Vers l’électricité locale
Une évolution pour les uns, une révolution pour les autres... La production locale d’électricité se présente néanmoins comme un passage obligé vers une meilleure gestion de l’approvisionnement énergétique.
Dans la course aux bonnes idées pour réaliser les économies d’énergie, une petite révolution fait son chemin dans les esprits : la production et la consommation locale d’électricité.
Ce qui semble a priori une évidence (à l’heure des éoliennes et des panneaux solaires) constitue en fait un bouleversement à plusieurs niveaux :
- Industriel : Les monopoles historiques sont fondés sur la centralisation de la prodution et la livraison de l’énergie. Bien sûr l’électricité est produite en plusieurs endroits, mais les entreprises la gèrent uniformément à l’échelle d’un pays.
- Technologique : Un tel système suppose que le réseau électrique soit capable de s’autoréguler afin d’optimiser les livraisons d’électricité selon les besoins. Un producteur serait en effet parfois débiteur ou créditeur en électricité, selon ses usages.
- Social : Produire l’électricité, cela implique de mesurer plus finement sa consommation. Cette nouvelle responsabilité aura forcément un impact (positif) sur la consommation.
Déjà,
l’état américain de Pennsylvanie a annoncé son intention de devenir
indépendant energétiquement. Plus près de nous, le récent plan environnemental dévoilé par le maire de Londres fixe un objectif de 25% d’électricité produite localement.
Il est vrai que, sur le papier, cette solution n’a que des avantages. Produire l’électricité au plus près de son lieu de consommation permet d’économiser sur le réseau de transport (et de diminuer ainsi les nuisances liées aux lignes électriques), de diminuer les pertes liées au transport (10% de l’électricité produite est perdue pendant le transport), et de responsabiliser le consommateur, en le faisant devenir producteur d’électricité.
Ainsi, des compagnies américaines bien connues (Google, Microsoft, et même Wal-Mart, en quête de rachat) se
sont engouffrées dans la brêche et annoncent des plans d’équipement en
panneaux solaires de leurs locaux. On ne peut que s’en réjouir, sans
oublier néanmoins que la fabrication des panneaux solaires
photovoltaïques rend cette source d’énergie plus polluante qu’elle n’en
a l’air. la prise en compte du cycle de vie totale des "sources
d’électricité" amène en effet au tableau suivant (voir l’analyse de cette page
du Jean-marc Jancovici sur www.manicore.org). Si on tient compte du
cycle de vie totale (fabrication de l’électricité ET de la centrale), le photovoltaïque émet plus de CO2 qu’on ne le pense...
Vers l’Electranet
Néanmoins, les sources de production locale d’énergie sont diverses et promettent un avenir radieux à ce nouveau paradigme de fabrication d’électricité. L’ex-futur président des USA Al Gore a popularisé cette innovation, qu’il appelle Electranet, dans un article de NewsWeek en début d’année 2007. Il imagine un réseau en maille, interconnecté, dont les noeuds seraient tour à tour client ou fournisseur d’électricité, selon les besoins du moment. Aux Etats-Unis, pays encore marqué par quelques grandes coupures d’électricité, un tel concept (initié à l’Electric Power Researh Institute sous le nom d’IntelliGrid) intéresse aussi par sa flexibilité.
Il est d’ailleurs mis en pratique dans une petite ville de l’Etat de Washington, Yakima. Le projet, appelé Gridwise, est mené en collaboration avec Whirlpool, IBM et un laboratoire US (le PNNL), qui fournissent les éléments électroniques de régulation du réseau. trois cents foyers sont ainsi connectés via un réseau intelligent qui distribue l’électricité en temps réel, l’alloue selon les besoins et la production de chacun, et qui évalue toutes les cinq minutes le prix de l’électricité. Les machines à laver peuvent donc décider toutes seules du meilleur moment pour démarrer une lessive !
La production locale d’électricité (éoliennes, solaire, géothermie) conjuguée à l’utilisation d’éléments intelligents dans le réseau électrique (routeurs) et en périphérie de ce réseau (appareils électroménagers) devrait ainsi permettre de diminuer à la fois la consommation et le coût de l’énergie. Les travaux du PNNL ont de plus montré que seulement 30% des usagers ont besoin d’être équipés pour qu’un effet bénéfique soit visible pour tous. Un scénario détaillé permet de simuler et de comprendre le fonctionnement d’IntelliGrid sur le site de l’EPRI.

Un système vertueux, ouvert, solidaire, qui permet à tous de faire des économies ? N’en jetez plus ! Il ne nous reste plus qu’à espérer qu’EDF (qui est partie prenante de l’EPRI) et AREVA (impliqué dans Gridwise) ne tardent pas à importer ce projet de ce côté-ci de l’Atlantique !
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