Orange : fin des lignes fixes, tensions avec Free et ambitions dans le Cloud
Il y a eu des rentrées plus calmes que celle d’Orange. L’ex-France Télécom a en effet connu un mois de septembre des plus animés. D’une part, Orange a confirmé la mise en place de son plan visant à mettre un terme aux lignes fixes. Suite à cette déclaration, l’opérateur historique a eu maille à partir avec Free. Enfin, Orange a affiché sa volonté de s’imposer comme un acteur majeur du Cloud, de quoi confirmer sa récente acquisition.
La fin des lignes fixes, source de tension avec Free
Orange ne propose plus de lignes fixes sans box internet
C’est un fait, les technologies évoluent avec leur temps. Le réseau téléphonique commuté (RTC) a donc vu son heure arrivée. La technologie, que les télécoms emploient depuis le XIX° siècle, a effectivement fait son temps. Le RTC a d’ailleurs déjà vu lui succéder le réseau cuivré, lui-même petit à petit supplanté par la fibre optique. Alors que l’entretien des infrastructures du réseau téléphonique commuté est onéreux, Orange a donc décidé d’opérer un changement. Afin de moderniser le parc des télécommunications, dont le RTC, désormais obsolète, fait partie, le plan de fin des lignes fixes est enclenché. Comme annoncé à travers l’annonce de la directrice générale d’Orange France, l’opérateur ne proposera plus l’ouverture de ligne exclusivement téléphonique sans passer par internet. Cette mesure, prévue depuis plusieurs années et validée par l’autorité de régulation des communications électroniques et des postes, sera effective cet automne.
Jusqu’à maintenant, l’opérateur et fournisseur d’accès à Internet proposait un abonnement téléphonique seul. Cette offre, encore disponible au prix de 17,96€, permet simplement d’obtenir une ligne téléphonique. Pour ce prix, les communications ne sont alors pas comprises dans l’abonnement. En fonction du volume d’appels souhaité, il est alors possible d’opter pour un abonnement plus ou moins onéreux. Pour deux heures d’appels par mois, la facture est ainsi de 23,99€, contre 39,99€ pour profiter des appels illimités. Au niveau du tarif, il semblerait donc que cette évolution soit avantageuse pour les consommateurs. C’est d’autant plus le cas que la création d’une simple ligne téléphonique s’élève à 55€. À compter du 15 novembre, les usagers seront désormais obligés de souscrire à une box internet pour ouvrir une ligne fixe. Selon l’éligibilité, l’abonnement pour alors être souscrit en version ADSL ou fibre optique.
Qu’implique la fin des lignes analogiques classiques ?
C’est peu de dire que l’annonce d’Orange a suscité l’inquiétude auprès de nombreux particuliers. Si les utilisateurs du réseau téléphonique commuté sont en minorité sur le territoire, ils n’en restent pas moins nombreux. Quelques 5 millions d’utilisateurs seraient effectivement concernés. L’opérateur assure toutefois que ce nombre est en constante diminution. Chaque année, près de 800 000 lignes exclusivement téléphoniques seraient ainsi résiliées selon Fabienne Dulac, directrice générale d’Orange France. Que les derniers usagers de ces lignes se rassurent, la démarche initiée par Orange n’a pas pour finalité de les priver de service. Seules les nouvelles souscriptions sont effectivement concernées.
Pour les foyers profitant déjà de ce système, les répercussions n’existent pas encore. C’est au fil des années qu’Orange entend moderniser le parc téléphonique pour progressivement faire disparaitre le RTC. Et ce n’est pas avant 2023 que ces anciennes installations seront délaissées. Selon les prévisions, c’est en effet à partir de cette année-là que le réseau téléphonique commuté devrait être progressivement remplacé par l’internet protocole (IP). Les jours sont donc encore nombreux avant que les usagers ne soient confrontés à ce changement.
Free : des mails opportunistes qui contrarient Orange
Si certains usagers ont directement commencé à s’inquiéter à l’annonce d’Orange, d’autres ont reçu une petite aide à cet effet de la part de Free. Le fournisseur d’accès à Internet, filiale d’Iliad et concurrent d’Orange, a en effet adressé à ses clients un mail pour le moins tendancieux. Dans ce dernier, l’opérateur de Xavier Niel invite en effet ses clients en dégroupage partiel à le rejoindre. Il faut en effet savoir que certains clients Freebox sont en dégroupage partiel. Cela signifie qu’ils sont à la fois titulaires d’un abonnement internet chez Free et d’un abonnement téléphonique chez Orange. Dans son mail, Free incite donc ses clients Freebox en dégroupage partiel à passer en dégroupage total. Forcément, l’idée suggérée par Free n’est pas passé du côté d’Orange. Le fournisseur d’accès à Internet a en effet rapidement fait part de son mécontentement à Free.
L’ex-France Télécom a tout bonnement avancé le fait que les déclarations de Free étaient fausses, arguant que la filiale d’Iliad évoquait une interruption de service qui n’existerait pas. Pour apaiser la polémique, Free a donc envoyer un mail correctif à ses clients, afin de clarifier la situation. C’était toutefois sans compter sur le manque de transparence du message envoyé. Si le mail confirmait qu’il n’y aurait aucun impact sur les offres souscrites auprès d’Orange, l’ex-France Télécom estimait que la formulation n’était pas assez explicite. Orange souhaitait en effet accentuer le fait que ni les services d’Orange ni ceux de Free ne seraient impactés. Free a donc mis en place une ultime campagne d’e-mailing afin d’éviter les poursuites en justice dont le menaçait Orange.
Orange sur un nuage, l’entreprise fait cap sur le Cloud
Orange mise sur le Cloud et acquiert Basefarm
Au cours de l’été, Orange a officialisé l’acquisition de l’un des acteurs majeurs du secteur spécialisé des services Cloud. Alors que l’opération était déjà dans les tuyaux, l’autorité de la concurrence a donné son aval au mois d’août. À travers son entité Orange Business Service, l’entreprise a donc développé son activité dans le domaine de manière significative. Basefarm est en effet une référence dans les services Cloud. Fondé au début des années 2000, ce spécialiste du stockage de données s’est déployé dans l’Europe pour être présent en Norvège, Suède, Allemagne et Autriche notamment.
Alors qu’Orange dispose déjà d’une certaine expérience dans le cloud, cette acquisition va être l’opportunité de s’affirmer dans ce secteur. Orange est pourtant déjà bien implanté à ce niveau, en témoigne les 18% de croissance de son activité OBS au premier semestre 2018. Avec notamment des ingénieurs dédiés à cette activité, l’entreprise française va pouvoir acquérir de l’expérience et bénéficier du savoir-faire de Basefarm.
Partenariat avec Amazon : les ambitions d’Orange dans le Cloud
Fort de son acquisition récente, Orange surfe sur sa dynamique pour mettre l’accent sur son développement. Au programme, c’est notamment la mise en place de partenariats qui vise à impulser le développement de la structure. En ce sens, Orange Business Services a déjà noué un partenariat avec Microsoft au mois de juin. Quelques mois plus tard, le 18 septembre, Orange vient d’annoncer l’officialisation d’un autre partenariat, cette fois-ci avec Amazon Web Services. Cette place forte du cloud d’infrastructure à l’échelle mondiale n’est toutefois pas la dernière collaboration d’OBS. L’activité d’Orange dédiée à la gestion de données et de services informatiques s’entoure en effet de multiples acteurs.
En plus d’Amazon et Microsoft, d’autres figures de proue de la gestion de données ont été approchées par Orange. De fait, le géant français fait partie d’une alliance constituée d’acteurs européens et asiatiques : la Cloud Alliance. Aux côtés d’Orange, on retrouve ainsi Telefonica, une multinationale espagnole spécialisée dans les télécommunications. T-Systems, entreprise allemande, est également membre de l’alliance et apporte son expertise des services informatiques. Du côté des acteurs asiatiques, on retrouve l’opérateur japonais NTT ainsi que Huawei. Le géant chinois, qui est un constructeur de smartphone, dispose aussi d’activités dans la création de solutions informatiques. L’un des principaux avantages de ces partenariats est que l’alliance utilise une plateforme développée par Huawei, plateforme qui tend à s’imposer du fait de ses nombreux avantages. OpenStack pourrait ainsi devenir la référence, étend notamment plus facile à protéger que les solutions d’Amazon ou Microsoft.
Une ambition appuyée par des chiffres éloquents
Bien entendu, l’acquisition de Basefarm et les divers partenariats signés par Orange ne sont pas des finalités. Pour se donner les moyens de ses ambitions, Orange est donc prêt à investir. L’entreprise française pourrait ainsi recruter pas moins de 300 spécialistes des services informatiques et du Cloud. Cette vague de recrutement considérable est un réel investissement pour Orange. Alors qu’OBS n’a pas encore atteint son seul de rentabilité, l’activité espère parvenir à cet équilibre pour l’horizon 2020.
Outre l’important recrutement qui se profile en interne, Orange peut se targuer d’autres chiffres colossaux. En plus de ses 10 datacenters présents en France, Orange en dénombre une cinquantaine à travers le monde. Ces infrastructures sont notamment aux États-Unis et à Singapour.
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