Voilà une nouvelle de plus dans le champ de la 3D, qui suscite bien des convoitises. Ce sont les anglais qui avaient « tiré les premiers », si l’on peut dire, fin janvier. La chaîne Sky avait équipé neufs « pubs » pour permettre la diffusion d’un sommet du championnat, Arsenal-Manchester, en 3D. Histoire de tester le terrain (et, peut-être, la réaction au port des lunettes spéciales). L’une des têtes de Sky avait alors confirmé que « 2010, c’est l’année de TV en 3D », en se référant, évidemment, au succès d’Avatar de par le monde.
La nouvelle, on y vient, c’est celle de la diffusion de Roland Garros en 3D. Le sport, on le comprend, est un champ d’application spectaculaire pour la 3D (plus que pour Dr. House, je veux dire). Ce n’est pas comme si c’était une vraie première : Orange avait déjà captés plusieurs événements en 3D (du sport et de l’opéra). Techniquement, cette diffusion se fera sur un canal normal, c’est-à-dire non configuré exclusivement pour la 3D. Le flux envoyé serait lui aussi normal (pas en Full HD 120 Hz), chaque image contiendrait en fait deux images, avec une définition de moitié en largeur. C’est le téléviseur 3D (un Panasonic Viera VT20) qui s’occupera alors de découper de flux pour permettre l’affichage en 3D, mais sur des résolutions assez petites (au mieux 960 x 1080 px).
Une image en contiendrait deux… voilà, pour ce qui m’intéresse aujourd’hui, un sacré obstacle technique si l’on veut que la 3D atteigne un marché de masse : par quels tuyaux toutes ces données vont-elles passer ? Ne croyez pas qu’un ADSL suffira, cette techno vieillissante commence déjà à montrer ses limites. Pour vous donner un ordre d’idée, les images actuelles d’une TV HD exigent un débit de 10/15 mégabits/seconde… c’est déjà beaucoup pour le fil de cuivre, preuve en est les nombreux « sauts » que l’on subit sur les matchs de foot ou les séquences de films plus intenses. La TV 3D, elle, exige un minimum de 50 à 90 mégabits/seconde pour produire en simultané les 9 images HD nécessaires. Excusez du peu, mais il va falloir agrandir les tuyaux, et pas qu’un peu.
Les solutions actuelles sont au nombre de trois :
* le satellite. Le gros problème de cette techno, c’est l’abonnement prohibitif, compter près de 150€ au vu des restrictions de débit et de quotas de volume pour les forfaits de base. Les deux chaînes vraiment 3D existantes, ESPN 3D et DirectTV 3D, aux Etats-Unis, passent par satellite avec une bande passant dédiée à cet usage. On peut donc supposer que ce ne sera pas le meilleur moyen d’atteindre un public de masse (on attend 20 millions de foyers connectés 3D dans le monde en 2013)
* la fibre. Avec seulement 60 000 abonnés FTTH/FTTB et un retard de la France dans le déploiement (on remerciera Orange d’avoir mis en sommeil ce développement pendant deux ans avant de se réveiller au début de l’année en promettant 2 milliards d’investissements), le marché de masse est encore loin.
* le câble. Avec près de 200 000 des 250 000 abonnement très haut débit recensés en France (Clubic) et les meilleurs débits, c’est encore la meilleure option pour la 3D, reste, évidemment, le problème de l’éligibilité.
Conclusion : Orange sur la 3D, avec ses 33 000 abonnés fibre, a encore du chemin à faire, sauf à donner de faux espoirs à ses abonnés ADSL.