Peu habitués à travailler ensemble, chacun y va de son annonce en vantant les mérites de l’écosystème qu’il promeut,
tout en oubliant à chaque fois... l’utilisateur final. Pourtant, il suffit de lire les commentaires sur l’AppStore ou l’Androïd Market pour se rendre compte que les utilisateurs grognent et ne sont pas non plus les derniers des imbéciles.
La RATP, dont nous avions parlé
ici, marque un pas de plus vers cette fragmentation de l’offre, en déployant à grande échelle le Flashcode sur les arrêts de bus de la capitale. La solution franco-française de code 2D est bien évidemment unique au monde. Elle ne permettra ni aux étrangers de lire des codes 2D, ni aux français de lire des codes 2D à l’étranger.
Avec plus de 20 000 flashcodes déployés, c’est désormais l’ensemble des 11 000 points d’arrêt des réseaux de surface de la RATP, 350 lignes de bus et 3 lignes de tramway, qui disposent d’une information voyageurs en temps réel, incluant notamment tous les points d’arrêt déplacés pour raison de travaux.
Petite mise en situation avec Gustave
La semaine dernière, l’ordinateur personnel de Gustave est mort. Ce serait sa carte mère, c’est en tout cas ce que lui a dit Arnaud, l’informaticien de la société dans laquelle il travaille.
- Ton ordi s’est éteint d’un coup, impossible de le rallumer et une vague odeur de brûlé ? Ah, ça doit être ta carte mère. Je te conseille d’en acheter une autre, d’ailleurs, tu devrais attendre la DFI pour processeurs sur socket LGA 775 qui embarque une solution ION sur le même PCB !! Elle est géniale
- ??? Ok, merci pour ton conseil super éclairant, j’irai regarder sur Internet (au bureau donc, puisque chez lui, Gustave n’a plus d’ordinateur).
Après s’être baladé sur la Toile, (la carte mère dont lui parlait Arnaud coute quand même 350 €) Gustave pensait plus à changer d’ordinateur, avec un nouvel écran plus grand que son vieux 17 pouces ; d’autant plus que ce samedi matin, il a récupéré dans sa boîte au lettre le dernier catalogue de Carrefour et que l’un des modèles a particulièrement retenu son attention :
A côté de l’ordinateur, Gustave a remarqué un drôle de pictogramme en noir et blanc, un code 2D. Intrigué, il est allé en page 2 et voici ce qu’il a pu lire :
Gustave était plutôt content parce que justement, n’ayant plus d’ordinateur chez lui, il ne pouvait pas vraiment avoir un peu plus d’information sur cet ordinateur, comme il l’aurait habituellement fait sur Internet avant un gros achat.
Coup de bol, Gustave a un Nokia N95, dont il n’est plus aussi fier depuis que l’Iphone est sorti, mais dont le mérite est de pouvoir facilement se connecter à Internet. Après avoir installé le logiciel "CodeOneLine" et parcouru la fiche de l’ordinateur, Gustave s’est décidé, il va l’acheter et même... tout de suite.
Sortant de chez lui, Gustave a décidé de prendre le bus et là, surprise, que voit-il à côté du plan ?? Un autre code 2D !
Fier comme un geek, Gustave sort son Nokia N95 de la poche, retrouve l’application "CodeOnLine", pointe la caméra vers le code 2D et là... rien.
Et puis en regardant de plus près, Gustave se rend compte que la RATP lui propose aussi de télécharger un autre logiciel pour lire ses codes 2D qui ne s’appelle pas CodeOnLine mais Flashcode. Ah bon...
Qu’à cela ne tienne, Gustave a horreur de rester sur un échec. Il envoie donc "Flashcode" au 30130 et reçoit effectivement un lien lui permettant de télécharger un autre logiciel de lecture de code 2D. Mais le bus arrivant, Gustave n’aura même pas eu le temps d’accéder aux informations voyageur en temps réel.
Arrivé chez Carrefour, Gustave se dirige tout droit vers le rayon informatique, passe commande et choisit de se faire livrer l’ordinateur chez lui, la boîte étant un peu trop grande pour qu’il puisse la porter tout seul. (Je ne sais pas si c’est possible, mais bon...). Après avoir poireauter pendant près d’1/2 heure le temps de remplir les papiers, choisir l’extension de garantie, donner son adresse, il était temps de rentrer chez soi.
En sortant de l’hypermarché, Gustave se rend compte qu’il pleut des cordes. Et comme tout le monde sait, lorsqu’il pleut des cordes, les gens conduisent n’
importe comment. Gustave décide donc de prendre le métro pour rentrer chez lui.
Il a de la chance, il n’y a pas trop de monde dans son wagon pour un samedi ; ses yeux parcourant machinalement les quelques publicités sans même les regarder, quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il en voit une avec... devinez quoi ? Un code 2D.
Curieux comme il est, Gustave sort son téléphone, choisit l’application Flashcode, pointe la caméra vers le code 2D et là...
Ne s’avouant pas vaincu, Gustave choisit alors l’application "CodeOnLine" mais rien n’y fait, l’application n’arrive pas à décoder le code 2D.
La publicité lui propose de taper l’URL d’un site sur son téléphone pour récupérer un logiciel de code-barre. Un peu las, Gustave tape donc l’adresse en question et récupère le troisième logiciel de lecture de code 2D de sa journée,
Lynkee !
Depuis, lorsque Gustave croise un code 2D, il n’essaye plus de le scanner parce qu’une fois sur trois cela ne marche pas et qu’il en a marre de devoir essayer toutes les applications avant de tomber sur la bonne. Hier, il a même vu un copain d’Arnaud (l’informaticien de sa société) portant un T Shirt avec une autre sorte de code 2D, cette fois en couleur... mais il n’a pas essayé de sortir son téléphone pour scanner le code. Quelque part, il savait déjà que cela n’allait pas marcher (et il n’avait pas tort).
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Comme je le disais en début de billet, les acteurs se positionnant autour des codes 2D sont les industriels avec le GS1, les opérateurs de télécommunication, et les acteurs du Web et de l’Internet.
En réalité, il s’agit avant tout pour chacun de se positionner sur la "chaîne de valeur" des codes 2D qui ne se limite pas au code-barre en lui-même. Parler de code 2D, c’est avant tout parler d’un système d’identification automatique dont le propre est d’établir une "communication numérique" entre un émetteur (un code-barre) et un récepteur (en l’occurrence un téléphone) via un système d’information (réseau + base de donnée).
Le seul écosystème qui place l’utilisateur au centre du système est, vous l’aurez deviné, celui des acteurs du web et de l’Internet ; les technologies sont libres, des logiciels open source existent pour les développeurs, les codes sont librement utilisables par qui le veut, le langage utilisé pour écrire les données dans le code s’appuie sur les standards de l’Internet, la valeur n’est pas créé sur la technique (péage) mais sur les services (innovation).
Mais c’est une toute autre culture que les opérateurs de télcos et l’industrie n’arrivent pas (encore ?) à appréhender. Placer l’utilisateur au centre du système ne veut pas dire lui distribuer un logiciel de lecture de code 2D gratuit et encore moins publier des spécifications pour que les développeurs intègrent du Flashcode dans leur projets.
En attendant, vous pouvez être sûr que Gustave ne testera pas de si tôt la lecture de code 2D...