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Internet a tué la TV, puis l’a ressuscitée

Avec l’iPad, Apple affirmait révolutionner l’informatique. Avec la GoogleTV, ses concepteurs entendent faire renaître la télévision.

Soyons clairs, la télévision comme nous l’avons connue enfants, ces matinées complètes d’inaction en pyjama, par terre sur la moquette du salon, les yeux fixés sur le cathodique, à profiter de 10 minutes de cartoons, puis 3 minutes de pubs pour Playmobil, Poly Pocket, à nouveau dix minutes de programmes, et surtout une télécommande à seulement dix chiffres effacés par les milliers de pressions de nos doigts gras chocolatés, cette télévision là est à l’agonie. Aujourd’hui, jeunes comme vieux, qui avons goûté à la profusion à volonté sur Internet, ne pouvons supporter l’antique système d’une programmation télévisuelle immuable, réglant notre quotidien. Alors que sur le web chaque vidéo, chaque musique, chaque film est à portée de clic, gratuitement et à l’heure où on le souhaite – en s’affranchissant néanmoins de la législation –, il est inconcevable de ne plus se sentir le maître absolu de nos divertissements. Bref, fini le dessert avalé en quelques secondes pour être à 20h50 devant le moins pire des sept films hertziens diffusés ce soir.

Internet a tué la TV, j’en veux pour preuve la peine qu’a cette dernière pour raccrocher son public, qui transforme son mythique zapping TV en concentré du buzz de la toile ; on parle bien moins de ce qui s’est passé la veille sur le plateau d’untel que de la dernière vidéo de Rémi Gaillard, du dernier détournement de Mozinor.

Comment dès lors raccrocher le public du petit écran ? Les fournisseurs d’accès internet ont bien développé leurs BOX pour s’adapter à nos exigences de maîtres du temps, en nous permettant de faire pause, de pré-enregistrer nos programmes. Apple a ajouté son grain de sel, avec son service de VOD (Video On Demand), dans une mini box, rapidement oublié car absorbé par les mêmes fournisseurs d’accès, qui ont vite compris l’intérêt d’ajouter ce service dans leur boite de Pandore.

Puis en parallèle est arrivé l’iPad, certain de son pouvoir de révolutionnaire du net. Mais pour le moment ils n’ont réussi qu’une chose : démocratiser notre rapport au web, à savoir une simple consommation passive et massive de contenus multimédias, axée sur une dizaine de sites « magnats » : Youtube pour les vidéos, Deezer pour la musique, un grand site d’info, Amazon ou eBay pour la conso à l’ancienne, Facebook ou Twitter pour les réseaux sociaux, Wikipedia pour la culture, Flickr pour les photos et enfin une boite mail pour les newsletters (et les proches un peu des fois). Rien de plus ! Ainsi, petit à petit, l’Internet comme nous l’avons aussi connu, celui d’il y a seulement 3 ans, celui de la création partagée, des milliers de rapports différents au net, est en train de mourir aussi. On est passé à une consommation massive, standardisée.

GoogleTV, enfin la solution transitoire ?

Hier Google a dévoilé en détails les spécificités de son dernier projet : la GoogleTV, un boitier joignant à la fois culture télévisuelle et culture web. Paradoxalement, c’est un des principaux acteurs de la dégénérescence du petit écran qui s’attèle à sa renaissance, en y apportant sa patte. En effet, on y retrouve clairement les conception idéologiques propres à Google et à toute autre ancienne startup numérique californienne : devenir un compagnon indispensable, omniprésent dans notre quotidien, mais ce de manière quasi invisible, agissant en arrière plan.

Pour schématiser, GoogleTV = Box TV + iPad. Le PC de bureau a migré vers notre écran télévisuel géant, et la télécommande, comme par une poussée acnéique, a vu ses boutons décuplés, est devenue un clavier. Côté technique, Google s’est associé à Logitech et Sony. A l’instar d’Android, ils n’ont pas touché au hardware, mais conçu le programme logiciel, l’environnement graphique affiché sur notre télé. Il s’agit d’un MédiaCenter aux apparences classiques. Jusque là, rien de bien révolutionnaire. On retrouve les options proposées dans les box : le bouquet télévisuel classique, la bibliothèque de programmes enregistrés, et un service de VOD, cette fois enrichi de TOUS les replays de series télé, en partenariat avec les productions américaines, dans le but de freiner le streaming illégal. Et surtout la GoogleTV propose un accès à internet, optimisé pour une utilisation « canapé », calqué sur l’iPhone ou l’iPad, avec aussi des applications à télécharger. Tout ça en continuant évidemment à regarder la télévision, affiché en bas à droite de l’écran dans un petit encart.

Enfin, il faut noter, chose inédite dans une box, la présence d’un moteur de recherche - l’origine de Google ne l’oublions pas - permettant d’accéder à la fois aux programmes stockés localement, mais aussi au net. Les plus geeks pourront par ailleurs utiliser leur smartphone comme télécommande, histoire d’être réellement full wired.

http://img685.imageshack.us/img685/1702/captureyk.png

Avant sa sortie, il est impossible de savoir si la GoogleTV révolutionnera réellement ou non la télévision, la ramenant à son statut déchu de centre de la maison. Annoncée aux USA pour 300 $, pas encore prévue pour les autres pays, elle reste tout de même destinée à un public formé (pour ne pas dire formaté) aux usages numériques, et il est certain que dans un contexte où toute une génération peine encore (en France) à passer à la TNT, une tranche importante des téléspectateurs se campera à une conception déjà dépassée de la télévision. Mais la nouvelle génération, celle de la GoogleTV, consommant de manière exigeante mais décuplée, sera-t-elle moins soumise que l’ancienne, plus passive et convertie aux messages, discours qui y sont diffusés ? Il est loin d’en être certain...

 

(publié également sur le Magazine Rubikon)


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