Sous des airs d’éloquence et un goût pour la rhétorique, votre message tombe dans le penchant qu’il croit reconnaître chez ceux qui dénonçent le projet de rétention de sûreté...
Il y a beaucoup de confusions dans votre message, d’autant plus étonnantes que par ailleurs certains éléments sont très précisément renseignés. Votre article manque à tout le moins de rigueur, sinon d’honnêteté :
Premièrement, la confusion fondamentale entre l’hôpital et la rétention de sûreté. Ce qu’on nous promet, c’est bien un espace qui ne soit ni prison ni hôpital, et c’est aussi là que le bât blesse : les personnes retenues ne seront là ni pour "purger une peine" ni pour "être soignées".
En outre, ce que vous dénoncez dans la procédure d’hospitalisationd ’office, c’est que le juge y ait pour rôle de contrôler l’hospitalisation et non de la décider. Or dans cette procédure, le juge est bien là pour contrôler que l’hospitalisation n’est pas abusive et donc agit comme garant des libertés individuelles. On peut par ailleurs dénoncer le manque d’efficacité et d’effectivité de ce contrôle et le trop grand nombre d’hospitalisations abusives, mais cela ne change rien au fait que la position du juge sera absolument différente avec la rétention de sûreté puisqu’il prononcera l’enfermement.
Par ailleurs, la dilution de responsabilité entre juge et experts est véritablement problématique dans la mesure où une fois que les experts auront recommandé le placement en rétention de sûreté au motif qu’il n’y a pas d’autre solution et que la personne en question est particulièrement dangereuse, quelle marge de manoeuvre restera donc au juge ? Vous décrivez une mécanique de précision qui de commission en commission, donne l’apparence d’une garantie du respect des droits fondamentaux, mais qui n’en donne que l’apparence, pas l’assurance.