On a bien retrouvé Steve Fossett, mais pas Glenn Miller (1)
L’homme aux 116 records qui avait fait six fois le tour du monde, dont quatre en avion, un en ballon et un en bateau, n’aura fait que 90 miles (moins de 150 km !) lors de son dernier vol du 3 septembre 2007 : c’est toute la désolante ironie de la découverte des restes du petit avion Bellanca qu’avait emprunté Steve Fossett pour son dernier vol. La découverte préalable fin septembre 2008 de près de 1 000 dollars en billets et sa licence de pilote auguraient effectivement de la découverte imminente du lieu de son crash, et donc des restes de l’aventurier richissime, pensait-on il y a quelques semaines encore. Chose faite le 3 octobre 2008 avec la découverte de l’épave de son monomoteur, dont il ne restait que des débris minuscules. Avec la découverte d’autres ossements plus importants quelques semaines plus tard, et le résultat des expertises d’ADN en laboratoire, on est désormais sûr qu’il s’agît bien du corps de l’aventurier, qui aurait donc été dévoré par des prédateurs tels que des ours, des cougars ou des coyotes, fort présents dans le secteur, après un décès consécutif à la chute vertigineuse de son petit avion.
Il avait décollé début septembre dernier vers le sud du ranch de son ami Barron Hilton (le grand père de 80 ans de celle que vous connaissez tous !), plein sud, pour tenter de découvrir de nouveaux lieux possibles d’expérimentation pour sa dernière folie. Il venait en effet de racheter en décembre 2006 l’ancien bolide d’un prétendant fameux au titre de l’homme le plus rapide sur terre, Craig Bredlove (dont je vous ai parlé ici), et cherchait un lac salé ou asséché suffisamment plat et suffisamment long pour tenter de battre le record de 1 228 km/h (763,055mph), mach 1, établi par les anglais le 15 October 1997, pas très loin de là, à Black Rock, dans le désert voisin du Nevada... Parmi ses nouveaux préparateurs, figurait Andy Green, l’homme qui était à l’origine, justement, de ce record anglais !!! L’engin, vieux de dix ans au moins était en cours de réfection, et montrait déjà une remise à jour déjà bien avancée pour tenter à nouveau de battre le record de vitesse sur terre. Un ancien bolide remis à neuf qui a fière allure aujourd’hui. Aux toutes dernières nouvelles, ce sera donc peut être une femme qui s’élancera dedans... étant davantage susceptible de s’engoncer dans un cockpit refait à neuf et fort étroit entièrement revu par Fossett lui-même, qui n’était pas particulièrement svelte pourtant. Pour l’instant, on ne connaît pas le nom de la belle à ne pas avoir froid aux yeux. Tout le monde songe à la reine de l’Indy Car, Danick Patrick, première femme a avoir gagné une course de monoplace, au Japon. Mais rien n’est sûr, d’autres jolies pilotes de Nascar pourraient aussi s’allonger dans le baquet, telle Sarah Fischer, autre casse-cou notoire au doux minois.
Quant à savoir ce qui s’est passé exactement l’enquête sur les débris retrouvés près des lacs Minaret (dans la région de Mammoth Lakes) va pouvoir le dire exactement. Et clore ainsi les rumeurs idiotes qui n’avaient évidemment pas cessé depuis sa disparition. La plus nébuleuse et la plus stupide étant ce racontar véhiculé sur le net comme quoi il aurait disparu sans laisser de tracer car étant criblé de dettes, et en prime désireux d’aller refaire sa vie avec une jeunette rencontrée il y a quelque temps. Des individus plutôt tordus précisant même le lieu de sa nouvelle villégiature idyllique, celle d’une île de naturistes fréquentée paraît-il par le patron de Virgin : le lot commun des tabloïds anglais quoi. La totale. Ou pire encore avec les sempiternels petits hommes gris censés habiter pas loin du lieu du crash. Des inepties sans nom, Fossett ayant une vie maritale sans accrocs depuis des années et n’étant pas spécialement porté sur la gaudriole.
En fait, à vrai dire ces rumeurs n’ont jamais été anodines. Lorsqu’on entend au début des recherches une personne clamer ce qui suit on se dit qu’effectivement il aurait pu y avoir dissimulation de catastrophe aérienne : "j’effectue ce genre de recherches et de sauvetage depuis 14 ans, Fossett aurait dû être retrouvé depuis bien longtemps", a déclaré le lieutenant-colonel Cynthia Ryan au au journal britannique Daily Telegraph. Apprend-t-on en octobre 2008. "Nous avons trouvé six autres avions pendant nos recherches, nous sommes très forts dans ce que nous entreprenons". Effectivement, personne n’avait pu prévoir pareille disparition : or, les débris retrouvés son infinitésimaux, et les nombreux passages de C-130 de l’Air Force ou des petits avions privés n’auraient rien pu déceler à moins de survoler pile à l’aplomb les débris éparpillés (façon puzzle diront certains). En fait, la personne chargée des recherches, on l’apprend bien après, avait aussi été appointée par un cabinet d’assurances de la Lloyd’s, qui avait lui-même via son porte parole Robert Davis, répandu partout cette méchante rumeur d’une fuite du milliardaire en raison de problèmes financiers inventés de toute pièces, ceci évidemment fin de ne pas avoir à payer à sa veuve une assurance assez croquignolesque. La Lloyd’s était censée en effet verser 35 millions d’euros d’assurance-vie à la famille de Fossett, essentiellement à sa femme Peggy. La désinformation est devenue un des arguments massue des assureurs : la disparition de Fossett le prouve par l’exemple : l’un des principaux investigateurs à tout fait pour ne jamais retrouver ses restes, dûment appointé par la compagnie d’assurances ! Or, dans le secteur, un bon nombre de pilotes ont disparu sans jamais avoir été tout de suite retrouvés, comme le frère de Jeanne Pyle, Ernest Glenn Munn, disparu lors d’un vol d’entraînement le 18 novembre 1942 au même endroit. Son corps avait été retrouvé le 13 mars 2006 seulement, momifié et congelé, un peu plus loin que les vestiges de son bel AT-7 Navigator crashé. L’homme avait dû être éjecté, et l’avion découvert en 1947 déjà avait vu ses trois occupants décédés retrouvés à bord enterrés ensemble par l’Air Force, qui n’avait pas signalé le quatrième corps manquant ! L’autre cas étrange étant celui de Charles Ogle, disparu à bord de son Cessna 172 en 1964 et toujours recherché depuis par son fils. Sean Cronin, un pilote d’Orion P-3 (avion de recherche maritime) l’aide de même depuis plusieurs années sans succès cependant. Les recherches menées pour retrouver Fossett avaient détecté jusqu’ici huit épaves inconnues, mais pas celle de l’avion d’Ogle.
L’examen rapide des débris de l’avion de Steve Fossett retrouvés semblait plutôt montrer que l’on avait bien eu une panne de moteur subite et grave, du type éclatement de piston (une photo des débris semble accréditer la thèse) suivi d’une chute vertigineuse sans moyen de s’en sortir pour le pilote : l’avion avait beau être certifié acrobatie, sans moteur il se transforme vite en pierre qui tombe et rien d’autre, ce n’était pas un planeur. "It was a hard-impact crash, and he would’ve died instantly," said Jeff Page, emergency management co-ordinator for Lyon County, Nevada, who assisted in the search. Most of the fuselage had disintegrated, with engine parts scattered over a debris field stretching about 150ft (46m) by 400ft (122m).Search teams combing the site found more personal effects and what they described as a bone fragment, measuring 2 inches (5cm) by 1.5 inches (2.5cm)". Fossett n’avait pas de parachute à bord, comme beaucoup d’utilisateurs d’avions privés. L’engin volait semble-t-il assez haut, pour passer les sommets avoisinant et aurait donc impacté après une longue chute, et ce, avec une violence inouïe, tuant sur le coup pour sûr son occupant. Et laissant le monde sans nouvelles sur son sort. Une balise radio existe bien sur ce genre d’appareil (voir la photo en bas de ce texte), mais elle doit être activée par le pilote, ce que visiblement Fossett n’a pas eu le temps de faire. Le corps de ce dernier aurait ensuite était dévoré par des animaux de passage, des cougars errants ou des ours, très communs dans le coin, l’enquête en cours le montrera peut être avec davantage de précisions. Mais sa disparition mystérieuse nous en a rappelé aussi une autre, que nous vous compterons en détail dès demain si vous le voulez bien. Dans ce second cas, on ne retrouvera plus jamais rien, c’est toute la différence avec ce qu’on a retrouvé aujourd’hui de Steve Fossett. Pour les recherches, il faut savoir également que toute une communauté d’internautes avait vainement cherché sur le net sa trace sur Google Earth, à partir de mise à jour de vues aériennes, auxquelles votre serviteur avait participé entre deux réponses nocturnes au forum d’Agoravox. J’étais parti davantage vers le Sud, mais beaucoup plus bas et n’avais trouvé que des épaves déjà répertoriées ou des rochers pouvant évoquer la forme d’avions, qui ont été l’objet de débâts intenses au sein des chercheurs, vous l’imaginez bien.
Auparavant, soulevons également le problème des projets laissés en plan par cette disparition précoce : on l’a vu, celui du record du monde de vitesse sur terre, mais aussi un autre étonnant projet qui nous relie à ce que décrivions à propos de Jacques Piccard disparu la semaine dernière. Fossett avait en effet apporté son support financier à un projet secret de... sous-marin, très original, le Deep Flight Challenger . Lui aussi voulait aller visiter le fond de la fosse des Mariannes dont je vous parlais avant hier. "In 1960, the U.S. Navy sent a bathyscaphe, the ’Trieste,’ down to the bottom," said Karen Hawkes, Graham’s wife." That was essentially a big underwater balloon. No one has been back since. No one has a submersible capable of diving to 36,000 feet - except this one" rappelle aujourd’hui la femme de son inventeur. Pour cela il avait été approché par Graham Hawkes, d’Ocean Technologies, l’inventeur d’un engin mi sous-marin mi-avion, susceptible de plonger profond, très profond. Le projet était sans ambiguïté sur son but " : the Hawkes say they were four weeks away from launching the "Deep Flight Challenger" when news came of Fossett’s disappearance. The submersible is now owned by the explorer’s estate, and Hawkes is unsure whether it will ever get to make its historic dive." Etonnante découverte, avouons-le : jusqu’à cette date, Steve Fossett n’avait parlé que d’une possible tentative de record de vitesse en voiture-fusée avant de disparaître à jamais. Il avait beau être milliardaire, il n’avait vraiment aucune envie de s’ennuyer.
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