Où va l’humanité ?
Pour définir le point d’aboutissement de l’histoire humaine, il faut considérer très simplement qu’elle est une collection d’individus recherchant la satisfaction de leurs désirs et l’évitement de la douleur. L’accélération des progrès scientifiques et médicaux permet alors d’envisager le probable futur humain, qui n’est pas dans la conquête des étoiles.
Partons de quelques constats simples pour aboutir à une conclusion logique.
1er constat :
L’être humain, comme tous les êtres vivants, est une machine physico-chimique à survivre et à se reproduire. Si tel n’était pas le cas, nous ne serions pas là après des milliards d’années d’évolution et de tribulations.
2ème constat :
La programmation pour la survie et la reproduction est constituée par les désirs. (d’autres appeleraient ça l’instinct, souvent employé à propos des animaux).
Le désir est par définition la projection future d’une récompense, le plaisir (ou le bien-être, ou la fin de la douleur, ce qui revient au même).
3ème constat :
Les êtres vivants, l’être humain, pour suivre leurs désirs et arriver au plaisir (ou à la fin de la douleur) doivent mettre en place des stratégies plus ou moins complexes. L’aptitude à élaborer ces stratégies est grosso modo ce qu’on appelle communément intelligence.
Ainsi l’homme et les animaux passent leur vie entière à élaborer des stratégies pour arriver au plaisir et éviter la douleur. C’est leur raison d’être. Tout, absolument tout dans leur vie peut être décrypté à travers ce principe. Même les buts les plus altruistes, les desseins les plus grandioses sont sous-tendus in fine par la recherche d’un plaisir. L’être vivant et l’homme en particulier, ne peut pas y échapper, il est construit comme ça. La recherche du plaisir et l’évitement de la douleur ont été les moteurs de l’humanité depuis la nuit des temps. Les stratégies individuelles ou collectives, complexes, pour y arriver se sont appelées et s’appellent encore exploration, religions, civilisation, culture, technologie, science.
4ème constat :
La douleur et le plaisir/bien être étant sous-tendus par des processus physico-chimiques, rien ne s’oppose à ce qu’un procédé technologique suffisamment élaboré supprime la première et provoque le second. On connaît déjà des procédés chimiques (médicaments, stupéfiants), encore très imparfaits.
5ème constat :
La progression scientifique et médicale est exponentielle. Des procédés physiques ayant un impact neurologique (électromagnétiques, nanotechnologies) commencent à poindre pour les prochaines dizaines d’années.
Au vu des immenses progrès scientifiques actuels, on peut extrapoler qu’il y aura bientôt un moment charnière ou l’humanité disposera des moyens technologiques pour simultanément :
- supprimer totalement douleurs et angoisses, y compris existentielles,
- générer du bien-être intense et renouvelable à volonté, sans les terribles effets secondaires des stupéfiants actuels ( par exemple par une "coiffe à plaisir" ).
A partir de ce moment, l’humanité n’aura plus besoin de stratégies.
En effet, à quoi bon aimer quitte à souffrir, explorer quitte à se mettre en danger, inventer ou construire quitte à faire des efforts, quand il est tellement plus simple et plus intense de se brancher à sa "coiffe à plaisir", et d’y rester. Les plaisirs apportés par l’amour seront devenus superflus. L’excitation suscitée par l’exploration sera devenue terne. La peur de la mort et de la vieillesse, la douleur de la maladie auront disparu. L’illusion de s’immortaliser ou de donner un sens à sa vie à travers la construction et la famille disparaîtra. Le désir d’enfant n’aura plus d’objet.
Au début, une minorité pourra resister à ces attraits artificiels, au nom de la liberté ou de la grandeur humaine. Mais cette vague technologique ultime finira par tout submerger après être entrée dans les moeurs. Et l’humanité s’arrêtera. Ce sera la fin de l’Histoire humaine car les moteurs ultimes que sont la recherche individuelle du plaisir et l’évitement de la douleur seront devenus inopérants. Dans 50 ans, 100 ans, 500 ans ? Impossible à dire, bien sûr. Mais l’humanité n’ira probablement jamais dans les étoiles. Elle s’arrêtera dans une juxtaposition généralisée de masturbations individuelles, car les moyens en seront disponibles bien avant ceux nécessaires aux voyages interstellaires.
Il lui suffira de disposer d’une Terre avec les infrastructures suffisantes pour pouvoir "brancher" tout le monde et ainsi assurer une totale et ultime stabilité politique nécessaire à la généralisation du processus. Les considérations écologiques et politiques seront alors seulement subordonnées à ce besoin.
Jusqu’à possible extinction de l’espèce humaine par non-renouvellement.
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