Les origines de la vie, une interrogation sans réponse ?
La question des origines intéresse l’humanité depuis qu’elle est en mesure de réfléchir sur son univers. Deux interrogations fondamentales occupent les esprits depuis l’Antiquité. L’origine de la vie et celle du cosmos. La science moderne pense avoir trouvé la clé de l’univers avec la théorie du big bang. Malgré son élaboration théorique consistante, le big bang n’a rien d’une théorie scientifique. On ne peut pas créer l’univers. Aussi, le big bang doit-il être considéré comme un mythe rationnel, un récit de science fiction ou bien une spéculation métaphysique. Il est effet présomptueux ou aventureux de croire que la physique contemporaine a trouvé l’origine exacte du cosmos avec son étendue et sa matière. Restons modestes et perplexes.
L’autre question fondamentale des origines concerne la Vie, qui est apparue sur terre on ne sait pas exactement quand, peut-être il y a deux ou trois milliards d’années, alors que les fossiles les plus anciens remontent à quelques centaines de millions d’années. La science moderne a trouvé les composants moléculaires contenus dans les systèmes vivants, ainsi qu’élucidé les innombrables mécanismes dont la juxtaposition contribue au fonctionnement des cellules vivantes et des tissus pour ce qui concerne les êtres pluricellulaires. Mais la vie ne se réduit pas à des mécanismes. La question des origines de la vie n’a pas trouvé de réponses. Examinons quelques pistes convenues.
La panspermie envisage que la vie serait apparue sur une autre planète puis aurait colonisé la terre à la faveur de quelque improbable astéroïde ayant rencontré notre planète. Cette hypothèse est tout à fait légitime. Tout comme l’est mon opinion sur cette théorie qui ne fait que repousser le problème des origines et n’explique rien. Ce qui n’en fait pas pour autant une idée vaine. La panspermie permet aux scientifiques de faire fonctionner leur imagination, de remplir les colonnes de journaux pour citoyens curieux de science et surtout, elle est une balise épistémologique indiquant l’impuissance de la communauté des biologistes à fournir une explication plausible de l’origine du vivant. Mais une chose est certaine. La vie consiste à passer d’un monde chimique et physique prébiotique à un ensemble de systèmes capables entre autres choses de capter de l’énergie et de se répliquer. Deux conjectures majeures occupent les biologistes en quête des origines.
(I) D’abord la configuration du monde prébiotique, avec les hypothèses sur les conditions d’émergence de la vie, en surface, au fond des mers, avec des éléments essentiels, catalyseurs, molécules organiques prébiotiques, soufre, activité électrique, chaleur, rayonnement, etc. (II) Ensuite la question de l’émergence des mécanismes permettant au monde prébiotique de former la vie avec ses processus autoréplicatifs. Cette question a abouti à la célèbre conjecture de la poule et de l’œuf, rendue possible grâce aux découvertes de la biologie moléculaire. La vie (qui n’est pas un chaos) se transmet avec les acides nucléiques qui portent l’information permettant de synthétiser les protéines, or, ces acides nucléiques ne peuvent se répliquer sans ces protéines. Nombre de travaux ont été effectués sur les systèmes autocatalytiques, les automates réplicateurs et autres modèles censés livrer l’explication des origines mais au final, rien de bien convaincant. En ces domaines, l’imagination scientifique s’avère autant fertile que nécessaire. Mais sans des fondements solides, l’imagination fertile reste stérile.
Trois obstacles majeurs rendent pratiquement impossible l’explication des origines. D’abord la connaissance des conditions, le moment exact et la configuration géophysique, chimique, ayant permis l’émergence de la « substance vivante ». Une marge d’erreur de plusieurs centaines de millions d’années existe et l’on ne sait pas grand-chose de l’état de la planète ni du système solaire il y a deux milliards d’années. Deuxièmement, le dilemme des composants. On connaît le fonctionnement des cellules vivantes avec l’ADN et tous les mécanismes qui s’en suivent mais rien ne dit que les premières cellules vivantes aient été faites des mêmes composants. Troisièmement, le volet ontologique ne va pas de soi. Notamment l’approche réductionniste qui aboutit à concevoir des cellules aux mécanismes autoréplicateurs basés sur les interactions chimiques. Autrement dit, des composants moléculaires conçus comme des briques de lego (quasiment creuses) contenant des propriétés réactionnelles et s’assemblant selon les affinités chimiques. Ce problème est autant celui du paradigme mécaniste que de l’atomisme. La science occidentale accède à la connaissance de la Nature par l’extériorité, l’objectivité, l’interface technologique et finit par croire que la Nature n’a pas d’intériorité. Lorsque l’on ne dispose pas de compréhension complète du vivant, on ne peut pas chercher quelle est son origine.
La question des origines examinée avec les données théoriques modernes ne trouvera pas de solution. C’est ma conviction. Je ne dis surtout pas qu’il faut abandonner les recherches modernes. Je dis simplement qu’il est aussi envisageable de proposer une autre voie en convenant que si les théories modernes ne font pas l’affaire, alors il faut inventer des théories différentes, avec des approches non conventionnelles et des hypothèses alternatives.
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