"Au nombre des refus pathologiques à admettre la réalité, le déni
de la violence est peut-être l’un des plus pervers. (...) Considéré par
les Européens comme un summun de civilisation, le déni de recours à la
force peut être compris par d’autres soit comme une contrainte
normative particulièrement hypocrite, soit comme une forme de décadence
ou tout au moins de faiblesse à exploiter. Sans doute plus grave
encore, cette annihilation incantatoire de la violence par la
délégitimation de toute forme de guerre prive les relations
internationales d’un espace ritualisé où les tensions extrêmes peuvent
s’exalter en confrontations armées encadrées par le droit. (...) Sans
ennemis, il n’y a certes pas de combatn seulement une chasse au
contrevenant pour restaurer la paix et l’ordre. Mais sans ennemi et
sans combat, il n’y a pas non plus de « paix des braves ».