Il ne faut pas non plus oublier qu’il s’agissait d’élire des représentants régionaux, et non nationaux. Je pense qu’il ne fallait pas autant « sanctionner » les politiques nationaux qui sont défaillants dans ce scrutin. Nombre de têtes de listes, de droite comme de gauche, étaient certainement à la hauteur pour devenir président de région et il n’y avait pas nécessairement « à se boucher le nez » en déposant son bulletin dans l’urne. Je n’ai pas eu l’impression de voter Hollande, ou Sarkozy. Les français avaient un réel choix, d’une qualité suffisante, et à la hauteur des enjeux régionaux.
C’est la politique nationale qui est défaillante, à droite, comme à gauche. Les caciques sont visiblement obsédés pour garder le pouvoir, ou le reconquérir, et leur autisme sur leur bilan est consternant. A relativiser un petit peu, quand même, car la difficulté est devenue très grande. Nous ne pourrons pas passer ce cap sans souffrir un peu, ce que nous refusons aussi.
Une des solutions, et cela marche très bien dans d’autre pays, c’est aussi moins de jacobinisme, moins de centralisme, et de donner plus de prérogatives aux régions qui sont mieux gérées que l’Etat. Nos politiques nationaux devront alors utiliser leur temps libéré pour le devenir de l’Europe, qui est la clé de la réussite, et non la construction de murs aux frontières de la France.
Vos propositions sont intéressantes, il y a probablement à amener quelques améliorations dans nos institutions, comme une dose de proportionnelle, le non cumul (plus strict) des mandats, la moralité (les jugements devraient prononcer l’inéligibilité des politiques délinquants, c’est déjà possible, mais pas assez appliqué). Concernant les émoluments des politiques, il ne sont plus excessifs quand il n’y a plus cumul (un sénateur pourrait très bien être proche du local sans être chef d’exécutif d’assemblée locale). On devrait aussi exiger plus de présence à l’assemblée nationale.
Mais ce ne sont pas les institutions qui sont le plus en cause : il y a maintenant plus de 30 ans que les français croient que la résolution de leurs problèmes devraient venir essentiellement des politiques et que ces problèmes peuvent être résolus dans une France indépendante du reste du monde. Déçus par les promesses droitières de Sarkozy non tenues, puis par les promesses socio-économiques de gauche, puis de droite, de Hollande non tenues, ils se tournent maintenant de plus en plus par ceux qui font croire, à leur tour, qu’ils détiennent la solution : l’enfermement pays à l’intérieur de ses frontières.
Les français (pas tous heureusement), ont une mauvaise lecture du monde. La France, aussi patriote qu’on voudrait l’âtre, est un département à l’échelle du monde, une région à l’échelle de l’Europe. Certes elle a encore de beaux restes, mais c’est bien dans le cadre de l’Europe qu’il faudra résoudre les problèmes, pour peser face à la Chine, aux Etats Unis, au Japon, à l’inde, au Brésil, à la Russie, et également face au terrorisme. Un débat intelligent, c’est comment peser dans l’Europe, et surtout comment l’Europe doit peser dans le monde. C’est à dire, pour un sujet qui nous intéresse au plus au point, comment l’Europe doit être plus forte pour améliorer l’emploi globalement dans l’Europe, et plus particulièrement dans les pays qui ont le plus de retard (Espagne, Italie, France, Portugal, Grèce,...). C’est cela le défi.
Une fois pris un peu de hauteur, on voit alors que les discours de nos ténors politiques, de droite, de gauche et du Front National, sont complètement et exclusivement centrés sur la France, qui est une échelle devenue inadaptée...face à la Chine et aux défis planétaires.
L’autisme des politiques est nourri par celui des Français, et vice versa. Le problème gauche-droite-FN est seulement un problème d’irréductibles gaulois !
Tout à fait d’accord avec vous, il ne sont pas responsables dans l’état dans lequel on se trouve, mais ils ne sont pas non plus la solution. Pire, leur projet nous conduira droit à des difficultés bien plus grandes : ce serait trop simple que de croire que mettre fin aux droits des étrangers, des immigrés et des réfugiés nous conduira à un redressement de la France ! Tout d’abord il y a pléthore de délinquants qui sont français, de chômeurs qui sont français, de profiteurs qui sont français et même de terroristes qui sont français : le mal est aussi à l’intérieur de nous ! Cette simplification qui consiste à penser que le bien est à l’intérieur et le mal à l’extérieur ne permettra pas de résoudre les difficultés de la France, au contraire. C’est évidemment une arnaque intellectuelle.
Ensuite le monde, l’Europe, et la France bien sûr, qui est dedans, sans en être isolée par une sorte de « ligne Maginot » illusoire à laquelle veut faire croire le FN, sont dans une crise, ou une mutation, sans précédent, et il sera absolument nécessaire que la France interagisse avec ses voisins et la plupart des pays du monde dans les meilleures conditions pour pouvoir s’en sortir. Certes il faudra mieux se protéger des terroristes et des délinquants internationaux, mais ce sera plus efficace avec des alliés européens, donc dans le cadre de l’UE. La France est confrontée, comme tous les états du monde, à des défis planétaires qui n’ont plus de frontière, comme le changement climatique, la pauvreté, l’islamisme radical et/ou terroriste, la pollution, les effets pervers de l’ultralibéralisme...La France n’aura jamais de solution pérenne en s’isolant du reste du monde.
Ce n’est pas parce que on a mal été gouverné pendant 30 ans, il y a une part de vérité, qu’il faut se diriger vers pire : parce que cela sera pire. Je vous rejoint : il faut que la classe politique « classique » se réforme en profondeur, accepte de servir l’Etat et les français et non leur personne (plus de cumul des mandats, par exemple), de se croire la seule solution pour la France (exemple : Sarkozy) et qu’ils oeuvrent, au besoin ensemble, à résoudre les problèmes de fond. Il n’y a plus grand chose qui sépare Vaills de l’UDI, par exemple, et pourtant ils sont dans des camps républicains qui continuent de s’affronter à chaque élection en s’affaiblissant réciproquement au profit du FN.
Les français ont aussi eu un peu les politiques qu’ils méritent, ils ont trop écouté les sirènes des promesses, ils évitent de se voir dans un monde qui a changé et croient à un pouvoir qui peut tout résoudre, indépendamment du monde qui nous entoure. En votant FN ils ont encore cette même démarche. C’est aussi au peuple français de s’éduquer et de se réformer pour faire émerger le meilleur pour la France.
Je rajouterai que le projet du FN pour l’acquisition de la nationalité française ne tient pas la route.
En effet, il faudra d’abord avoir renoncé à sa nationalité étrangère, ce qui rendra la personne apatride le temps de l’acquisition de la nationalité française.
On peut supposer que la procédure d’acquisition de la nationalité française pourra commencer avant que la perte de l’autre nationalité n’ait aboutie, et qu’elle ne deviendra effective que le jour de la perte effective de la nationalité étrangère. Mais là aussi il pourrait y avoir de graves difficultés : Certains pays n’admettent pas le renoncement de la nationalité. D’autres pays ne l’accordent que si la nationalité française est déjà acquise, et sur autorisation (exemple : Algérie). On peut encore supposer que la Nationalité française serait acquise de façon suspensive, au cas où la nationalité étrangère ne serait pas effectivement perdue. Mais combien de temps ? Les procédures de perte de nationalité étrangère pouvant être aussi longues et compliquées que celle d’acquisition de la nationalité française, surtout si c’est sous un gouvernement FN.
Le Front National rendrait donc, de facto, l’acquisition de la nationalité française presque impossible à de nombreux ressortissants étrangers. Cela réjouirait certainement de nombreux partisants du FN de voir les algériens ne plus pouvoir devenir français, mais de nombreux pays pourraient être touchés. Il faudrait alors faire des exceptions (déjà prévue pour l’UE). C’est quand même très discriminatoire comme politique ! Selon le pays d’origine, on pourra, ou pas, devenir français. Probablement ce niveau de discrimination ne fait pas peur à de nombreux sympathisants (disons le noyau dur), mais pour les autres (de plus en plus nombreux), ils ne se rendent pas compte de ce qu’est le FN en réalité.
Je pense qu’il ne faut pas seulement continuer de diaboliser le FN comme on le faisait avant, sans avoir beaucoup d’arguments. Le FN « dédiabolisé » de Marine Lepen qui se prétend républicain, doit être démonté, point par point, ...il va falloir aller au fond et sur tous les thèmes pour démontrer clairement qu’il n’est pas devenu républicain. Face à chaque valeur de la république, telle que la plupart des autres partis la conçoivent encore, il faut mettre en exergue la contre valeur du FN.