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Les 50 ans de Véronique

La petite fusée emportait, il y a un demi-siècle, une expérience scientifique pour sonder les masses d’air de la haute atmosphère. Un programme décisif à l’origine des lanceurs de satellites.

La seconde guerre mondiale donnera naissance aux fameux missiles V2 allemands dont le programme atteindra des performances inégalées.

La France décide alors de s’allouer les services d’un certain nombre de techniciens allemands qui seront recrutés par le Général De Gaulle à la Direction des études et fabrication d’armement (DEFA) de l’Armée de Terre. De là sera créé le Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) à Vernon dans l’Eure.

Objectif : la mise au point de la fusée-sonde « Véronique » (pour Vernon-électronique) capable de voler à 60 km d’altitude et d’emporter 50 kg de charge utile.

Les 1ers tirs ont lieu en 1952. « Le nombre de succès à l’époque a été suffisant pour que l’on passe à la vitesse supérieure », se souvient Jacques-Emile Blamont, ancien directeur technique et scientifique du CNES.

Au moment de l’année Géophysique internationale en 1957-1958, les ingénieurs mettent au point la Véronique « AGI ». La fusée doit atteindre 200 km d’altitude et emporter 100 kg.

L’objectif est scientifique : « Il s’agissait de sonder verticalement l’atmosphère au profit du seul scientifique français intéressé par une telle expérience : Etienne Vassy, à l’époque professeur à la faculté des sciences de l’Université de paris », explique Jacques-Emile Blamont.

Le programme est pris en charge par le Comité d’action scientifique de la défense nationale (CASDN) présidé par le Général Maurice Guérin, un fervent partisan du spatial. 15 fusées sont fabriquées.

« Véronique n’était à l’époque qu’un moteur mais un moteur intelligent dérivé de certaines caractéristiques du V2 qui a vite présenté une grande fiabilité et des performances satisfaisantes. » se souvient Jacques-Emile Blamont.

Et pour faire décoller l’engin : un mélange hypergolique d’essence de térébenthine et d’acide nitrique.

En 1959, les fusées sont prêtes. 3 d’entre elles seront lancées, en mars, depuis la petite base d’Hammaguir, en Algérie française. A bord, « le pot à sodium », un mélange destiné à être propulsé à l’extérieur de la fusée pour étudier les mouvements des masses d’air de la haute atmosphère.

2 lancements sur les 3 vont fournir d’importants résultats scientifiques : « Pour la 1ere fois, on a pu mesurer avec une précision relative la vitesse des vents, les turbulences et les températures à des altitudes comprises entre 90 et 200 km » explique le professeur Blamont.

Mais la réussite du programme va surtout démontrer les capacités des ingénieurs de Vernon à mettre au point des fusées à ergols liquides performantes. « C’est ce qui va encourager le Général de Gaulle à doter la France d’une force de frappe nationale » rappelle Jacques-Emile Blamont.

Nous entrerons alors dans l’ère des missiles balistiques qui seront plus tard capable d’emporter des charges nucléaires puis qui deviendront des lanceurs de satellites.


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3 réactions à cet article    


  • alberto alberto 4 avril 2009 13:56

    Bonjour l’auteur, ton article est un peu bref mais exact.

    Mais tu as omis de signaler que pour fêter cet anniversaire de Véronique le dénommé Morin, actuel ministre de la défense du Palais, vient de flinguer le site du LRBA/CASDN de Vernon, dont les employés ont été invités à se "délocaliser" ailleurs, à Renne voir Bagneux notamment : pour quoi faire ? Au nom d’un soi-disant regoupement des unités, économies, synergie, blablabla, et j’en passe ! Il est vrai aussi que la municipalité de Vernon venait de passer à gauche : rapport de cause à effet ? Pas seulement, mais peut-être un peu quand-même...

    Quoiqu’il en soit, je suis toujours un peu stupéfait de voir avec quel acharnement certains détruisent ce que d’autres ont mis des décennies à construire, alors même que l’entreprise en question est une réussite !

    L’auteur : si tu as d’autres infos : STP ne nous en prive pas.

    Bien à toi.


    • finael finael 4 avril 2009 16:07

      Merci de ce rappel historique qui met en évidence l’expérience française dans le domaine de la recherche spatiale.

      Véronique fut suivie de la série des "pierres précieuses" : Agathe, Topaze, Emeraude, Saphir et Rubis, qui permit la mise au point de la fusée Diamant (Diamant A, B, BP4) qui permit le lancement, depuis la base d’Hammaguir du premier satellite français : Astérix, le 26 novembre 1965.

      Ce jour là la France devint le troisième pays a mettre un satellite sur orbite par ses propres moyens.

      Le programme Diamant fut arrêté après 12 tirs, la France décidant de se lancer dans la coopération européenne, avec la fusée Europa d’abord, qui ne connut que des échecs, puis Ariane toujours actuelle dans sa version V.


      • morice morice 5 avril 2009 00:19

         les techniciens allemands qui avaient rejoint le LBRA s’étaient d’abord attelés au Parca, un missile guidé directement herité des recherches allemandes et testé à Colomb Béchar. A visionner Pierre Tchernia sur ce ce document en visite à Vernon...

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