C’est un article qui n’a laissé personne indifférent, et chacun a eu sa propre lecture.
Contrairement à ce qu’écrit Bernard Fournelle dans son « Madame déconne »,
il ne s’agit pas du tout d’un jugement de valeur porté par une "maudite
française" sur la Belle Province. Ne tombons pas dans ce complexe d’infériorité, qui est un cliché des rapports Franco-Québecois.
Tous les pays ont leurs défauts, et je sais bien que la France en a
beaucoup, car malgré une poignée d’idéalistes qui ont tenté d’en faire
une République, les méfaits des Royalistes, Impérialistes et
colonialistes de tout poil ont tout gâché.
Bien évidemment si il y a un excès sur la forme de l’article, qui peut pousser au comique, c’est parce que cet article s’inscrit en réaction à un autre discours.
Ce que l’article dénonce, c’est la propagande faite par l’association Immigration-Québec, qui ment sur tant de points, qui cache tant de choses que cela en serait comique si cela n’avait pour beaucoup une issue dramatique. Tous les « défauts du Québec » pointés par l’article sont des choses connues mais totalement masquées par Immigration-Québec. Immigration-Québec est un mensonge éhonté, mais pourquoi aucun analyste Québecois ne le voit-il ? C’est ce point qui m’intéresse.
De nombreuses réactions à l’article sont sur le thème « Ah non, pour nous l’immigration a très bien marché, donc il n’y a pas de problème ». Et nous touchons là à la spécificité Québecoise. En France nous recherchons (même si c’est un voeu pieux) l’égalité des chances pour tous. Et quand nous ne pouvons la garantir, nous n’allons pas chercher des gens au-dehors.
La culture du Québec s’est construite, bien malgré elle, sur une vision plus pessimiste. Les premiers immigrants étaient en échec en Europe. Ils sont venus en ayant tout laissé. Ils ont été confronté à une mortalité terrible, puis à l’abandon par la France, la persécution par les Anglais, enfin la concurrence avec les autres provinces. L’égalité des chances, ils l’ont oubliée à jamais. La sélection naturelle, l’écrémage annuel de la population, l’échec des uns pour la réussite des autres, tout cela constitue le fondement de l’âme Québecoise. Il n’y a là rien à blâmer : mais il vaut mieux le savoir avant d’y aller. C’est une différence culturelle.
Le Québec vous parlera de vos chances de réussite. Jamais de vos chances d’échec, même si elles sont énormes.
Le Québec a sacrifié une partie de son système de santé pour préserver son budget. La pénurie de médecins est effrayante, et pousse à accepter tous les médecins immigrants, dont pas deux ne parlent la même langue. Ont-ils seulement les mêmes diplômes ?
Quand j’ai consulté pour mes douleurs abdominales, quatre médecins m’ont dit : « Français ; 47 ans ; Troubles de l’adaptation ; Psychiatrie ». Ceci m’a permis de visiter tout le système d’assistance aux émigrants en
naufrage, inutile dans mon cas mais fortement doté car le Québec sait
bien qu’il y a un sacré problème. Et j’ai rencontré des gens fort
sympathiques, car au Québec si on ne résout pas les problèmes on les vit
ensemble.
Revenu en France, on m’a aussitôt trouvé ... des adhérences abdominales et deux cancers bien avancés. Les médecins Québecois sont-ils nuls ? Non. Ils n’avaient simplement pas le DROIT de me soigner, car le serment d’Hippocrate est incompatible avec l’ultra-libéralisme.
Les jeunes sont, plus qu’ailleurs, en décrochage. Tant pis, ils iront travailler au MacDo ou sur les chantiers à 16 ans, et on ira chercher de la main d’oeuvre lettrée à l’étranger. Quant ils ne pourront plus aller sur les chantiers ... ils vieilliront pauvres et mourront jeunes. Dans l’Angleterre Victorienne dont s’inspire le modèle Canadien, c’est normal. Pour un Français, c’est inacceptable.
Voilà pourquoi je pense qu’Immigration-Québec devrait faire traduire son message non seulement dans la langue mais aussi dans la culture du pays où elle vient recruter. Sinon, ce sera toujours majoritairement la déception qui l’emportera. Et ce serait dommage, car il y a vraiment plein de gens bien fins là-bas.