On nous doit plus que la lumière

Alors que le gouvernement français s’entête à garder un nucléaire dépassé et dangereux, l’innovation s’invite dans le débat énergétique, ouvrant la porte à des solutions de plus en plus rentables et originales.
Sur le chapitre photovoltaïque, les panneaux au silicium amorphe sont concurrencés par la nouvelle technologie Graëtzel, qui s’inspirant du système chlorophyllien, produit de l’électricité.
Cette invention permet de baisser quasi de moitié le cout de la production, mais aussi, par sa simplicité, d’utiliser des matériaux souples, voire transparents. lien
Mais il y a aussi le « spray photovoltaïque ».
Ce sont les japonais de l’entreprise « Mitsubishi Chemical Corp » qui, dans le sillage de la catastrophe de Fukushima, viennent de mettre au point cette technologie solaire.
Ces nouvelles cellules ne permettent de convertir que 10,1% du rayonnement solaire en énergie, mais vise un rendement de 15% d’ici 2015, voire 20% à terme.
L’encre photovoltaïque a l’avantage de pouvoir être pulvérisée sur des structures courbes, ou souples, comme les habits par exemple, la carrosserie d’une voiture. lien
Ailleurs, tout comme Newton découvrant les lois de la gravitation à la suite de la chute d’une pomme, un jeune américain de 13 ans, Aidan Dwyer, en randonnée dans les montagnes Catskill, s’inspira du schéma de disposition des branches et feuilles de chêne, pour améliorer la production photovoltaïque.
Il vient d’inventer ce que l’on pourrait appeler un « arbre solaire » pour lequel il a obtenu le Young Naturaliste Award 2011 décerné par « l’American Museum of Natural History ».
Peut-être verrons-nous bientôt, le long de nos routes, des arbres solaires ? lien
En Espagne, la centrale solaire Gemasolar a été inaugurée le 4 octobre 2011 avec l’originalité de produire de l’électricité la nuit autant que le jour, alimentant 25 000 foyers (lien) et en Allemagne, avec ses 333 000 modules photovoltaïques, 3 jours plus tard, la plus grosse centrale photovoltaïque du monde a été inaugurée. lien
Mais quittons provisoirement le solaire pour nous tourner vers d’autres innovations.
La fabrication de carburant en est l’une d’elles et dans ce domaine, l’imagination ne connait pas de limites.
Considérant, avec raison qu’il faut résoudre le problème du CO2, l’entreprise BSF à choisi de récupérer celui-ci, et en l’utilisant pour « nourrir » des algues, fabrique du pétrole artificiel, ainsi que de multiples produits ou sous produits à forte valeur ajoutée, comme des acides gras essentiels de type omégas 3, oméga 6…augmentant ainsi la rentabilité de l’opération. vidéo
La première usine pilote est installée à Alicante, en Espagne, et nul doute qu’elle va bientôt faire des petits. lien
On ne peut que conseiller aux Bretons de se pencher sur la question, eux qui sont aux prises avec un problème d’algues, et qui pourraient ainsi habilement tirer profit d’une situation délicate.
Toujours sur le même chapitre, Il faut savoir que les huiles de cuisson usagées, et les huiles de poisson sont la plupart du temps incinérées, provoquant un gâchis énergétique considérable.
Les portugais ont lancé le projet novateur « LIFE » transformant l’huile de cuisine usagée en biocarburant, obéissant ainsi à une directive européenne qui exige que les entreprises de restauration traitent ce problème.
Pour l’instant le projet est limité à la petite ville d’Oeiras et il a permis d’économiser 4000 euros, faisant baisser les émissions de dioxydes de carbone, et de CO2. lien
La Tunisie, pourtant productrice de pétrole, (lien) a développé un projet identique, permettant d’économiser près de 6000 tonnes de gasoil (lien) mais en France, à l’ile d’Oléron, on en est encore aux applications limitées, à l’initiative de quelques citoyens responsables. lien
Il y a plus insolite : Il s’agit de biocarburant produit à partir des graisses humaines.
C’est Lauri Venoy, un industriel norvégien, qui a soulevé le lièvre en obtenant l’autorisation de récupérer les 11 500 litres de graisse humaines issues de la liposuccion, produites par un hôpital à Miami chaque semaine, ce qui représente 560 000 litres de biodiesel par an. lien
Ce n’est pas anecdotique car si on élargissait cette opération à tous les établissements hospitaliers de France et de Navarre, cela pourrait représenter une quantité de pétrole considérable, sachant que notre pays comptait déjà il y a 10 ans, 4 millions d’obèses, et 16 millions de personnes en surpoids et que la situation ne s’est pas arrangée depuis. lien
Plus surprenant, c’est ce Japonais, qui, utilisant les excréments du conducteur d’une moto, la « toilet Bike Neo », fait avancer celle-ci. lien
Mais on peut aller plus loin : le méthane fabriqué, issu de l’activité animale, pourrait couvrir théoriquement tous les besoins en carburant du pays, poids lourds compris, coupant définitivement la dépendance avec le pétrole, et améliorant la balance commerciale du pays.
Sachant qu’une tonne de fumier produit près de 100 m3 de biogaz, et que les 500 000 chevaux du pays en produisent plus de 4 millions de tonnes, les seuls chevaux de notre pays pourraient produire annuellement près de 400 millions de m3 de biogaz, soit ¼ MTEP (millions de tonnes équivalent pétrole). lien
Si on y rajoute la production des vaches françaises, des cochons, voire des poulets, on imagine l’importance du potentiel énergétique français dans ce domaine.
Les américains ont constaté que 13 vaches produisaient toute l’électricité nécessaire pour une maison (lien) du coup, les vaches françaises qui sont 7,6 millions pourraient fournir toute l’électricité nécessaire à près de 600 000 foyers, alors que près de l’ex Superphénix, un agriculteur, Maurice François, à produit pendant 20 ans, 160 m3 de méthane par jour, générant plus d’électricité avec du lisier de porc que l’ex centrale nucléaire, résolvant par la même occasion les problèmes d’odeur et de nitrate, sans oublier pour autant la chaleur récupérée. lien
Même les canards s’y mettent, et en Dordogne, on s’est mis à faire du biodiésel avec la graisse de canard. vidéo
Mais d’autres sources de production de méthane sont possibles, et en Aquitaine on s’active pour produire de l’énergie issue de la biomasse utilisant entre autre la rafle et la canne de mais, mais aussi la paille de blé, le marc de raisin et le bois.
Le projet définitif pourrait atteindre le 1/3 de la puissance d’un réacteur nucléaire, le danger en moins. lien
Même si aujourd’hui un surcroit d’intérêt se porte sur la production de méthane, les progrès sont timides et il faudra attendre 2020 pour que la production de méthane puisse atteindre 175 gigawattheures, ce qui reste très éloigné du potentiel national. lien
Tournons nous vers l’énergie hydraulique.
L’hydrolienne, nouvelle venue sur ce chapitre, ouvre la porte à de nouveaux espoirs, et celle qui vient d’être immergée (3 autres suivront bientôt) au large du coté de Paimpol, promet pour 40 millions d’euros de fournir l’électricité à 2 à 3000 foyers. lien
Au-delà de ces technologies, l’hydraulique traditionnel pourrait être remis en selle, soit avec la modernisation de l’existant, mais surtout avec les microcentrales.
En Suisse, une microcentrale, celle de Rüti, tout en respectant les poissons et les pécheurs, produit environ 2,3 GWh de courant électrique, de quoi répondre aux besoins de 400 ménages, et l’énergie produite est consommée sur place évitant ainsi les déperditions, et les vilaines lignes THT. lien
En France, même si le phénomène est rare, il existe aussi des microcentrales, (picocentrale) comme celle qui, dans les Alpes Maritimes, fournit l’électricité (hors chauffage) à 800 habitants avec un retour sur investissement en 6 ans. lien
Il existe dans notre pays 3000 petites centrales, souvent mal exploitées, et qui pourraient représenter 3700 MW. lien
Ne parlons pas des barrages, parfois en mauvais état, alors que cette énergie est la moins chère de toutes, ne fournissant aujourd’hui que 15% de la production française. lien
Avec un débit contrôlé, des passes à poisson, voire à canoë, une filtration des déchets flottants, et un meilleur respect du cours du fleuve, un projet hydraulique d’aujourd’hui 70 TWh/an avec sa puissance installée de 25 000 MW, pourrait avec des turbines de la dernière génération accroitre de 30% la production d’énergie. lien
Parallèlement, DCNS (entreprise qui a réalisé l’hydrolienne de Paimpol) et Fortum, qui veut aussi moderniser le parc hydraulique français, vont lancer un projet commun d’ici la fin de l’année afin de produire de l’énergie à partir des vagues. lien
Et puis il y a le vent.
Dans ce domaine aussi, l’innovation s’invite.
La catastrophe de Fukushima donne des ailes aux chercheurs japonais de l’équipe du professeur Ohya, qui viennent de mettre au point une turbine éolienne appelée « lentille éolienne », dont le rendement pourrait être multiplié par 3.
Ils ont le projet d’installer en mer une éolienne d’une puissance de 500 MW. lien
En France, l’autocrate présidentiel n’a toujours pas compris que le nucléaire était fini, et dépense des fortunes à rafistoler des vieilles centrales, ou a en construire de nouvelles, même si l’ardoise de l’EPR finlandais à été plus que multipliée par 2, et si par contrat, ce sont les français qui payeront le dépassement, soit 3,6 milliards d’euros. lien
Car comme dit mon vieil ami africain : « toute vérité passe par 3 étapes, d’abord on la ridiculise, puis on s’y oppose, et enfin on considère qu’elle a toujours été évidente ».
L’image illustrant l’article provient de « last48hours.com »
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