Google, une suprématie menacée ?
Depuis plus de quatre ans, Google règne en maître sur l’univers des moteurs de recherche grâce à son fameux PageRank permettant de calculer la popularité en fonction des liens pointant vers les sites. Mais 2007 pourrait bien être l’année des moteurs de troisième génération bousculant de fait le géant Google. Zoom sur les différents prétendants...
Wikiasari : le moteur communautaire
Le 18 décembre dernier, Jimmy Wales, co-fondateur de Wikipedia, a annoncé le lancement pour le premier trimestre 2007 de Wikiasari, un moteur de recherche basé sur la technologie de la plus grande encyclopédie en ligne.
Le but de ce moteur est de pouvoir garantir la pertinence des résultats
en déléguant celle-ci aux utilisateurs et non à un nombre de liens,
système que les firmes et les spammers ont vite fait de biaiser.
Le modèle est donc le même que celui de Wikipedia, dans le sens où une
communauté d’individus est chargée d’évaluer la qualité des résultats
correspondant à une requête.
Jimmy Wales désire ainsi rendre le Web plus humain, partant du principe
que les robots sont incapables d’évaluer correctement la pertinence
d’un lien.
Il n’est pas possible aujourd’hui de dire si ce projet réussira, mais
Jimmy Wales peut compter sur sa notoriété ainsi que sur les soutiens
financiers d’Amazon et de Bessemer Venture Partners.
Wikipedia bénéficie aujourd’hui d’une réelle notoriété et s’inscrit
pleinement dans la logique du Web 2.0, c’est-à-dire du Web dans lequel le
contenu est généré par les utilisateurs.
L’Europe fidèle à elle-même
Décidément, dès qu’il s’agit de participer à un projet commun, l’Europe perd ses moyen, faisant ainsi le bonheur des Américains !
Annoncé en janvier 2006 comme un projet franco-allemand capable de concurrencer les plus grands moteurs de recherche, Quaero est devenu il y a peu franco-français.
L’Allemagne a en effet préféré se concentrer sur son propre outil de
recherche, Theseus, dévolu au Web sémantique. Quaero perd donc le
soutien de SAP, Siemens ou encore Bertelsmann. Seul Thomson et Exalead font encore partie de l’aventure, l’Agence pour l’innovation industrielle soutenant le projet à hauteur de 250 millions d’euros.
Et même si les protagonistes assurent que Quaero et Theseus seront
complémentaires et non concurrents, il y a des raisons de douter...
De leur côté, les Norvégiens se dotent d’un centre de recherche financé par le gouvernement norvégien en créant le réseau IAD (Information Access Disruptions) dirigé par la société Fast (déjà créatrice de All The Web
rachetée par Yahoo !). Ce programme s’appuie sur un réseau commercial
international et sur des universités norvégiennes, irlandaises et
américaines. Bref, ce projet est à surveiller de près, tant la synergie
entre les différents acteurs est forte, et les initiatives, intéressantes.
Ce qui est désopilant avec les Européens, c’est qu’ils préfèrent
véritablement se bouffer entre eux plutôt que de s’attaquer au réel
adversaire. Comme quoi, les Européens doivent avoir du goût...
Powerset, un sérieux challenger
Fondé par un ancien ingénieur de la Nasa, Barney Pell, ce moteur de recherche d’un nouveau genre semble être capable de comprendre le langage humain et ses subtilités. Powerset vient de lever 12 millions de dollars pour son développement. Les premiers tests impressionnent, la pertinence des résultats étant bien plus grande que celle de Google. Un projet à surveiller de près...
Les outsiders
D’autres acteurs tentent de se faire une place au sein de ces fameux
“moteurs troisième génération”. On peut citer, entre autres, Megaglobe,
dont l’innovation première réside dans la lutte contre la fraude au click. Le moteur a fait l’objet de nombreuses polémiques concernant sa légitimité (voir l’excellente analyse de Julie Hetu travaillant avec Megaglobe).
On peut également souligner la créativité de Lexxe, un moteur australien qui fonctionne par questions / réponses.
A une question posée, le moteur répond Yes, No ou I’m not sure et
associe un certain nombre de liens censés prendre en compte votre
demande.
Il y a aussi le projet “mondialiste Accoona”. Mondialiste
car la marque est africaine (mais si, souvenez-vous Hakuna Matata...),
les capitaux sont chinois et russes, et les projets de recherche,
américains. Difficile de dire exactement ce que vaut ce moteur qui a
été lancé récemment en Europe. Mais des doutes subsistent quand à sa complexité d’utilisation et à son modèle économique basé sur le pay per lead.
La composante humaine, ou comment Google prend peur
L’enjeu de 2007 devrait être la pertinence des résultats affichés lors
d’une requête. Il semble nécessaire d’ajouter une composante humaine,
les robots, aussi puissants soient-ils, n’étant pas encore capables
d’appréhender les subtilités du langage et du sens.
La technologie de Google ne serait donc plus la meilleure. C’est peut-être cette peur qui conduit Google à s’aventurer dans de nombreux domaines pour devenir indispensable, et donc contrer ses opposants.
Certes, Google a récemment lancé Searchmash
afin de permettre aux internautes d’évaluer la pertinence des liens
présentés. Mais cela sera-t-il suffisant face aux initiatives de
Wikiasari et de Powerset, par exemple ?
Alors que Google régnait en maître incontesté depuis plus de quatre ans,
nous sommes peut-être sur le point d’assister à une révolution dans le
monde de la recherche Web. Google pourrait-il donc être détrôné ?
Youri Regnier
Googlinside
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