Révolution dans les Télécoms : ce que le rachat de Motorola par Google va changer
Google a annoncé lundi 15 août dans un communiqué le rachat de Motorola. L’opération qui devrait lui couter 12,5 milliards de dollars, permet à Google de faire l’acquisition, pour la première fois, d’une entreprise de hardware (fabrication de mobile) et non plus de services comme elle en a l’habitude de le faire. Elle accroit ainsi son écosystème dans l’univers de l’Internet Mobile et se pose ainsi en concurrence frontale avec Apple. Ce qui devrait participer à bouleverser ce marché dans les prochaines années.
Un meilleur positionnement dans l’Internet mobile
Ce rachat permet à Google de faire son entrée dans le domaine des terminaux mobiles alors que jusqu’ici l’entreprise s’était exclusivement concentrée sur les offres de services sur Internet (Google, Youtube, Androïd, etc). Même si la firme a déjà sorti deux téléphones sur le marché (le Nexus et le Nexus S), ils étaient dans les deux cas produits par Samsung. Ce rachat change donc sa stratégie, alors qu’elle avait toujours affirmé que le métier d’équipementier n’était pas son métier, et lui permet de travailler plus en amont (dès la conception des téléphones) afin de mieux vendre ses outils de services sur Internet. Les analystes pensent notamment que cette acquisition a pour but essentiel de toujours mieux vendre ses services Internet en ayant un meilleur contrôle de bout en bout. Mais les marchés boursiers ont sanctionné cette nouvelle stratégie, jugée assez flou, qui pourrait d’après eux avoir un impact négatif sur son développement.
Une guerre des brevets
Google ne s’en est pas caché lors de la publication du communiqué de rachat : « Notre acquisition de Motorola va dynamiser la concurrence en renforçant le portefeuille de brevets de Google, ce qui nous permettra de mieux protéger Android des menaces anticoncurrentielles de Microsoft, Apple et d'autres compagnies », écrit Larry Page, le fondateur de la firme. Une guerre pour protéger ses brevets (et donc ses produits) sévie ainsi depuis plusieurs mois entre les différents acteurs de l’industrie Telecom : c’est à celui qui attaquera en justice le premier ses concurrents afin de l’empêcher de commercialiser dans la zone concernée son produit. Et Apple est un des principaux responsable de cette situation : en étant la première entreprise à avoir lancé de multiples actions en justice (comme celle qui a récemment permis de faire interdire la tablette Samsung Galaxy Tab jugée par un tribunal allemand trop proche de son Ipad). Avec le rachat de Motorola, Google fait l’acquisition de 17000 brevets dans le marché du mobile et 7500 autres sont en cours d’approbation, ce qui devrait lui permettre de mieux protéger son système d’exploitation Androïd face à la concurrence. Le but étant de créer et maitriser un écosystème complet (de la conception du téléphone à la vente d’applications) et de protéger ce dernier de la concurrence à l’aide des fameux brevets.
Une redistribution des rôles pour les acteurs Telecom
Mais à ce petit jeu Google va devoir faire attention : en mettant la main sur un équipementier et en reconnaissant ainsi son ambition de ne plus se consacrer uniquement au métier du « software », mais de passer aussi au « hardware »afin de mieux maitriser la chaine de conception de bout en bout (de la construction au consommateur), ses partenaires historiques pourraient bien aller voir la concurrence. En effet, ces derniers peuvent légitimement redouter qu’Androïd soit dorénavant développé essentiellement pour les mobiles de sa marque Motorola, et délaisse ses partenaires (au nombre de 39 au total). Samsung et HTC pourraient ainsi décider de s’allier avec Microsoft qui reste le dernier géant des mobiles à ne se consacrer uniquement à son système d’exploitation (Windows Phone) et ne pas avoir de marque de constructeur de terminaux mobiles. Les marchés boursiers ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et le prix de l’action Microsoft a ainsi monté suite à l’annonce de Google. La firme de Bill Gates avait d’ailleurs envisagé elle aussi le rachat de Motorola, ce qui peut expliquer que Google l’ait payé aussi cher. Microsoft pourrait envisager en contrepartie de racheter Nokia (ce qui risque de lui couter très cher), son récent partenaire depuis que les deux firmes ont conclu un accord pour que les téléphones Nokia soient équipés de Windows Phone. La firme RIM (qui commercialise les BlackBerry) se retrouve aussi bien seul et la chute de ses ventes pourrait bien l’amener à se faire racheter.
Le rachat de Motorola par Google montre bien que le secteur la téléphonie mobile est en train de connaitre un véritable bouleversement qui amène chaque acteur à se repositionner afin de ne pas être mis sur le côté dans un marché en pleine mutation : celui qui réussira à maitriser un écosystème complet et à le protéger à l’aide de brevets devrait sortir gagnant de cette révolution mobile. Après le lancement récent de Google+ pour concurrencer Facebook, Google confirme vouloir garder sa maitrise du Web. En tout cas la bataille s’annonce passionnante et les géants du marché tels qu’Apple, Google, Microsoft ou Samsung devrait continuer à s’affronter dans les prochaines années.
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