Reportage de John-Paul Lepers : Mères de clandestins à Dakar
La pré-campagne présidentielle française s’est déplacée au Sénégal ces
derniers jours. Ségolène Royal doit arriver ce soir à Dakar pour une
visite de deux jours, avec pour thèmes les problèmes d’immigration et
l’aide au développement. Présent sur place, je vous raconterai son
voyage, dans son pays natal.
Nicolas Sarkozy lui a volé la vedette en avançant son voyage prévu
début octobre. Il y a deux jours, il a signé, à l’arrache, un accord
avec le gouvernement sénégalais. Sa célèbre « immigration choisie »,
s’est transformée en « immigration concertée ». L’accord prévoit un peu
plus de visas pour les hommes d’affaires et les artistes, mais en
échange, le gouvernement du président Wade accepte d’organiser le
rapatriement des clandestins.
Avec les navires de la Guardia civile espagnole qui patrouillent au
large de Dakar, les départs en pirogue, intensifs depuis un an,
semblent se tarir un peu.
C’est le temps de la réflexion pour les Sénégalais dont le niveau
de vie ne cesse de se dégrader. Les élections présidentielles sont
prévues ici en février 2007, et le président Wade, qui s’était fait
élire sur la promesse de donner des emplois aux jeunes, peut se faire
quelques soucis.
La colère monte ici, où les jeunes se sentent trahis par leur
gouvernement qui a longtemps, sinon favorisé, au moins largement fermé
les yeux sur leurs départs risqués vers l’Europe. La porte était
ouverte pour les mécontents... Aujourd’hui, certains ont même
l’impression d’avoir été « vendus » moyennant finances aux polices des
pays européens. La France a promis 2,5 millions d’euros, et l’Espagne a
déjà donné 20 millions, pour un hypothétique plan de relance de
l’agriculture (AREVA).
Je vous propose ce reportage, tourné ce matin, avec comme guide un
patron pêcheur, lui aussi révolté par la « mal gouvernance » du
gouvernement libéral au pouvoir. Ici, au Sénégal, la pêche est une des
principales ressources d’exportation. Elle occupe 17% de la population
active (600 000 personnes), mais repose sur l’artisanat et n’est pas
organisée par les autorités. Nous partons à la rencontre des femmes de
marins-pêcheurs, traditionnellement responsables de la transformation
du poisson et de sa commercialisation.
Pour ces mères de famille, c’est aussi le temps de l’autocritique,
car elle ont souvent encouragé et financé le départ en pirogue de leur
fils, et beaucoup ne sont pas revenus...
MERES DE CLANDESTINS DAKAR
Vidéo envoyée par latelelibre
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