La publicité ou l’épine dorsale des pirates du web
Tandis que l’économie du partage est une fantasmagorie malicieusement instrumentalisée par quelques contrebandiers du numérique, la spoliation des artistes continue d’interroger sur le financement de la culture. A l’abordage de nos écrans, les « galaxies warez » armées d’outils comme le streaming illégal et le direct download, viennent piller les ressources publicitaires. Pour venir décrypter les menaces qui pèsent sur les internautes amateurs de culture, Olivier Babeau (Université Paris 8), et Eric Walter (Hadopi), nous expliquent les modes opératoires de ces nouveaux flibustiers qui surfent sur l’absence de règles sur la toile pour s’enrichir…
La France un pays riche de culture…
Selon les chiffres clés 2014 des statistiques de la culture, édités par la rue de Valois, « la France est riche d’une offre culturelle multiple et variée ». Une affirmation que ne sera pas démentie par ERICarts, l’institut de recherche comparative sur la culture du Conseil de l’Europe. Son système d’information et de suivi des politiques et tendances culturelles précise par ailleurs que cet environnement culturel était financé à 51% par le gouvernement en 2002, en précisant que le taux de pénétration de l’Internet (ou le taux d’équipement de la population) s’élevait à 80% en 2012.
Le numérique bouleverse le financement de la culture
Cette dernière donnée est capitale pour comprendre les difficultés actuelles du marché de la culture. Olivier Babeau, chercheur sur l’économie culturelle à l’Université Paris 8 résume ainsi la crise du système de financement de la culture : « La révolution numérique est en train de bouleverser profondément les anciens équilibres. En substance, dans le cas précis du cinéma, le problème est le suivant : les films sont de moins en moins attractifs et donc rentables en termes publicitaires pour les chaînes de télévision traditionnelles. En conséquence, ces dernières commencent à renâcler à financer ces contenus. Or la télévision est encore aujourd’hui le principal financeur du cinéma. Il faut donc trouver de nouvelles sources de financement pour alimenter le système »… La mission Lescure préconisait notamment d’instaurer une taxe sur les objets connectés et de repenser la contribution des opérateurs de télécommunications.
Internet, un espace de lutte pour les recettes publicitaires
Dans la dernière étude de PwC pour le syndicat des Régies de l’Internet, on apprenait que la publicité en ligne est « l'unique segment en hausse dans un marché publicitaire globalement en baisse ». Selon les chiffres énoncés par le Ministère de la Culture pour 2012, les revenus publicitaires d’internet se chiffreraient à 616 millions d’euros, contre 3494 pour la presse écrite, et 3496 pour la télévision. Une somme importante mais qui reste relativement faible, c’est pourquoi la HADOPI à décidé de renforcer les sanctions contre la captation des ressources publicitaires par des sites qui « qui déguisent des pratiques condamnables en pseudo partage ».
Eric Walter s’attaque au streaming illégal et au direct download
Dans une interview accordée à Numerama, le secrétaire général de la HADOPI Eric Walter explique la décision annoncée la semaine dernière par la Haute Autorité de défense des Œuvres et de la Propriété Intellectuelle de lutter contre le streaming illégal et le direct download. Dans sa ligne de mire, les businessmen comme Kim Dotcom qui se présentent comme des justiciers et des défenseurs des internautes alors qu’ils ne font que profiter d’une absence de régulation de l’internet mondialisé. En effet, s’il considère « qu’on peut se poser la question du partage désintéressé, (…) lorsqu’il s’agit de se faire de l’argent en abusant de la naïveté des uns, des œuvres des autres, ce n’est pas acceptable »…
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON