Eclaircissements de Proxinvest
A la suite de ma note "Exubérance irrationnelle ?" et à travers un commentaire sur AgoraVox, Pierre-Henri-Leroy, président de Proxinvest a apporté plusieurs éclaircissements utiles pour comprendre sa proposition de plafonnement des rémunérations des dirigeants des sociétés cotées.
Voici son texte :
« Merci, Pierre Bilger, de votre site et de votre réaction à notre position sur le montant « maximum socialement acceptable de la rémunération d’un dirigeant non fondateur » (l’adjectif final n’ouvrant pas à nos yeux droit à supplément mais constituant seulement un juste rappel de la vraie notion d’entrepreneur !). Comme vous l’avez bien lu, nous retenons très subjectivement le montant de 120 fois le SMIC après impôt soit avant impôt 240 SMIC sur l’hypothèse aussi tolérante que simple d’une imposition à 50% ... ceci incluant les avantages en nature, dotation de retraite sur-complémentaire et la valorisation de la dotation moyenne de stock-options des trois dernières années. Au total, vous avez bien calculé 3,5 millions € en brut « payé » par la société, hors autres cotisations. Vous avez justement mesuré que ceci situait une trentaine de dirigeants du CAC40 hors de l’épure, ce qui n’est pas, vous vous en doutez, un pur hasard ... Nous avons reçu des messages de sympathie de journalistes et d’investisseurs sur cette position devenue indispensable, et aussi d’un patron (un à ce jour) et vous seriez le second et le plus autorisé. »
Par rapport à l’analyse que j’avais faite de cette proposition, deux différences apparaissent :
- L’une, mineure, tient au fait que j’avais retenu un taux d’imposition de 40% et non de 50%, cet écart n’ayant guère d’importance au regard du raisonnement.
- L’autre est plus significative. Proxinvest intègre dans sa démarche de plafonnement non seulement les avantages en nature qui sont également inclus par pdgceo.com dans le calcul de la rémunération totale, mais aussi la dotation de retraite sur-complémentaire et la dotation moyenne de stock-options des trois dernières années qui relèvent, à mon sens, d’une logique différente.
Du coup la population de dirigeants de sociétés cotées dépassant le plafond envisagé est effectivement de plusieurs dizaines alors qu’en 2004, le nombre de dirigeants dépassant le plafond limité à la rémunération totale au sens de www.pdgceo.com n’était que de cinq.
Il est difficile d’anticiper ce que pourra être l’attitude des actionnaires, et notamment des fonds d’investissement, face à cette recommandation qui leur est faite. La démarche de plafonnement soulève à l’évidence des questions difficiles. Comme Pierre-Henry Leroy le souligne, pour le moment, le seuil retenu a un caractère subjectif.
Si une telle démarche devait prendre corps au niveau des investisseurs, est-on fondé à ne se référer qu’au seul SMIC, ne faudrait-il pas essayer d’imaginer une référence plus directe au marché des dirigeants de second rang en France et à l’étranger, qui constituent à l’évidence le vivier au sein duquel les dirigeants de premier rang sont souvent recrutés, peut-on ignorer totalement la taille des entreprises dans le raisonnement, plutôt que de prévoir un plafonnement unique pour la rémunération totale, les retraites sur-complémentaires et les options de souscription d’actions, ne vaudrait-il pas mieux que ces trois catégories fassent l’objet de raisonnements séparés ?
On voit bien ce que les entreprises et leurs dirigeants peuvent ou vont opposer à cette approche en termes de principe. Il serait pourtant sage qu’ils en retiennent l’essentiel, à savoir qu’il s’agit d’une contribution à l’autorégulation et à l’automodération, indispensables en ces matières pour éviter que des acteurs extérieurs à l’entreprise, et notamment l’Etat, ne se saisissent du problème et ne le traitent à leur manière.
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON