dans le béton (cf. photo ci-contre provenant du site d’Arthur Ganson) ce qui montre qu’on peut dissiper une énergie mécanique dans de la matière apparemment inerte. Une vidéo de ce prototype est disponible ici.
De même que l’ingénieur Diesel inventa son moteur éponyme à partir d’une curiosité de laboratoire - un briquet qui s’allumait par compression d’air - des chercheurs de l’Ecole de Géologie de Nancy ont eu l’idée géniale d’inverser le processus : en enterrant une roue dans le sous-sol et grâce à une boîte de vitesses adaptée, ils pensent pouvoir ainsi récupérer l’énergie provenant des mouvements de l’écorce terrestre pour fabriquer de l’électricité.
Cette "géolienne" - c’est ainsi qu’ils dénomment l’objet de leurs ardentes recherches - pourrait être déployée partout dans le monde : son rendement serait bien entendu meilleur sur les plaques en fort mouvement, mais même des plaques quasi-immobiles, comme celle sur laquelle nous sommes en Europe, auraient une vitesse de déplacement suffisante pour produire, 24 heures sur 24, une énergie propre, gratuite à l’usage et infinie. On pourrait même envisager une cogénération inversée, en couplant une géolienne à un échangeur géothermique.
Les premiers chiffrages, tenant compte de la mise au point des systèmes électromécaniques et des frais de forage, donnent une estimation du prix du kWh intermédiaire entre celui d’origine nucléaire et celui issu de panneaux photovoltaïques de la génération actuelle. Ces prix élevés s’expliquent principalement par le coût prohibitif des forages, car ils font appel aux mêmes équipements et aux mêmes spécialistes que les forages pétroliers et gaziers. On peut néanmoins espérer que le ralentissement récent des investissements en exploration-production pétrolière provoqué par la crise économique actuelle réduira la pression sur la demande en services parapétroliers et ramènera rapidement ces postes de dépenses à des montants plus raisonnables.
A titre expérimental, la région Lorraine est prête à financer une ferme géolienne d’une dizaine de générateurs : "cela permettrait à la Région de reprendre contact avec son sous-sol, dont la valorisation a cessé avec la fermeture de la dernière mine de charbon" souligne le porte-parole du Conseil Régional : c’était à Creutzwald, en avril 2004...
Des investisseurs californiens sont déjà sur les rangs pour racheter les brevets déposés : ils estiment en effet que le potentiel de leur Etat est remarquable, du fait de son exceptionnelle activité géophysique, stigmatisée par la célèbre faille de San Andreas.
On a souligné récemment l’importance de la tectonique dans les catastrophes majeures qui frappent régulièrement l’humanité. Il est heureux qu’on arrive enfin à découvrir comment utiliser cette fabuleuse énergie à des fins pacifiques.
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