Les réseaux sociaux, un mal pour un bien ?
Du risque de ne plus avoir de vie privée
Revenons tout d’abord aux fondamentaux : 1984 de Georges Orwell. Sans raconter l’histoire, il est horrifiant à tout un chacun normalement constitué que de s’imaginer chez soi avec un écran -le télécran- qui en plus de diffuser les messages du parti, vous surveille. Et nombreux sont ceux qui s’indignent de ces caméras qui fleurissent un peu partout dans les rues de Grande-Bretagne, France… Selon eux, et peut-être à juste titre, ces caméras mal placées seraient susceptibles parfois de surveiller ce qui se déroule dans les appartements ; en bref, une violation de la vie privée.
Tout bonnement scandaleux !
Maintenant, retournons le problème : qu’en est-il des gens qui s’exhibent volontairement aux yeux de ces caméras mais aussi plus largement dans une sphère dont la transmission d’information est hyper rapide, Internet ?
Ici je ne veux pas parler des vidéos You tube, blogs et autres dérives parfois surprenantes mais des simples risques des réseaux sociaux.
Une personne publique, du monde de la politique, du showbiz, du sport, des arts… a tout intérêt à utiliser ces moyens de communication pour se faire valoir, se faire connaître, satisfaire les appétits curieux de ses fans, et même couper l’herbe sous le pieds à quelques journalistes peu scrupuleux.
Mais voilà, tout le monde n’est pas David Beckham, Ségolène Royal ou Madonna. Il est vrai qu’il est tentant de mettre des photos de soi, de transposer une partie de sa palpitante vie sur Internet pour exposer aux autres ce qu’elle a de si extraordinaire. Parce que n’est ce pas là le premier but de Facebook, Twitter que de montrer que non seulement nous avons plein d’amis, que nous participons à des petites fêtes très arrosées mais fort sympathiques, que nous avons un copain ou une copine que nous sommes fiers d’exhiber ? Au fond la vie des stars, les gros titres des journaux en moins.
Et par certains cotés, c’est d’une naïveté forcément bon enfant.
Mais voilà, à qui il n’est pas arrivé de se faire moquer parce qu’il a mis une photo, un commentaire ou un nom de profil assez idiot, ou pire compromettant ? Le star system ne présentent pas que des avantages : sous les feux de la rampe, on finit toujours par s’en mordre les doigts à un moment ou à un autre. Les hommes politiques le savent très bien, les stars aussi, le citoyen lambda l’apprend très vite.
Mais ne souhaitons de malheur à personne. Ce qui est plus ennuyeux, c’est que ce même réseau que l’on constitue avec des prétendus gens de confiance n’est pas aussi sécurisé qu’il y paraît. Tout d’abord rien n’empêche une personne qui ne fait pas partie de nos contacts de voir son profil par l’intermédiaire d’une connaissance que l’on dit ami.
Bon, évitons la paranoïa quand même. Il s’agit ensuite de la partie publique de ce que l’on publie : photos, âge, sexe, opinions politiques,... Nombreux sont les exemples de futurs employés dont le profil était déjà connu du DRH qu’ils allaient rencontrer. N’est-ce pas aussi une formidable mine de renseignements pour les RG ?
Maintenant imaginez une situation privée où vous étiez avec une ou plusieurs personnes et qui s’avérerait compromettante si elle venait à devenir public. Imaginez ensuite un appareil photo ou une caméra qui traîne. Un ami un peu indélicat qui publie vos frasques sur Internet. Ce n’est pas grave ses amis sont les miens. Sûr ? Tous ? Et si dans les contacts, il y avait une personne que l’on veut ne pas avoir une image négative de nous ? Son patron ? Un membre de sa famille ?...
Cela se complique.
Enfin, un autre point sensible. Remémorez-vous le passé. N’y a-t-il pas eu un moment ou vous avez fait quelque chose dont vous étiez fier, ou qui ne vous dérangeait pas mais que vous voudriez voir passer aux oubliettes aujourd’hui ?
Sans traces, c’est facile on fait jurer le silence aux éventuels témoins, on range les photos au fond d’un placard et adieu le passé ! Mais quand ces mêmes témoins ont gardé des traces écrites ou des photos, ça devient plus ennuyeux, d’autant plus que ces preuves se sont multiplié autant de fois que l’on a eu un « ami ».
Et l’oubli numérique n’est pas encore un absolu sur Internet, loin de là.
Etre à la merci d’un ex-ami un peu rancunier c’est quand même vraiment ennuyeux, surtout si au fond un petit écart de conduite ne remet pas en cause le fait que l’on soit une personne formidable. Et finalement, pour reprendre mon exemple de Big Brother, il semblerait que les questions de la vie privée et de son respect sont bien loin derrière nous : non seulement rares sont ceux qui en parlent encore mais il devient une règle communément admise que de jeter en pâture ses moindres faits et gestes.
Et si le monde de l’absolue confiance était en train de se dessiner ? Au fond tout le monde saurait tout de tout le monde ; la fin du mensonge, vous imaginez ? Un homme rendu moral par la société qu’il a voulu : l’utopie ultime. Plus de serrures aux portes, plus de vols, plus d’adultères. En bref, les dix commandements pris à la lettre.
Beaucoup en ont rêvé, Facebook l’a fait. Après 1989 on a parlé de triomphe définitif de l’individualisme, il n’en est rien ; la société n’a jamais été aussi holiste qu’en cet instant. C’est tout simplement magnifique de se dire que nous vivons de nouveau les uns pour les autres.
Enfin, je dis « nous » mais je devrais dire « vous » parce que tout ceci ne m’affecte très peu. Je reste une personne égoïste qui estime que sa vie privée n’appartient qu’à lui. Il est encore certains instants de mon existence qui échappent à tout contrôle, à toute connaissance d’autrui.
Comme quelques irréductibles encore, en vieil égoïste, j’ai choisi de faire de ma liberté la seule règle qui devait conduire mon existence. N’en déplaise aux aficionados de Facebook et autre Twitter.
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