Informatique pas grand public
L’informatique grand public reste d’une utilisation assez laborieuse et complexe. Espérons que cela soit seulement l’effet de sa jeunesse.

Depuis un peu plus de 20 ans que les ordinateurs ont fait irruption dans notre vie, je reste étonné par notre grande tolérance aux problèmes, plantages, erreurs fatales et autres bugs. Pas un jour, que ce soit au travail ou à domicile, sans qu’une application ne se ferme intempestivement, sans qu’un programme ne réponde plus, sans que la mise en route de notre ordinateur ne prenne un temps fou, et que nos cheveux ne deviennent gris. Nous sommes vraiment patients.
A ce titre, la comparaison avec deux symboles des précédentes révolutions des technologies de communication, la voiture et la télévision, sont très défavorables. Notre voiture, que nous utilisons aussi tous les jours, se retrouve grosso modo une fois par an au garage pour un problème, et avec nos TV, il arrive qu’aucun pépin ne survienne pendant les 7 ans de durée de vie de ce produit domestique. D’ailleurs, imagine-t-on une TV s’arrêtant au milieu de notre programme favori (« désolé, vous ne saurez pas si Norman Bates est le coupable »), nous obligeant à la rallumer ? Non, bien sûr, mais nous l’acceptons tous les jours pour notre PC.
Cela ne serait pas si grave, si on avait le sentiment que les choses progressaient, mais une récente expérience personnelle tend à me montrer le contraire. Je ne suis pas un « geek » ou autre « nerd », mais à force de familiarité avec mon écran et ma souris, je sais vaguement me débrouiller avec mon PC. Or voilà que mon fidèle disque dur (PC grand public de marque, acheté il y a trois ans), donne des signes de grande fatigue. Après de très nombreux efforts, et quelques heures à pester (et que j’essaie le mode sans échec, les restaurations...) je réussis tant bien que mal à copier mes données et mes fichiers importants, avant que le disque ne s’éteigne définitivement de sa belle mort (« requiat in pace »).
Logiquement, je ne vais pas racheter un PC complet, économie oblige, et décide simplement de changer le disque, confiant que je suis en mes possibilités et en l’industrie informatique. J’achète donc ledit disque dur (grande marque, je ne veux pas de risques inutiles) chez un distributeur spécialisé. Première mauvaise surprise, dans la notice, rien ne prévoit vraiment un cas de remplacement. Oh, je trouve plein de choses sur les disques maître et esclave, les empilements de disques, mais rien sur l’installation d’un disque dur principal de base, tout simple, pour les types normaux. Je finis par me débrouiller, tant bien que mal, pour installer physiquement le disque (conseil : prévoir un aspirateur, déconseillé aux allergiques), avant de passer à l’installation soft. Là encore, rien n’est clair, et il faut que je ruse pour trouver enfin comment installer le disque et booter mon PC. Ouf, première étape franchie (2h chrono, 2 CD, un sac d’aspirateur).
Je passe donc à la deuxième étape : réinstallation complète de mon système d’exploitation, celui que 90% de la population mondiale utilise (40mn, 1 CD). Évidemment, mes CD ne sont plus à jour, et il faudra ultérieurement que je charge les fameuses « update » sur Internet. En attendant, ça se passe plutôt bien. Maintenant, au tour de la suite bureautique. Là aussi, pas trop mal (30 mn, 2 CD).
Maintenant, il me faut une connexion Internet. J’utilise le vieux kit de démarrage fourni par mon ISP : ça ne marche pas, malgré de très nombreuses tentatives. Quelques coups de fil au support, évidemment sur un numéro surtaxé, et on m’envoie un nouveau CD, car apparemment il me faut de nouveaux pilotes. Deux jours seulement d’attente, je suis chanceux, La Poste a fait vite, consciente de mon malheur. Le nouveau kit arrive ; hourra (je n’ai pas vraiment dit ça mais tout comme), ça marche, après quelques hésitations (1 CD, 1h). J’ai une connexion Internet haut débit.
Il me faut maintenant installer d’urgence un antivirus... Pendant l’installation (1CD, 1h), le logiciel doit se mettre à jour avec les définitions de virus ; en attendant, ils attaquent sans attendre, et j’assiste dans l’angoisse (la phrase « alerte de propagation » clignote en permanence devant mes yeux fatigués) à la féroce bataille entre la mise à jour du logiciel et les vers et autres chevaux de Troie. Apparemment, ça finit par passer. Je fais une petite prière, et vais me coucher.
Mais on ne se décourage pas, et il est temps de mettre à jour mon système d’exploitation, et ma suite bureautique. Heureusement, je suis en haut débit, ça ne prend qu’une grosse heure... et trois ou quatre redémarrages (« pour mettre à jour votre ordinateur vous devez redémarrer MAINTENANT »)
Évidemment, tout ça n’est pas fini : il faut installer l’imprimante (2 CD, 20mn), les logiciels photo (2 CD, 30 mn), mon logiciel de gestion de musique (1 CD, 40 mn), configurer mes messageries (1h tendant vers les 90mn), copier tous mes anciens fichiers sauvegardés sur CD (une bonne heure et demie) etc.
Au final, je dirais au minimum une douzaine d’heures d’efforts, plusieurs jours d’attente, une dizaine de CD utilisés, pour avoir un système qui fonctionne. Je dis bien qui fonctionne, et non pas qui fonctionne bien. Et comme je le rappelais, j’estime être sans doute plus à l’aise avec ces outils qu’une grande partie de la population.
Alors, je me prends à rêver d’un vrai service : un petit disque dur externe, ou une grosse clé USB sur laquelle tous les logiciels utiles sont chargés, configurés, et où tout marche du premier coup. En somme, un service grand public, pas plus pas moins.
PS : je sais, je sais, on peut passer sur Linux ou autres logiciels libres, mais en l’état actuel 90% des gens utilisent les solutions du géant de Redmond, et quand toutes vos données accumulées depuis 10 ans utilisent ses solutions, on n’a pas vraiment le choix.
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