Majority Report : éloge de l’hypersurveillance [2]

Transféré dans la salle d’interrogatoire après son arrestation (1), Jeffrey Cunningham n’émit qu’une phrase courte : « Mon silence attend mon avocat ». Ce dernier, en déplacement à Johannesburg, n’arriverait qu’en fin d’après-midi. Derrière la vitre sans teint, Yasmina pesta auprès de la divisionnaire Jackson et de l’inspecteur O’Maley : « Prévoyant, le gars. Il a dû contacter son avocat cette nuit ou tôt ce matin. »
Affalée dans son fauteuil, les pieds sur la table, une enième cigarette entre les lèvres, Yasmina ruminait diverses hypothèses sans fin. Un SMail fit vibrer son omniphone personnel.
La météo s’était apaisée, mais demeurait férocement grisâtre. L’inspecteur se rendit dans un pub irlandais situé au beau milieu du marché asiatique. Elle reconnut un mince visage presque anguleux, quelques tâches de rousseur et de longs cheveux châtain clair. Elle n’a jamais su pour qui travaillait cette indéfectible et remarquable informatrice, surgissant toujours au bon endroit et au bon moment.
-
Salut, Yazz.
-
Comment va, Thanon ?
-
Assieds-toi. Je te sens en ébullition.
-
C’est le cas.
-
Que puis-je faire pour vous, inspecteur Azir ?
-
La cyberdivision a tout fait pour reconstituer les déplacements
de Cunningham en se basant
sur les géolocalisations successives de son mobile, en ligne
comme en veille.C’est
le vide absolu. Rien dans ses coms depuis deux jours jusqu’au moment
où il a payé
son
rechargement électrique. Il a dû éteindre son omniphone
durant tout ce temps.
-
Peut-être qu’il a provisoirement utilisé une puce
anonymisante ou qu’il a emprunté un de ces
omniphones furtifs fabriqués au Brésil, en Ukraine ou
en Fédération de Corée.
-
J’ai envisagé ce cas de figure. En matières de coms,
j’ai la nette impression que nos cyberdivisions
décrochent de plus en plus.
-
Normal. Grâce à la profusion de standards, de
protocoles, de mobiciels et de technologies
à notre disposition, on peut tout à fait se passer d’un
fournisseur de coms, et
faire longtemps la nique à vos cyberdivisions et au GCHQ, pour
peu qu’on soit un bon bidouilleur.
Ça devait être invivable les coms à l’époque
de nos parents...
Un
tilt jaillit des pensées de l’inspecteur. « C’est
probablement pour cela que Cunningham recherchait son mobile dans la
voiture à la station électrique, ne l’ayant pas
retrouvé dans ses poches ».
-
Pire : à l’époque de nos grand-parents.
-
Et en plus, elles étaient facturées !... Aucun registre
intéressant dans sa bagnole ?
-
Que nenni. Il roule avec une Ford Mondéo de 2007 qui a
appartenu à son père et qu’il a bichonné
depuis. Pas de GPS ramifié évidemment.
-
Tous les garçons et filles savent exploser un GPS ramifié
dès leur première voiture. Si nos
parents avaient su...
-
Si nos ex savaient. Nos actuels aussi d’ailleurs...
-
Fais-leur confiance, ils ne se privent pas non plus.
-
Je sais. Mais, je préfère évoquer ce qui me
concerne.
Thanon sourit malicieusement dans sa pinte, Yasmina aussi.
-
T’aurais vraiment pas une astuce pour les coms de Cunningham ?
-
Dis, j’ai l’air d’une rubrique FAQ ?
-
Franchement, je serais toi j’en ferai ma vocation.
-
Vivement des inspecteurs open source, ils coûteront moins chers
à la nation.
-
Salope !
-
Tu vas me boucler pour outrage à agent ?
-
Pour foutage de complexes à agent... Après que j’ai
retrouvé cette petite Blackburn. Elle
peut être déshydratée ou gravement blessée.
-
En espérant qu’elle soit encore en vie.
Dehors, une pluie fine tombait. Thanon déplia une feuille transparente qui s’aplanit et durcit aussitôt, l’effleura avec son stylo numérique, écrivit un login et un mot de passe au bas de la page vierge, accéda à une page d’e-mail puis à un brouillon de message multimédia. Le zoom 3D survola une chronocarte animée du district.
-
Tu connais sûrement la zone industrielle ouest à 115 km
d’ici ?
-
Oui. Ce sont les usines intelligentes nanotech et biotech.
-
Elles s’autocontrôlent parfaitement, interagissent en continu
via des liaisons satellitaires avec
d’autres usines du même type et des centres de décision
dispersés sur plus d’une cinquantaine
de pays. Il peut s’écouler des semaines avant qu’un être
humain se pointe sur
cette voie express menant là-bas.
-
En fait, la voie express et la façade Ouest de la ZI sont
réservées à l’accès des véhicules particuliers
et de service. Les camions pilotés et les robots-camions
assurant la grosse logistique
sont tenus de faire de larges détours pour emprunter
l’autoroute et la façade Est.
Cette directive leur a été imposée par mesure
de sécurité car la voie Ouest traverse la
ville. Un camion qui se renverserait, entrerait en collision ou
prendrait feu, son chargement
bio ou nano qui se déverserait sur la chaussée, et
c’est peut-être une catastrophe
sans fin. La distance entre les deux façades est de 8 km.
-
C’est une immense super-forteresse cette ZI. Les murs extérieurs
de chaque bâtiment font
au moins 80 cm d’épaisseur, les bâtiments sont tous
anti-NBC (Nucléaire Bactériologique
Chimique), les sas d’entrée sont hautement blindées et
étanches. Il semble que le chef de la sécurité soit une
IA (Intelligence Artificielle)...
-
Plus exactement, une savante organisation collective de plusieurs IA
et de vigidrones que
la police, les pompiers et les brigades des risques sanitaires et
technologiques peuvent
contrôler à distance le cas échéant.
Malheureusement, ce cas échéant n’inclut
pas une gamine séquestrée... Pourquoi t’intéresses-tu
à cette ZI ?
-
Le bruit court qu’une branche écologiste radicale prépare
une grosse bêtise quelque part
en Europe contre une installation biotech ou nanotech. Les branches
modérées sont également
obsédées par ce genre de ZI, mais procèdent
différemment. Avec l’appui des cabinets
d’avocats qui ont poussé Yoogle dans les crochets de la loi
anti-trust, ils comptent
poursuivre ces usines et leurs multiples opérateurs pour
non-respect des protocoles
de Toronto et de Macao.
-
Si je me rappelle bien, le premier c’est sur les risques et les
nuisances bio et nano, le second
sur la réduction de la signature écologique des
activités industrielles ?
-
Exact. Les écolos sont persuadés qu’une de ces usines
causera inévitablement un Tchernobyl
nano ou bio. C’est pourquoi ils rassemblent, analysent et diffusent
des tas d’infos
à leur sujet.
-
Souvent, mais pas toutes véridiques.
-
Il y a 10 jours, j’ai vidéochaté avec l’un d’eux sur
infranet. Dans le milieu, on le surnomme
« Nanobiotic ». Un gars charismatique et très
pertinent, malgré sa relation un peu
conflictuelle avec la littérature scientifique. Il m’a filé
une chronocarte thermo-énergétique
de cette ZI. Hier soir, je m’amusais à zoomer sur cette carte,
accédant aux
historiques détaillées thermiques, énergétiques
et même domotiques de chaque structure.
C’est par hasard que je me suis intéréssé au
bâtiment 27, juste après avoir reçu
ton SMail.
Yasmina
se leva pour commander deux autres bières, découvrit sa
montre sous le manche de sa veste, et passa son poignet au-dessus
d’un hémisphère translucide posé sur le
comptoir. La borne de paiement émit un bip mélodique en
affichant le montant de l’addition.
-
Continue, Thanon.
-
Comme beaucoup d’autres, le bâtiment 27 comporte des modules
d’habitation, c’est-à-dire une soixantaine
de chambres, une vingtaine de bureaux et quelques cuisines
automatisées que
les personnels de maintenance et de reconfiguration doivent utiliser
lors de leurs missions
longues. Ces dispositions sont censées circonscrire toute contamination en
cas d’accident lors de leur présence. Ces modules n’ont été
occupés que sept fois cette
année, toujours par des effectifs allant de 20 à 50
personnes environ. Rien depuis deux
mois, sauf depuis hier après-midi à 17 h 56 où
leur système domotique a été réactivé,
mais apparemment pour une seule pièce. Ce qui n’est jamais
arrivé depuis la construction
de ces usines. Ce système était encore en activité
ce matin vers 9 heures. Impossible
d’en savoir plus sur ce document, il faut accéder aux consoles
domotiques sur
place.
-
La petite Helen a été enlevée hier vers 16 h 20.
Du domicile des Blackburn, vers la sortie Ouest de ville jusqu’à cette ZI, il y a un peu plus d’une
heure de trajet en roulant normalement...16 h 30-17 h 56.
Pas mal, mais ça ne prouve rien. Par ailleurs, je me suis suffisamment
plantée pour aujourd’hui.
-
A la sortie Ouest de la ville, la vidéosurveillance et l’ANPR
sont plus que médiocres. Sur la
voie express, elle est carrément inexistante.
-
Les administrations et les collectivités n’ont jamais pu
s’accorder sur les budgets de déploiement
de la technosurveillance sur ce tronçon Ouest simplement parce
qu’il est très
peu fréquenté. Par contre, il y a tout ce qu’il faut
côté Est : caméras, ANPR, drones,
détecteurs de particules... Le moindre pet d’un routier est
instantanément transmis
aux cyberdivisions, au Mi-5 et aux brigades des risques. J’espère
que cette affaire
Blackburn donnera une bonne leçon à tous ces
politiciens...
-
Alors, soit Cunnigham le savait, soit il a été
chanceux... Et la petite Helen malchanceuse... De
toute façon, ta cyberdivision n’aurait rien vu.
-
A mes yeux, c’est là que le bât blesse. Je doute fort
qu’il s’agisse de chance.
-
Pourquoi ?
Sur
une table inoccupée derrière Thanon, Yasmina aperçut
la une sportive du Daily Sun laisser place à l’affaire Helen
Blackburn et à une photo d’elle dans une colonne. Elle
récupéra le journal, le parcourut rapidement en
poursuivant son propos.
-
La technosurveillance au centre-ville par exemple, nous savons tous
qu’elle existe. La
preuve par les vidéos jointes à nos amendes. Dans ta
vie, t’en as vu combien de ces méchants
joujous ?
-
Très peu, en effet. En tout cas pas avant que je devienne une
hackeuse. Ils sont tellement
minuscules, parfois mobiles et toujours fondus dans le décor...
-
Dans ce marché, je suis incapable de te dire où se
trouve la vidéosurveillance, je ne te parle
pas du reste. Chaque jour, je ne fais que présupposer des
positions des caméras sur
tout district lors des contrôles vidéo avec la
cyberdivision. On a chopé bon nombre de hackers,
de gangsters et de terroristes doués grâce à ces
systèmes. Or, Cunningham n’a rien
d’un gangster ou d’un hacker, pas même d’un geek (2).
-
Nous sommes tous plus ou moins geek.
-
Comparativement à nos parents et à nos grand-parents,
oui. Je te l’accorde. Mais que Cunningham
devienne subitement aussi rusé que James Bond, je n’avale pas.
Ce qui me pousse
à penser qu’il n’est pas seul dans cette affaire Blackburn.
-
Bien vu.
-
De plus, comment un pédophile garderait ou oublierait dans sa
bagnole le blouson, de surcroît
biométrique d’une fillette activement recherchée ? Même
élue Premier ministre, cette
petite Blackburn serait moins visible. Tu veux mon avis : il pue la
diversion ce Cunningham.
-
Fantastique ! Ta cognition revient. Je peux continuer à t’en
mettre plein la vue ?
-
Non !
Les deux femmes se défièrent du regard avec ironie et amusement.
-
Alors, je continue. Comme je te l’ai dit, seuls quelques
contrôleurs et du personnel de
maintenance peuvent accéder aux bâtiments de la ZI Ouest. L’hypermarché Premium dans
lequel travaille Cunningham a des contrats avec plusieurs de ces
usines pour quelques
gammes de produits pharmaceutiques. Premium a deux contrôleurs
qui doivent superviser
et coordonner les productions avec des centaines d’entreprises et
d’usines dans
le monde et se rendre à la ZI Ouest quelques fois par an...
-
Et qui détiennent nécessairement toutes les
accréditations pour y entrer et sortir à volonté.
-
L’un d’eux est en mission pour 15 jours en Asie. L’autre est parti à
la retraite la semaine dernière.
Son futur remplaçant est un trésorier-comptable nommé
Jeffrey Cunningham.
Yasmina
manqua d’avaler de travers, toussant et larmoyant pendant une
quinzaine de secondes devant une Thanon narquoise.
-
Bon sang ! Je ne savais pas ça. Tu l’as eu comment cette info
?
-
Nous n’avons pas la même culture du renseignement.
-
Thanon, tu es la belle et la bête.
-
Je sais, je sais. Nous aurons l’occasion de parler de Helen
Blackburn. Cette petite a beaucoup
de choses à dire, mais elle ne le sait pas encore. Dans un peu
plus d’une heure,
je publie mes théories sous mon pseudo habituel. J’aurais peut-être
le scoop, et toi la fillette.
-
Quel cynisme !... Agent Thanon ?
-
Je suis celle que vous voulez, inspecteur... Et je suis gratuite.
-
Une call-girl open source ?
-
Oh !... Je ne te recontacterais plus jamais.
-
Je t’ai à peine effleuré.
-
Dégage !
Son
écouteur sans fil dans son oreille, Yasmina courut sous
une pluie presque battante en hurlant : « Jackson, je veux une équipe A et une ambulance prêtes à
partir sur-le-champ ! Trouve-moi un mandat de perquisition,
s’il te plaît. Je t’expliquerai et te transmettrai tout dans 5 mn. »
Quand elle parvint au parking souterrain du commissariat, sa voiture banalisée de service, six véhicules de patrouille, une ambulance et un festival de girophares l’attendaient. Sirènes à fond, les huit véhicules s’élancèrent à toute vitesse vers la zone industrielle Ouest. A bord avec elle, les inspecteurs O’Maley et Brown, suivis de près par les Constable Jenkins et Owen, et les sergents Singh, Talley et Burrows de la cyberdivision.
Son omniphone connecté à l’écran du siège avant, Yasmina s’entretenait avec la divisionnaire Jackson. Quinze minutes plus tard, elle reçut un mandat de perquisition par SMail sécurisé du Palais de Justice. Le document légal authentifié s’imprima sur une feuille électronique transparente dans la poche intérieure de sa veste. A environ deux kilomètres de la ZI, elle signifia le mandat de perquisition aux IA des usines intelligentes, qui le retransmirent à tous leurs opérateurs dans le monde entier, ouvrirent la grille de sécurité à l’approche des huit véhicules et la refermèrent derrière eux, puis désactivèrent les sécurités extérieures et les vigidrones autour du bâtiment 27. L’armada d’officiers s’engouffra dans les couloirs et les ascenseurs, criant « Helen ! » et fouillant les locaux aussi vite qu’elle pouvait.
Simultanément, le sergent Singh ouvrit le coffre de sa voiture et projeta quatre boules grosses comme des ballons de basket, aux couleurs changeantes et en matériaux indéfinissables. Une fois en l’air, celles-ci déployèrent deux tuyères rétractables et orientables, planèrent quelques instants en stationnaire telles des libellules, se propulsèrent dans le bâtiment et devancèrent les perquisiteurs avec une manoeuvrabilité et une vitesse plus surprenantes que le vol lui-même. L’un d’eux rejoignit ses collègues de chair dans un ascenseur juste avant la fermeture des portes. Doté de deux mini-réacteurs à poussée vectorielle, d’une charmante IA intégrée et d’une efficace panoplie high-tech (caméras thermique et CCD, détecteur-analyseur morphobiométrique, microphone directionnel à réglage ultrafin, radar actif, etc.), le Blackeye était le drone de reconnaissance policière par excellence. Grâce à leurs omniphones et aux ordinateurs embarqués dans leur véhicule, Singh et Talley analysaient les données et les images retransmises par les éclaireurs aéroterrestres.
Yasmina accéda à une console intérieure murale près du sas d’entrée et connecta son omniphone. Le plan complet en 3D du bâtiment défila sur son écran. Elle actionna la molette des haut-parleurs et prit aussitôt la parole : « Helen. Helen Blackburn. Je m’appelle Yasmina et je suis officier de police. Je suis venue te ramener à la maison. Si tu m’entends, crie et frappe fort à la porte. »
Elle répéta son message à plusieurs reprises, espaçant chacun d’une minute afin que le balayage microphonique ultra-sensible des Blackeye détecte quelque chose. L’un deux, précédant quatre de ses compagnons biologiques au troisième étage, perçut des tambourinages et des cris étouffés provenant de l’étage supérieur : « Par ici... Je suis là... S’il vous plaît ».
Les officiers entendirent la voix de Talley crépiter dans leurs écouteurs : « Elle est vivante ! Quatrième étage... Dans l’une des pièces en milieu de couloir ».
Ce fut ensuite celle de Yasmina qui venait d’accéder au plan domotique du bâtiment : « La 49 ! C’est une chambre de sûreté. La porte est protégée par un mot de passe et une reconnaissance biométrique. Burrows, fonce !... Infirmiers ! »
A elle seule, la mallette métallique de Burrows remplirait un musée d’histoire électronique. Après quelques minutes de tripatouillage sur la console d’entrée, les portes blindées de la chambre 49 s’ouvrirent.
Helen Blackburn était là. Tremblotante, en larmes, mais debout dans une chambre confortable sans fenêtres, équipée d’une salle de bains, d’un frigo bien rempli, d’un bureau, d’un téléviseur passif et d’un omniphone fixe inopérant. Elle n’avait pas été maltraitée, juste séquestrée. La fillette se jeta dans les bras de Yasmina.
« Viens, ma chérie. Je te ramène chez Papa et Maman ».
Quelques
heures plus tard, deux documents multimédia diffusés
sur YouCop et sur Eurovox par « crime_time »
avaient déjà été visionnés plus de
3 millions de fois et commentés par plus de 70 000
cybernautes.
Une
semaine plus tard, dans un parc surplombant la ville.
-
Il fallait à tout prix que tu la retrouves.
-
Pourquoi ?
-
Cette fillette est un immense bond pour la Bourse et un grand pas
pour l’humanité.
-
Pourquoi ?
-
Elle n’est jamais tombée malade et n’a pas encore eu besoin de médicaments.
A suivre.
(1) Majority Report, éloge de l’hypersurveillance [1]
(2) Geek : terme désignant une personne passionnée d’informatique et/ou d’internet plus que de raison.
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