Article très pertinent, ainsi que la réaction de M. Lovichi.
Que peut bien signifier, en effet, le silence relatif ou pire, la maintien du parti pris initial, comme si un procès n’avait pas eu lieu, de nombreux médias ? Le fonctionnement de la Justice ne serait donc pas un sujet porteur, la Démocratie un sujet estimé mineur aux yeux des consommateurs ?
Il semblerait que dans certains milieux politico-médiatiques, les français ne soient pas jugés murs pour la Démocratie !
Vous parlez de parti pris, vous le revendiquez, même. C’est bien là le nœud de ce procès ou les observateurs et les acteurs évoluent dans le brouillard le plus épais, chacun guidé par un parti pris initial.
Des enquêteurs dont la compétence est plus du domaine de la légende que légendaire et qui, sous la pression, sont surtout soucieux de plaire, une instruction indigne d’un régime démocratique qui, en dépit des moyens et du temps dont elle a disposé pour une « cause sacrée » néglige ou refuse des actes élémentaires, comme par exemple une reconstitution avec participation du légiste ou une comparaison d’empreintes digitales, élabore un scénario d’après des aveux en forte contradiction avec les témoignages directs, des responsables politiques bafouant la présomption d’innocence( Chevènement, Sarkozy, des membres d’une commission d’enquête sénatoriale, etc.) des indices nombreuses de pression sur des témoins : Guéant recevant Marion à l’Elysée, le compte de Mme Alessandri bloqué , ceci à l’approche du procès, l’attitude des juges d’instuction et enquêteurs face aux dépositions de Mlle Contard, de M. Donzella, de Mme Beech, la terrible agression sur Alain Ferrandi en prison, le refus de déposer du balisticien, la disparition d’écoutes ou d’une photo du rapport du légiste.
En bref, on peut soupçonner une volonté de déformer les faits pour les faire correspondre à des paroles : les fameux aveux ! Ce qui signifie un gros doute des enquêteurs sur la crédibilité de ceux-ci.
Bien sur, les rétractations sont très peu satisfaisantes pour la défense d’Yvan Colonna et sont l’expression évidente d’un malaise entre celui-ci et le commando, mais bien malin qui peut en deviner l’origine, toutes les supputations sont permises.
Avec un dossier si approximatif, souvent incohérent, qui laisse tant d’éléments dans le flou, comment expliquer l’acharnement de Maître Lemaire, avocat de la famille Erignac : il a entièrement le droit d’être persuadé de la culpabilité de Colonna, mais, en professionnel du droit, il sait aussi que l’acquittement est possible et on imagine sans peine à quel point ce dénouement serait cruel pour une famille convaincue de sa culpabilité.
On peut sincèrement avoir l’impression, à la fin de ce procès, que la recherche de la vérité a été pour certains acteurs très secondaire, rendant ainsi la décision de la Cour extrêmement difficile.
Normalement, le doute doit bénéficier à l’accusé, et tout ce qui sème le doute sur la culpabilité d’Yvan Colonna, c’est le ton avec lequel les membres du commando l’ont blanchi ! Qu’ont-ils dit lors de leur procès quand Castela et Andriuzzi ont été condamnés à 30 ans de prison ? Ont-ils tenté de les innocenter ?
Je rappelle que Castela et Andriuzzi ont été acquittés en appel.
Je n’assiste pas au procès, mais tout ce qu’en rapporte la presse montre bien que l’attitude d’Yvan Colonna n’est pas celle de quelqu’un qui espère s’en tirer au bénéfice du doute, mais celle d’un homme d’honneur qui lutte pour que son innocence soit enfin reconnue !
Effectivement, d’après les divers comptes rendus d’audience, il semble que le travail des magistrats du siège soit remarquable. A ce propos, le calendrier des audiences n’est pas anodin, fidèle qu’il est à la chronologie des faits tels qu’ils ont été vécus par les enquêteurs. La cour semble reprendre le fil de l’enquête, consciente dès l’étude du dossier que le scénario présenté par l’accusation ne tient pas la route.
Reste à savoir pour quelles raisons ce scénario est bâclé à un tel point, mais ceci est une autre histoire.