Livre 2.0 : nous y sommes presque
Jeff Bezos, le patron d’Amazon, lance Kindle un “lecteur” de livres qui pourrait transformer autant nos habitudes de lecture que son gigantesque magasin virtuel a pu changer nos modes d’achats. L’annonce doit être faite lundi matin à New York.
La principale vertu du Kindle est qu’il se connecte à internet d’où il reçoit directement livres, mais aussi magazines, journaux (Le Monde, le New York Times et le Wall Street Journal) et mêmes blogs (pour lesquels il faudra payer ce qui ne réjouit pas tout le monde ).
L’accès au web se fait par Whispernet, un réseau à haut débit lié à Sprint qui permet de se connecter partout et pas seulement là où on trouve des points d’accès Wifi. L’abonnement, qui est normalement de 60 dollars par mois, devrait être gratuit.
Kindle (le verbe “to kindle” se traduit par allumer un feu, faire éclore un sentiment ou attiser un amour) pèse un peu moins de 300 grammes et pourra contenir jusqu’à 200 ouvrages. Les batteries assurent 30 heures de lecture continue. Un clavier permet d’annoter les textes, d’échanger des courriels et de consulter Google et le web.
Fournie par e-link , la technologie d’affichage est la même que celle du Sony Reader. Plutôt que d’adopter des standards Amazon s’en tient, hélas, au format de Mobipocket, une boîte française qu’elle a acquise en 2005.
Sur la seule photo dont nous disposons pour le moment l’appareil n’est vraiment pas mignon, mais Steven Levy qui l’a essayé pendant plusieurs semaines (son article exclusif fait la couverture de Newsweek aujourd’hui) dit qu’il plaît à tous ceux qui l’ont eu en main. Cherchez donc de meilleures vues au moment où vous lirez ces lignes.
Tout ça pour 400 dollars ? Ce qui n’est pas rien.
Mais assez parlé de l’appareil. Ça n’est pas le plus important. De loin.
Tipping point ?
Malgré de multiples tentatives, le livre électronique n’a pas décollé. Peaufiné sur plus de cinq siècles le livre objet semble difficile à déplacer. On est donc en droit de se demander pourquoi Amazon réussirait là où Sony et plein d’autres ont échoué.
Parce que c’est Amazon, pardi, et qu’elle a peut-être les moyens et l’audace de changer son propre modèle d’affaires. L’objectif semble bien de transformer la vente de livres objets en fourniture de livres comme flux. “Ça n’est pas un appareil, c’est un service”, a déclaré Bezos à Newsweek. Et c’est pour ça que nous pouvons parler de “livre 2.0″.
Dès son entrée en service Kindle comptera avec 88 000 titres d’un coup. Le fait de pouvoir les télécharger à tout moment est un avantage énorme. Il est même question d’un accord avec la chaîne d’hôtels W au terme duquel les clients pourraient emprunter (ou louer) un exemplaire pour y lire les livres de leur choix. C’est quand même mieux que les navets à succès du moment ou les films pornos sans talent ni imagination.
Le coût est, bien entendu, une question centrale. Avec 400 dollars on peut hésiter entre acheter un Kindle, un Wii, deux laptops de Negroponte (voir ce billet ), un Nokia N800 ou un EEE, le dernier portable ultra léger d’Asus. Ils permettent de faire plein d’autres choses.
Mais le vrai problème du prix est moins celui de l’appareil que celui du service et le coût d’achat de chaque ouvrage. Les titres disponibles au moment du lancement se situent en général autour de 10 dollars. Amazon se démarque des éditeurs qui vendent encore leurs livres électroniques au même prix que le papier. Mais, s’ils se rappellent que tous les livres publiés aujourd’hui sont déjà numérisés, que le stockage et le transport sont pratiquement gratuits, beaucoup de lecteurs risquent d’attendre des coûts encore inférieurs.
Une bonne partie du succès ou de l’échec de Kindle pourrait se jouer sur ce point. Mais ça n’est pas ce qui compte le plus. Il pourrait contribuer au succès attendu des livres électroniques et c’est à cela que nous devons être attentifs.
Des centaines de gadgets avec capacité de connexion à internet et un écran plus grand que celui d’un téléphone portable devraient voir le jour dans les mois qui viennent (voir ce billet). Si l’on ajoute à cela le fait que le iPod Touch permet une extraodinaire lisibilité et bénéficie d’une connexion Wifi, on peut imaginer qu’iTunes se mette à offrir des ebooks bon marché ? Steve Jobs a bien compris l’importance du prix de chaque morceau - et nous aurions le début d’un point de bascule ?
L’avenir du livre tel que nous le connaissons se joue-t-il en ce moment ? Vous avez sûrement des idées là-dessus ?
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