Vers un monde d’information liquide
Stockage liquide et encre RFID invisible... Gutenberg II ?
Imprimer l’information sur le monde en chair et en os, voilà après l’annonce du réseau pervasif celle de son écriture nouvelle. Le Web sémantique et multimédia qui s’annonce en ligne sera-t-il le précurseur d’un Internet ubiquiste, renseignant toute chose et incarnant le début d’une ère de communication globale ?
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Imprimer l’information sur le monde en chair et en os, voilà après l’annonce du réseau pervasif
celle de son écriture nouvelle. Le Web sémantique et multimédia qui
s’annonce en ligne sera-t-il le précurseur d’un Internet ubiquiste,
renseignant toute chose et incarnant le début d’une ère de
communication globale ?
Somark Innovation, jeune start-up américaine, a présenté une technologie d’encre RFID, sans composant électronique et biocompatible.
Cette nouvelle technologie RFID permet d’appliquer une empreinte biométrique synthétique sur les humains et les animaux là où auparavant il était nécessaire d’implanter une puce.
Invisible ou colorée, cette encre est annoncée sans danger pour l’homme et les animaux car ne contenant pas de métaux, et étant chimiquement inerte. Elle a été expérimentée avec succès sur des bovins dans le cadre de la lutte contre l’ESB - la maladie de la vache folle.
Procédé de marquage et applications
Un
applicateur équipé de micro buses géométriques imprime par collage ou
tatouage l’encre qui est contenue dans une capsule à usage unique. La
mise en place est effective après une dizaine de secondes de séchage et
la détection peut être opérée dans un rayon d’action d’environ 1,2
mètre.
Les applications peuvent être nombreuses et surtout restent encore à
imaginer, l’encre remplaçant par exemple un dispositif similaire sur
les animaux d’élevage et nos animaux domestiques pour lesquels
l’implant d’une puce est pratique courante. Les applications militaires
suivent bien entendu et on peut tout imaginer, montage de vos meubles
Ikea, traçabilité de l’alimentation, célébration de la domotique,
surveillance de tout et tout le monde partout , etc.
Un système de... tags
Le volume d’informations stockées dépend de la surface appliquée. Dans le cas des bovins, le département américain de l’agriculture a choisi un nombre de 18 chiffres, composé du 840 pour les Etats-Unis et d’un code unique réservé à l’animal.
Tag. Ou label, c’est le mot qui fait tilt ! lorsqu’en quelques secondes on fait le parallèle avec les tags tels qu’ils sont employés sur le Web et notamment dans les blogs et les outils gravitant autour. Le travail de dénomination a commencé sur le Web, les applications comme Technorati ou del.iocio.us catégorisent à chaque seconde une quantité d’information étourdissante dans l’inventaire d’une dilution du contenu. Demain, est-ce à l’établissement d’une nomenclature du monde physique qu’un système d’information universel va s’atteler ?
Monde de mémoire
C’est le moment de la transition sur le deuxième sujet de cet article. Le stockage. Qu’il s’agisse de la capacité de votre appareil photo numérique et de votre baladeur MP3 ou de l’archivage des milliards de pages générées chaque année et de l’ensemble des bases de données du Web invisible par le monde, le stockage de l’information est l’un des enjeux majeurs de l’industrie des technologies de l’information.
Depuis les cinq méga-octets de capacité pour une tonne du premier disque dur construit par IBM (1954), la technologie a accompli des merveilles. Les chercheurs sont en perpétuelle quête de nouveaux matériaux et de propriétés physiques permettant de mettre au point la matière commutable (capables de basculer d’un état Off équivalent à 0 à un autre état On équivalent à 1 sous l’effet d’une impulsion extérieure, variation de température, pression, impulsion lumineuse, magnétique ou électrique) et permettant une mémoire non volatile (gardant la mémoire de l’état dans lequel ils se trouvent).
Objectif : l’atome
Extrait de l’article
Dans ce contexte, des chercheurs de l’Institut de chimie moléculaire et des matériaux d’Orsay (CNRS/Université Paris XI) et du Laboratoire de chimie inorganique et matériaux moléculaires (CNRS/Paris VI) travaillent sur un composé de la famille du bleu de Prusse, célèbre pigment connu depuis l’Antiquité. Celui-ci présente la caractéristique de pouvoir commuter. Pour cela, il suffit de remplacer quelques-uns des atomes de fer du bleu de Prusse par du cobalt. Eclairé par une lumière rouge à basse température (- 150° C), ce composé passe alors d’un état non magnétique (Off) à un état magnétique (On), de manière stable dans le temps. Réchauffé, il retourne à l’état Off.
A l’origine de ce changement d’état, le transfert d’un électron du cobalt au fer et vice-versa, par absorption de lumière ou d’énergie thermique. Utilisant le rayonnement synchrotron, les chercheurs de ces deux équipes ont constaté que le passage de l’électron d’un atome à l’autre entraîne une modification de la position des atomes dans l’espace. Initialement coudés, les enchaînements tridimensionnels entre atomes de cobalt, d’azote, de carbone et de fer deviennent linéaires, d’où cet état magnétique et sa stabilité dans le temps.
Dans la course au stockage miniaturisé de l’information, il s’agit là d’une première avancée indispensable pour pouvoir un jour imaginer les matériaux qui permettront de stocker l’information à l’échelle de quelques atomes.
Si je rapproche sous le signe de l’eau ces deux informations, il ne faut bien sûr pas faire la confusion entre une encre à laquelle on a conféré des qualités magnétiques dédiée aux applications RFID et les propriétés intéressantes d’un matériau liquide pour les prochains supports de stockage, encore au stade de recherche.
Gutenberg II
Cependant c’est l’aspect de proximité, l’ergonomie du medium, une simple encre, qui me fait sous-titrer Gutenberg II - sans rapport avec la vague en train de retomber de la rhétorique ambiante du 2.0 et sans commune mesure avec le buzzword Web 2.0. Le terme Gutenberg 2.0 est d’ailleurs déjà inventé et a à voir avec le papier électronique, objet d’un des mes précédents billets.
Si le RFID n’est encore qu’au stade de curiosité et de buzz auprès des particuliers, l’industrie a déjà commencé à largement adopter cette technologie. Objets intelligents car identifiables, localisables, communicants, interactifs... nous avons tous la domotique à l’esprit. Et pourtant, conjuguer l’écriture, le marquage, la documentation et l’indexation des choses avec cette simplicité et ce degré de mimétisme de l’empreinte et de la marque, cela me semble être une réelle révolution, inexorablement en marche, vers une redéfinition de la cybernétique.
Science-fiction
Systématisation du monde qui nous entoure, structure et organismes, théâtre où nous pouvons inviter la robotique qui était hors de notre thématique. L’occasion est trop belle pour ne pas faire un peu de S-F, d’anticipation technologique. Sans porter de jugement esthétique ou social et hors de toute considération spirituelle - car ce n’est pas mon propos -, imaginons l’organisation d’une architecture globale mondiale : nous voici devant la vision d’une démiurgie créatrice du Monde*.
(*) Attention, je ne livre pas l’extase avec.
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