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Le jour où la science pensera la nature

 

Une nuit, un rêve étrange. Je voyais un artiste peintre placer des touches de peinture sur une toile quadrillée. A côté, je voyais un organisme vivant qui lui aussi, plaçait dans une trame des cellules différenciées. Chaque chose occupe une place, que ce soit un trait de pinceau sur un tableau, une note de musique sur la partition ou une cellule vivante sur… eh bien pour l’instant, il n’y a pas de vision de ce que pourrait être la trame, ni d’ailleurs le signe d’un éventuel peintre ou compositeur logé dans le système vivant. Jadis, les alchimistes de la Renaissance et même un Spinoza évoquaient une nature naturante et une nature naturée. Autrement dit, le peintre et sa toile. Vision onirique, vaine spéculation ou bien don de double vue ? Telle est l’interrogation livrée par ces penseurs d’un autre âge ou l’on pouvait encore s’émerveiller de la magie des êtres animés. Avant que la science ne livre son cortège de visions mécanistes et quelque peu desséchées, attribuant la paternité du vivant à un joueur de dés moléculaires au lieu d’un peintre naturaliste logé dans les mailles du champ transcendantal sous-jacent aux processus moléculaires et cellulaires.
 
Un peintre met des touches successives, la toile se précise. Parfois, le peintre se sert d’improvisations, dessinant quelques formes au gré du hasard, ensuite, une vision d’ensemble converge dans son esprit et la toile n’a plus qu’à s’achever avec des coups de pinceau jetés spontanément sur la toile et dont la juxtaposition vient compléter l’œuvre dont le codage semble bel et bien pixélisé dans les réseaux neuronaux de l’artiste.
 
La nature en soi est un peu ce peintre transcendantal qui crée une figure en fonction des coups du hasard. Et qui mémorise les figures. Hologramme de la gravitation universelle, forme du système vivant. Serait-ce l’âme du vivant que cette trame formelle qui se constitue au gré des interactions entre cellules, en liaison avec les déterminations génétiques ? Aux dernières nouvelles, les résultats acquis en thermodynamique du trou noir ouvrent la voie vers une conception « entropique » de la gravitation. Pour le dire simplement, les objets massiques sont disposés relativement à une figure hologrammique transcendantale et si l’on déplace une masse ou si une masse se crée, alors cela entraîne une réaction globale comme si un puzzle était amené à se reconstituer. La question de la vie est plus ardue. Sans doute, un jeu du hasard entropique (mutation) et de la réaction entropique font que le vivant est capable d’évoluer en jouant sur les fantaisies moléculaires et le contrôle lui aussi transcendantal de la figure interne, disons le miroir pour ceux qui sont initiés à la métaphysique des miroirs. Si l’univers physique se présente comme une vaste fresque dynamique dotée d’une colossale énergie, l’univers du vivant est fait de miniatures moléculaires et cellulaires pouvant se répliquer et s’assembler en un édifice d’art contemporain toujours en mouvement, renouvelant ses pièces moléculaire régulièrement. La toile d’un Picasso est au contraire figée une fois réalisée. 
 
Si la vie était un art, ou plutôt si un art devait représenter le vivant, ce serait d’abord la musique et surtout la danse. Le très romantique Tchaïkovski ne s’y est pas trompé, faisant danser ses artistes sur une composition intitulée le lac des cygnes. Schelling proposait dans saNaturphilosophie une vision romantique et intellectualisée de la nature, voyant dans celle-ci un dynamisme la conduisant à se rendre adéquate (accordée) aux formes intelligibles qui le détermine, un mouvement téléologique dirigée par une « âme » du monde. Cette conception a été invalidée par la science moderne car si téléologie il y a, c’est celle d’une convergence des formes vivantes après une expérience dans le milieu naturel. L’âme qui sous-tend le dynamisme se constitue avec ce dynamisme. Le peintre transcendantal de la vie se crée en façonnant les dynamismes moléculaires et cellulaires grâce à un processus non élucidé par la science contemporaine.
 
Pour l’instant, on s’en tiendra à cette exposition poétique d’une possible révolution spéculative dans la manière de percevoir, concevoir et comprendre la nature, y compris celle de l’homme. Aristote disait de l’humain qu’il est un animal rationnel capable d’utiliser le langage. Et même que l’art est une imitation de la nature, ou que dans la nature, il y a une puissance artisane. Une vision plus romantique verrait dans l’évolution humaine une sorte de transgenèse faisant émerger le génie à partir d’un animal doté d’une physiologie et d’un cerveau. Carrément une métempsychose mais sans transmigration, une métempsychose progressive et ascendante inhérente à la substance vivante. Le génération en génération, le génie humain se transforme, s’invente et crée toutes sortes d’œuvres techniques ou artistiques. Un jour, la science pensera tout autrement la nature, sans pour autant renier ses découvertes mécanistiques et ces admirables détails de la machinerie moléculaire, tissulaire, neuronale. 

 


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10 réactions à cet article    


  • non667 9 décembre 2010 14:29

    en admettant qu’un organisme vivant (le plus simple ) possède un micro-processeur constitué heuristiquement .
    en admettant qu’ un atome ,ou un proton ,ou un quark ,ou quelque chose d’encore plus petit puisse faire office naturellement de variable binaire ,de relais ,de transistor .
    comme chacun sait pour qu’il sorte quelque chose de cohérent d’un ordinateur il faut qu’il y ait un programme non moins cohérent !
    l’état des connaissances actuel montre que le programme booléen est passé (au moins ) par un langage de programmation "génétique " qui ne doit rien au hasard

    conclusion : si les chercheurs mettaient autant d’énergie à chercher scientifiquement dieu qu’ils en mettent à le nier on serait plus avancé dans la recherche de l’origine de la vie !(pas origine de l’univers )


    • cob 9 décembre 2010 20:13

      « Any entity capable of intelligently designing something as improbable as Dutchman’s Pipe (or a universe) would have to be even more improbable than a Dutchman’s Pipe. Far from terminating the vicious regress, God aggravates it with a vengeance » (Richard Dawkins)


    • friedrich 9 décembre 2010 23:55
      Si vous saviez ce qu’était l’esprit scientifique vous sauriez qu’il ne nie pas Dieu mais qu’il le considère comme une hypothèse, et qu’il accepterait parfaitement sa réalité si son existence était démontrée. C’est d’ailleurs grâce à cet état d’esprit qu’ il peut vous débarquer sur la lune ou exploser une ville entière avec quelques kilos de matière.

      Pour ce qui est de l’émergence du vivant, la science a trouvé une explication sans dieu(x) qui tient parfaitement la route : la bombe réplicative, découverte par son éminent prêtre Dawkins. La première forme de vie n’était qu’une simple molécule ayant la capacité de se répliquer. Par la suite, la sélection naturelle, découverte par Saint Darwin, n’avait plus qu’à faire son travail inconscient de complexification.

      Si Dieu existe, alors il a joué aux dés pour nous créer.

    • Halman Halman 9 décembre 2010 15:49

      « Cependant, si nous découvrons une théorie complète, elle devrait un jour être compréhensible dans ses grandes lignes par tout le monde, et non par une Poignée de scientifiques. Alors, nous tous, philosophes, scientifiques et même gens de la rue, serons capables de prendre part à la discussion sur la question de savoir pourquoi l’univers et nous existons. Si nous trouvons la réponse à cette question, ce sera le triomphe ultime de la raison humaine - à ce moment, nous connaîtrons la pensée de Dieu. »

      Stephen Hawking, « Une Brève Histoire du Temps », 1988.


      Merci de ne pas dire n’importe quoi à propos des scientifiques Non667



        • ddacoudre ddacoudre 10 décembre 2010 08:47

          bonjour dugué

          intéressant sujet.
          s’il était possible d’accélérer de la matière organique dans un cyclotron au bout nous n’aurions que l’image que nous serions capable d’en prendre ou de composer avec notre cerveau.
          je te colle des extraits de ma réflexion dans un essai.

          Je considère donc, que les « Forces ou énergies ou flux » qui composent l’Univers, combinent toutes choses. Toutes choses de ce que nous sommes, et que nous assemblons (et non pas créons qui laisse sous entendre que nous partons de rien), même si nous ne pouvons encore en définir certaines, et peut-être ne jamais accéder à l’indéfinissable.

           

          En conséquence, en observant les lois que nous connaissons de cet univers, il est plus aisé de comprendre ce que nous sommes et faisons. Cet effort intellectuel consiste à s’observer, comme étant ces forces, étant dans ces forces, et étant le produit de ces forces, et non soumis à ces forces. D’une autre manière, si nous considérons que l’univers est la circulation d’une information depuis son origine, nous sommes cette information dans l’information, et produisant de l’information, et non pas seulement soumis à l’information.

          La nuance est fondamentale car elle modifie l’image, la représentation que nous pouvons avoir de notre « monde cérébral » à partir du « monde sensible ». Parce que, au lieu d’y être soumis, qui peut être interprété comme une condition irréversible, nous serions sous condition de la connaissance de l’organisation de ces forces, de cette information. Nous serions un Être « conditionnel », conditionné à ce qu’il est capable d’en comprendre..../...

          Nous regardons l’univers avec la logique humaine « culturalisée » et nous ne savons pas s’il peut en être autrement.

          Pourquoi ?

          Parce qu’à l’échelle de la durée de notre vie humaine, il nous est difficile de percevoir ou d’admettre notre développement intellectuel comme une évolution que nous vivons en direct, nous devons là, faire le distinguo important entre, être l’acteur participatif d’un potentiel en émergence et penser ou être l’auteur de sa source.../....

          L’apprentissage cette fonction qui consiste à se communiquer, s’enseigner l’usage de nos aptitudes stimulées par les événements environnementaux. L’inverse signifierait que de manière instinctive nous portions tout notre « futur, avenir » déjà élaboré, déterminé dans notre inné primitif. Ce futur l’est certainement, mais sous une autre image, une idée autre que notre vision de la destiné soumise aux erreurs de la définition de nos projections. Il l’est, mais caché pour notre compréhension. Nous devons pour le comprendre, le décrypter, réunir et assembler les pièces détachées de « la connaissance et du savoir » que nous découvrons. Nous en prenons conscience au fur et à mesure en sélectionnant les pièces de ce puzzle qu’est la vie, même si la pièce théâtrale finale est jouée (la mort). Ce futur, nous le portons dans la capacité de modélisation du plus petit élément infinitésimal qui, associé à d’autres donnera la perception de l’image future..../..

          Par analogie, notre monde ressemblerait à un puzzle en expansion où chaque pièce se renouvelle, se multiplie, varie de forme, de couleur, de place, et modèlerait une image sans cesse changeante. Un puzzle que nous n’avons aucune chance de lire dans son ensemble par notre seul regard, et même si nous nous situions dans une position hypothétique d’observateur, nous ne pourrions observer et comprendre que le passé, car le temps de décoder ce que nous observons, l’image que nous définissons n’existe plus. Si bien que l’étroitesse de notre regard ne nous permet d’exister que par défaut tout en étant partie intégrante du monde objectif. Monde objectif que nous devons percevoir par nos sens, et c’est cet apparent paradoxe qui a certainement donné naissance à la récurrente querelle des matérialistes et des spiritualistes..../...

          cordialement.



          • kéké02360 10 décembre 2010 10:36

            La nature un bien précieux , la forme la plus élaborée de l’art et pourtant si fragile !!

            Protégeons la :

            http://www.mediapart.fr/article/offert/32bea9e8352c9e40470fff1f2752266f 




              • Roger Robert Roger Robert 20 décembre 2010 17:29

                Pour savoir si un jour la science pensera la Nature, il faudrait déjà savoir si les sciences de la Nature, les sciences physiques comprennent la Nature !

                Oui, toutes ces sciences reposent sur des fondations qui ont longtemps été considérées comme douteuses et qu’aujourd’hui nous avons admises irréfutables.
                Je prends pour exemple la force d’attraction gravitationnelle de Newton, plus personne n’ose douter de sa présence et pourtant encore rien n’explique son origine. Autre exemple, le modèle de l’atome est passé dans la physique quantique avec des nuages électroniques, c’est-à-dire des nuages de probabilité de présence qui suggèrent que l’électron est statique.
                Avec toutes nos observations, pourquoi ne voulons-nous pas repenser toutes ces bases en faisant table rase sur tous ces acquis ?

                J’ai fait cette démarche en revisitant toutes les sciences et j’en suis arrivé à la constatation qu’en répondant à toutes les questions encore sans réelle réponse, la simplicité était au rendez-vous et qu’une évidente logique s’installait.
                Mais il ne faut surtout pas déranger une certaine forme de savoir en ébruitant ces découvertes pour rester dans cette vision d’un Univers issu du néant...

                Le jour où la science pensera la Nature, n’est pas possible avec une telle connaissance scientifique ! Dommage !
                Roger Robert

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