François Bayrou sait qu’il encourt le risque de disparaitre des que les voix qui se sont exprimées pour lui au premier tour se seront répartis sur les candidats du second tour.
Alors n’existera plus en pratique que la gauche et la droite incarnées par Royal et Sarkozy.
Avant que l’existence de son mouvement puisse espérer trouver une incarnation par un vote aux prochaines législatives, François Bayrou doit continuer d’exister d’une manière ou d’une autre afin de prolonger la dynamique du premier tour des élections.
Il ne peut le faire qu’en demeurant médiatiquement le plus présent possible. Cette présence peut s’exprimer de deux manières principalement :
1/ faire porter son projet par celui des candidats qui ayant un déficit de voix n’a pas d’autre choix que de rallier de nouveaux électeurs
2/ faire une promesse d’opposition au candidat de droite auquel la plupart de ses lieutenants n’a d’autres choix que de se rallier pour des raisons électorales pour tenter de s’en démarquer.
Dans ce contexte, je ne pense pas qu’il s’agisse de « pèter les plombs » pour François Bayrou que de tout faire pour saisir l’opportunité inattendue = que dis-je ? inespérée = qui lui a été offerte de s’exprimer à la nation pendant le second tour de la presidentielle et tenter de prolonger en sa faveur la dynamique du premier tour jusqu’aux prochaines législatives.
Selon moi, la modification du calendrier electoral est la cause de cette « péripétie » du second tour entre Bayrou et Royal.
Tout d’abord il me semble que c’est à la vue des résultats d’ensemble de la gauche et surtout de la gauche lenino trotkiste au premier tour que madame royal n’a pas eu d’autre choix que de solliciter les voix de Monsieur Bayrou.
Qui aurait compris que ce dernier ne s’empare pas de l’occasion inédite offerte à lui de continuer la promotion de son programme entre les deux tours de la présidentielle. Ce n’est pas Monsieur Bayrou qui s’invite au deuxième tour mais Madame Royal qui l’a convié.
Consciente de la faillite des idéologies « classiques » de gauche, Madame Royal veut dire aux Français qu’une refondation du parti socialiste est possible afin de le débarrasser des oripaux de la lutte des classes qui dessert sa crédibilité et qu’il pourra en résulter une grande alliance avec le centre voire l’avènement avec lui d’un grand parti démocrate. En bref la démarche a pour objet de convaincre tous les électeurs français et notamment de droite que la candidate Royal peut gouverner avec Monsieur Bayrou.
Mais gouverner signifie en claire disposer au parlement d’une majorité et c’est là que se situe l’anachronisme, voilà ce qui dérange : Madame Royal et Monsieur Bayrou sont déjà entrés dans le débat des législatives alors que le choix du président n’est pas encore acquis.
Parler de cette alliance et de refondation à gauche en plein second tour des élections présidentielles à un sens dès lors qu’il laisse entendre qu’une majorité de gouvernement pourra en résulter.
Car alors pourquoi élire un président de droite si aux prochaines législatives une majorité socio-démocrate peut être amenée par le vote des électeurs à gouverner.
C’est ironiquement l’application à l’envers du principe sans cesse répété par François Bayrou pendant le premier tour selon lequel les Français devraient donner ensuite une majorité au Président qu’ils vont élire.
Signifier aux électeurs français dès maintenant l’émergence possible d’une nouvelle majorité de gouvernement et essayer sur front de « TSS » de la rendre probable, c’est vouloir inciter les électeurs français à élire dès maintenant le Président qui s’accordera le mieux celle-ci.
C’est de l’habileté politique et en la circonstance elle ne joue pas contre la Démocratie. Vive la République et vive la France.