Google : le monde est un jeu
Google a développé un jeu en ligne basé sur la géolocalisation et dont le terrain de jeu est le monde réel. Les différents intervenants se disputent la victoire via leurs téléphones intelligents. Un pas de plus pour le géant de l’internet, qui ouvre de nouvelles perspectives dans l’univers du multimédia et de la réalité augmentée.
Ingress, c’est le nom du nouveau jeu massivement multijoueur développé par Niantic, une filiale de Google. Révélé au Comic-Con en 2012, le jeu est encore en phase de test et sa participation n’est possible que sur sélection. Cependant, le produit est progressivement en train de s’ouvrir au grand public. Bienvenue dans un jeu à réalité augmentée où la planète terre est désormais le champ de bataille, un monde en proie à une lutte féroce entre deux clans qui se disputent la félicité humaine. Pénétrer Ingress, c’est accepter le slogan du jeu, que « le monde autour de vous n’est pas ce qu’il semble ».
Un jeu d’apparence assez classique
Ingress est un jeu destiné aux téléphones portables. Fondamentalement, la recette ne diffère pas des jeux habituels pratiqués en réseau : deux équipes s’affrontent pour le contrôle d’un territoire, et ce en conquérant des lieux. La trame de fond de l’univers du jeu est la suivante : suite à une expérience au CERN, la terre a été parsemée de matière exotique, de la XM (Exotic Matter). Cette matière, ou énergie, semble avoir un impact certain sur la pensée et le comportement humain. Elle aurait été distribuée sur terre par une race extraterrestre, les Shapers. Les humains se scindent alors en deux factions : les Illuminés, qui pensent que la XM est une matière qui œuvre pour le bien et le développement de l’homme, et les Résistants, qui voient en la XM une source de maux pour le génétisme de l’humanité. Le but du jeu est ensuite de créer et surtout de posséder des portails, seules entités capables de maitriser la XM. De surcroit, ces portails se connectent entre eux, et forment le territoire conquis par les différents clans.
Un jeu grand comme la planète terre
En résumé, un capture the flag (capturez le drapeau) assez classique, dont le concept a déjà prouvé son efficacité dans d’autres produits informatiques à succès. La particularité d’Ingress, c’est le terrain de jeu : c’est le monde réel qui sert de plateau de jeu, qui en est la composante première. Ainsi, ce sont les lieux qui vous entourent qui sont disputés via le jeu Ingress, et ce grâce à la géolocalisation par téléphone portable. Prenons un exemple : le Musée de Louvres est assailli par sa cohorte de visiteurs habituels. Au milieu de cette foule, une personne pianote sur son téléphone de deuxième génération. Un texto ? Recherche d’une information ? Un appel ? Non, cet illustre inconnu, un illuminé, est en train de participer à la recharge du portail du Louvres, lieu stratégique pour contrôler les portails environnants. Il constate alors que le portail de Notre-Dame est assailli par des résistants. La visite du musée attendra ! Le voilà qui file en direction de Notre-Dame pour contrer l’attaque des résidants. Il espère également avoir du renfort, et prévient deux de ses amis… La guerre est déclarée. Sauf que cette guerre n’est pas réservée aux mégapoles. Le terrain de jeu est la terre, des portails sont présents sur l’ensemble de la planète, dans les villes, comme en campagne. Si d’autres jeux en réseau étaient parvenus à présenter des mondes virtuels d’excellentes factures, Ingress est le premier à faire du monde réel un terrain de jeu.
Un marketing en or
Le jeu a d’abord été testé au sein de la firme de Moutain View. Seuls les employés de Google pouvaient y participer. Après une première phase de test concluante, Google a décidé d’élargir la population des joueurs en proposant son jeu à un public plus large, mais un public sélectionné sur inscription, une beta fermée. En assurant un développement lent et travaillé, une ouverture progressive du jeu au grand public ainsi qu’une présentation à certains salons clés, les développeurs d’Ingress ont réussi un coup de marketing viral savamment orchestré. Mais au-delà de l’aspect commercial travaillé avec brio, Google est en train de développer un jeu au cœur de l’informatique ubiquitaire, et l’outil de travail ou de jeu qu’est ici le téléphone intelligent se fond totalement dans l’expérience du jeu. Bref, vous ne jouez plus à un jeu, vous faites le jeu.
La réalité augmentée
Le potentiel de cette nouvelle interactivité est énorme. Elle révolutionne deux aspects : d’abord, le côté social du jeu en réseau que Google est totalement en train de bouleverser. Si l’écran du téléphone portable fait office d’instrument d’interaction dans cette aventure, c’est bel et bien la personne en chaire et en os qui si déplace pour défendre son territoire. Impossible de se “cacher” derrière l’écran. Il faut faire face à ses opposants. Le déplacement est réel. L’aspect social est favorisé, le mouvement physique est adroitement associé au gameplay. Ensuite, la collecte de données que Google peut associer à l'utilisation de ce jeu est gigantesque : non seulement les utilisateurs peuvent y insérer des photos, mais leurs déplacements est suivi et enregistré. Il est dès lors possible d’imaginer que l’application propose une activité sur le chemin : une action en cours dans un magasin proche, une activité culturelle, etc… et ce bien sûr suivant les affinités de l’utilisateur. Ainsi, le concept d’interactivité que propose Ingress ne se limite pas au jeu informatique, et pourrait être appliqué à des fins touristiques, commerciales ou encore sportives.
Ingress est encore en phase de test. Mais l’engouement pour cette nouvelle forme de jeu est perceptible. Les premiers échos des joueurs sont excellents, même si beaucoup regrettent son ouverture progressive au grand public. De plus, il est à noter qu’Ingress ne fonctionne qu’avec le système d’exploitation Android (un système d’exploitation pour téléphones portables développé par Google). Aucune version pour l’iPhone n’est pour l’instant prévue.
Le monde de demain
Voilà plusieurs années que Google est en train de se pencher sur des applications à réalité augmentée. L’interaction est destinée à évoluer, et la dernière décennie nous a présenté les objets qui risquent bien de bouleverser notre rapport au réel. Après les Google glasses, la firme de Mountain View met un pas de plus dans la réalité augmentée. Et, au-delà du jeu, la lutte entre les différents développeurs est bien réelle.
Crédits photos : Ingress/Google
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