La mort se caractérise par la rigidité, le refroidissement, la déshydratation, la perte de la transparence cornéenne, la lividité etc.
En cas de mort « cérébrale », le coeur bat, le sang parcourt les vaisseaux, les poumons respirent grâce à une machine, le corps n’est pas immobile.
Quand on s’étonne de ce « décalage », la réaction des médecins est vive. J’en témoigne dans mon livre. Nos interrogations dérangent, font perdre du temps. « Dépêchez-vous, il(s) pisse(nt) ! » nous a dit le coordinateur de France-Transplant à propos de notre fils Christophe.
Sur la douleur, la question est posée dans le livre de Claire Boileau : « Dans le dédale du don d’organes ».
La personne en état de mort « encéphalique » a des réactions, notamment lorsque le chirurgien l’incise. Il faut savoir que le préleveur n’a pas établi le constat de la mort, il n’a pas vu les électroencéphalogrammes plats, il n’a pas rencontré le neurochirurgien, il fait confiance. ( page 85 )
Douleur ou pas de douleur ? Le mourant est anesthésié et, s’il bouge, l’anesthésiste envoie une dose de curare.
Pourquoi anesthésie-t-on un « mort » parce qu’il remue ?
Officiellement, ce sont des réflexes. On anesthésie le « mourant » parce qu’il se débat d’une manière réflexe et cela gêne le bon déroulement du prélèvement.
Souffre-t-il ? Pas plus que lorsqu’on vous anesthésie pour une opération.
Vous, vous vous réveillerez.
Le « donneur » d’organes n’a aucune chance de se réveiller puisqu’il est dépecé !
Ce terme de « donneur » est d’ailleurs très discutable pour une personne qui, au nom de la loi Caillavet, est obligée de se laisser déposséder de ses organes s’il n’a pas exprimé son refus.
Votre remarque est très pertinente. Le prélèvement d’organes est le contraire de l’euthanasie.
La « bonne mort » désigne l’ensemble des moyens et recours permettant de soulager, d’abréger ou d’éviter l’agonie à une personne en fin de vie. Le prélèvement d’organes consiste justement à priver la personne de mourir dans la dignité.
Il est d’ailleurs assez ahurissant de constater que c’est la même personne - le sénateur Caillavet, également une des sommités de la franc-maçonnerie, - qui milite pour une mort digne et qui, dans le même temps, fait passer une loi fondée sur le consentement présumé facilitant le dépeçage des personnes à peine décédées.
M. le sénateur Caillavet est un homme influent, il a passé sa vie à légiférer pour tirer de l’embarras les médecins. M. le sénateur Caillavet pense qu’il faut que le droit suive le plus rapidement possible les avancées de la médecine.
Les avancées de la médecine sont-elles le progrès de la médecine ?
Il me semble que vous mélangez deux moments. Le moment de la mission de l’Agence de la biomédecine et le moment où vous exercez votre travail. L’Agence doit promouvoir le don d’organes, grande cause nationale. Promouvoir, c’est encourager, favoriser, soutenir. Informer, c’est transmettre des connaissances objectives. L’Agence, pas plus que certaines associations, ne portent à la connaissance du public des informations objectives.
Cette promotion étatique se transforme en propagande. Pourquoi ? Parce qu’elle trompe les Français en distribuant des cartes de donneurs. On peut légitimement penser que si on ne prend pas sa carte de donneur, on n’est pas donneur.
Or une carte de donneur n’a pas de valeur juridique. Tous les Français sont donneurs d’organes potentiels selon le principe du consentement présumé établi par le sénateur Caillavet. La loi précise que le coordonnateur doit s’efforcer de connaître l’avis du mourant en demandant à ses proches ( notion vague ) si la personne plongée dans le coma et qui ne peut pas s’exprimer avait émis un avis contraire au principe du consentement présumé. C’est tout.
Avec cette loi, il faudrait que vous m’expliquiez comment on arrive à cette « pénurie de greffons », comme disent les préleveurs. Quand, dans votre commentaire, vous parlez de « refus », vous faites allusion au refus de la famille, mais la famille n’a pas à exprimer son « refus ». Vous devez recueillir auprès des proches l’opinion du mourant. S’il ne s’est jamais exprimé, la loi le considère comme donneur. Dura lex sed lex.
Certains préleveurs considèrent qu’ils ne peuvent pas appliquer cette loi dans toute sa rigueur. Si cette loi est inapplicable, parce que inhumaine, c’est une mauvaise loi ! Il faut donc la changer.