Les constellations de satellites
Il s’agit d’un très grand nombre de petits satellites dispersés autour de la terre sur des orbites basses (entre 160 km et 1000 km d’altitude) par plusieurs tirs de fusée, chaque tir emportant plusieurs satellites.
Ils répondent aux besoins de réfléchir des ondes électromagnétiques (ondes hertziennes) émises par une station terrestre vers des récepteurs répartis sur toute la terre (télévision, internet) ou, réciproquement, par des émetteurs terrestres vers une station d’analyse (géolocalisation) ; enfin ils peuvent émettre ces ondes, ils servent alors de coordinateurs à l’intérieur même d’une constellation, ou bien ils envoient eux-mêmes des informations aux stations terrestres. Ils ont l’avantage de couvrir des zones difficiles d’accès et pour cela ils doivent être présents tout autour de notre planète. Leur présence en croissance démesurée fait l’objet d’une étude critique* dont nous extrayons ici les principales informations.
Actuellement 4500 satellites de Starlink et 630 de OneWeb sont fonctionnels en orbite basse, mais le nombre de constellations de plus de 10 satellites ayant fait l’objet d’un dépôts à l’Union Internationale des Télécommunications (IUT) en attente d’une affectation de longueur d’onde a cru de manière exponentielle entre 2017 et 2022. A partir de données provenant de cet organisme, 300 constellations d’au moins 10 satellites ont été déposées ce qui représente plus d’un million de satellites. Parmi elles, 90 auraient plus de 1000 satellites, 33 plus de 5000 et 8 plus de 10 000. La plus grande est Cinnamon-937 avec 337 320 satellites. Les dépôts ont été faits par la Chine (65), les Etats Unis (45), mais aussi le Rwanda (constellation Cinnamon-937), l’Allemagne, l’Espagne, la Norvège et la France.
Ces prises de position à l’IUT ne signifient pas que ces constellations seront toutes mises en orbite. Les Etats ou les Sociétés qui font les dépôts ont plusieurs stratégies en tête : faire une demande supérieure aux besoins afin d’attirer des investisseurs ou vendre des droits au spectre, accumuler des droits au spectre qu’ils pourront utiliser ensuite.
La zone orbitaire basse de la terre risque d’être encombrée par un nombre considérable d’objets : satellites opérationnels, satellites abandonnés, corps de fusées résultant de tirs anciens et plusieurs milliers de débris détachés sans aucune trajectoire connue. Les morceaux de grande taille peuvent retomber au sol, ils sont potentiellement dangereux pour ceux qui y vivent ; les satellites opérationnels émettent de la lumière, leur trajectoire trace une ligne blanche sur les photos célestes prises la nuit au préjudice des astronomes. Enfin tous ces objets perturbent la radioastronomie par leurs pollutions électroniques.
Les auteurs de l’article pensent que les dépôts excessifs de demandes pour des constellations de satellites en vue de leur affecter une bande spectrale, est un problème. Mais il peut être résolu par l’IUT qui est en capacité de mettre à jour ou créer de nouvelles règles avec ses 193 Etats membres. Lors des précédentes Conférences Internationales relatives aux Radiocommunications des exigences concernant les mises en orbite de constellations satellitaires ont été adoptées : quel est le fabricant des satellites et quel sera l’organisme qui réalise le lancement (1997), dates limites de lancement de chaque fraction de la constellation après le premier dépôt de demande à l’IUT (2019), limites de la densité du flux émis et limites sur la déviation de l’altitude de trajectoire (2023). Cependant pour arrêter cette inflation de dépôts il faudrait des règles plus strictes : limites du nombre de satellites par constellation, taxes sur les dépôts.
*Andrew Falle et al. Science, 13 octobre 2023, N°6667, pp.150-152
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