Un nouveau singe capucin sud-américain au seuil de l’extinction

Une équipe de chercheurs brésiliens vient de décrire scientifiquement une nouvelle espèce de singe du genre Cebus, ou sajous, encore appelés sapajous, ou singes capucins à cause de la coloration crânienne du plus répandu d’entre eux, Cebus apella.
La nouvelle espèce est nommée Cebus queirozi, en l’honneur de la famille Queiroz, détenteurs autant que défenseurs de l’aire de répartition très réduite, qui couvre trois zones forestières d’à peine 39 hectares au total, reliées par des marécages. Toutes les tentatives de localisation dans les zones avoisinantes s’étant avérées sans succès, la population totale du nouveau capucin s’élève en tout et pour tout à 18 individus. Autant dire que la survie de cette espèce ne tient plus qu’à un souffle.
Ces dernières années nous ont habitués à de nombreuses descriptions scientifiques de nouvelles espèces de primates, mais à quelques exceptions près, tel le mangabey de montagne ou kipunji, la plupart de ces nouvelles espèces sont en général des populations déjà connues, différant peu extérieurement, mais auxquelles on attribue un statut spécifique sur la base d’analyses comparatives de l’ADN. Ce n’est pas le cas de Cebus queirozi, qui se distingue extérieurement sans peine des autres espèces du genre.
Il est à noter qu’en raison de l’extrême rareté de l’animal, les descripteurs ont fait une chose extraordinaire en matière de description scientifique. Pour qu’une description scientifique soit valide, le code de nomenclature zoologique impose des normes de plus en plus strictes, l’une des principales (et des plus anciennes) étant le dépôt d’un spécimen de référence, appelé holotype, et d’éventuels spécimens complémentaires, appelés paratypes. Ces types sont conservés dans un musée et servent de base de travail et d’identification pour de futurs travaux naturalistes. Or, ici, les chercheurs ont désigné pour holotype un spécimen qui a été relâché après avoir été mesuré et photographié sous toutes les coutures, la vie même d’un seul individu étant bien trop précieuse pour la sacrifier sur l’autel de la science.
Un trait remarquable des sapajous devrait leur valoir bien plus de considération que celle, injurieuse quoique humoristique, du capitaine Haddock : en raison de leur intelligence, de leur docilité et de leur faible agressivité, les membres de l’espèce Cebus apella -avec les singes-écureuils du genre Saimiri- sont souvent dressés à servir de nounous aux handicapés, auxquels ils apportent une aide substantielle dans la vie de tous les jours, en plus d’une compagnie fort appréciée. Une utilisation encore peu répandue en raison de la durée et du coût d’un tel dressage, mais qui sait, un jour, Cebus queirozi sera peut-être lui aussi mis à contribution, si sa population croît substantiellement. Ce sera toujours mieux pour lui -et pour nous- que sa disparition.
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