Quelques remarques que m’inspirent cet intéressant article, qui, au vu des nombreuses réactions, traduit un malaise réel :
Tout d’abord, je ne saisis pas bien la différence entre enfant "précoce" et "surdoué" : est-ce à dire que l’enfant précoce voit son développement affectif évoluer au même rythme que ses facultés intellectuelles, à une vitesse supérieure à celle de la moyenne, ce qui est à souhaiter pour les éventuels "sauts de classe", tandis que l’enfant "surdoué" serait doté de dons exceptionnels dans des domaines particuliers ?
Je remarque également que, souvent, ces enfants surdoués sont affectés de problèmes en "dys" (dyscalculie, dysortographie, dyslexie, dysgraphie...) dont on ne parlait pas tant il y a une cinquantaine d’années, et consultent abondamment pédo-psychiatres et orthophonistes...
Comment se fait-il que des enfants supérieurement intelligents aient autant de difficultés à réussir des apprentissages aussi "basiques" que celui de la lecture et de l’écriture ? J’aurai tendance à incriminer l’inanité du système scolaire (sauf à penser que ces enfants sont des "mutants" dont on n’a pas encore compris le fonctionnement intellectuel). Autrefois, les instituteurs avaient, pourtant et de loin, infiniment moins de difficultés à faire obtenir le certificat d’études à des élèves moyennement doués.
Qu’est-ce qui a changé ?
Je dénoncerai, un peu pèle-mèle :
- Le manque de pragmatisme : au lieu de se demander à quoi sert l’école, quelles sont les connaissances élémentaires dont l’enfant aura besoin, on mélange allégrement les notions les plus inutiles et les plus abstraites, comme, par exemple, le "shéma actanciel" en cours de français niveau quatrième, sans pour autant apprendre à rédiger un texte simple et clair avec un vocabulaire adapté.
- Le nivellement par le bas (malgré l’exemple précédemment cité : nos élites n’en sont pas à une contradiction près) : je prendrai pour exemple la fameuse "méthode globale", à l’origine conçue pour des déficients mentaux : aucune mise en relation des éléments de l’écriture, aucun effort d’analyse requis, reconnaissance du mot au "faciès" ; après quoi on passe soudainement à une autre méthode, dans la même classe de CP, en revenant à la bonne vieille méthode... l’enfant est désorienté, on le serait à moins. Cela va avec le bourrage de crâne idéologique dont sont victimes les enseignants dans les institutions de formation des maîtres : accepter "la différence qui enrichit" : oui, mais surtout pas celle de l’élève qui sort du lot, paradoxalement.
- Le manque de structures adaptées, tant pour les élèves qui traînent la patte que pour les surdoués ; Il n’y a pas de redoublement dans un pays comme la Finlande : chaque établissement dispose d’un nombre de professeurs suffisant dont le seul rôle est d’aider individuellement les élèves qui ont du mal à suivre. Ce qui fait qu’il n’y a dans ce pays, ni Brevet, ni Bac, puisque tous les élèves sont au niveau en fin de cursus.
- L’école obligatoire jusqu’à seize ans qui veut que tout le monde soit réceptif à des notions abstraites qui ne seront utiles qu’à condition de poursuivre un enseignement supérieur. Que de classes perturbées par des élèves qui ne devraient pas s’y trouver, de temps perdu et d’ennui pour ceux qui y sont à leur place et d’éfforts inutiles de la part des professeurs !
Enfin, il me semble que tout cela vient d’un manque de "projet" véritable pour notre société, et que l’on s’évertue à soigner de vagues symptömes épidermiques, pour ne pas dire les symptômes des symptômes, sans choquer l’électeur, surtout, au lieu de s’attaquer aux problèmes de fond, comme d’habitude...