Ingénieur de recherche au CNRS retraité, consacre la majeure partie de son temps à s’informer sur les publications relatives à la santé, dont il met à l’épreuve les recommandations au quotidien, tout en parcourant les sentiers du massif des Maures.
1) Ne pas confondre "mortalité infantile" et "mortalité infantile périnatale".
2) Pour ce qui est de la mortalité maternelle, les pays européens qui font mieux que la France sont justement ceux qui ne se sont pas engagés sur la voie d’une surmédicalisation systématique de l’accouchement. En ce qui concerne l’hémorragie post-partum, que vous citez comme première cause de mortalité maternelle, collectif CIANE a saisi l’INSERM et demandé à la CNAMTS de financer conjointement une étude épidémiologique sur les causes non symptomatiques de l’HPP, avec l’appui du Comité National d’experts sur la mortalité maternelle. Une étude portant sur plus de 9000 cas a été confiée à l’équipe du Prof. Gérard Bréard (INSERM 149) et achevée en 2007. (Nous attendons les résultats). Voir : http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=DossierHPP
3) Les chiffres que vous citez ne font donc que prouver l’inefficacité de cette stratégie de médicalisation à outrance qui s’est imposée à partir d’une croyance (aux miracles de la technologie) et non à partir de données de la médecine factuelle. Le but de l’article (le titre était clair à ce sujet) est de rappeler que si l’on cherche à justifier une pratique médicale c’est la médecine factuelle qu’il faut interroger et non les affirmations d’experts autoproclamés, fussent-ils membres d’une académie par ailleurs très respectable...
4) Cet article n’était pas un plaidoyer pour le "retour à la nature" mais pour l’élargissement de l’offre de soins incluant une filière physiologique pour les grossesses à faible risque, précisément comme dans ces pays qui font "mieux que nous" ! Voir à ce sujet la Plateforme périnatalité 2007 du CIANE : http://wiki.naissance.asso.fr/index.php?pagename=PlateformePerinatalite2007
L’élargissement de l’offre de soins est au coeur de la politique périnatale du Royaume-Uni, depuis plus d’une décennie (et notamment le rapport parlementaire « Changing childbirth »). Une politique qui se heurte toutefois au manque de moyens, d’où un résultat en demi-teinte mais qui mérite d’être pris en considération vues les statistiques périnatales meilleures qu’en France.
J’espère que nous trouverons le temps de le traduire ou de le résumer en français. A noter quand même que lorsque cet accompagnement global est institué comme clé de voûte de la prise en charge, les taux de césarienne diminuent drastiquement, les besoins de péridurale diminuent dans de fortes proportions, le taux d’allaitement maternel augmente, et les taux d’accouchements à domicile passent la barre des 10%... Comme quoi tous ces indicateurs sont reliés en raison d’une approche raisonnée (« evidence-based », basée sur les données scientifiques) qui contraste radicalement avec celle que nous avons en France (« mon gygy est formidable »)...