Interventionnisme inéluctable des parents d’aujoud’hui dans les écoles
Il est vrai que remettre
en question l’autorité des professeurs est devenu moins intimidant aujourd’hui
qu’il y a 30 ans. Avant, les parents
craignaient de se faire convoquer au bureau du proviseur. Une rétention, une colle, une punition sous
forme de production répétitive des phrases d’excuses comme « je ne …. » 20 fois étaient pris au
sérieux et provoquaient des vrais sentiments d’humiliation et de regrets chez
l’enfant et les parents. Parfois cette punition scolaire se prolongeait à
domicile sous forme de confiscation du matériel ou révocation des privilèges.
Tout cela se déroulait au nom de la discipline.
De surcroît, contester ou obtenir des dérogations étaient impensable car
nous faisions entièrement confiance à l’approche descendante et verticale de la
direction de l’école aux parents.
Remettre en question l’autorité des profs ou de l’administration se
faisait rare.
En Corée du Sud,
dans beaucoup d’écoles privées ou publiques des années 80 et 90 les élèves se
faisaient même frapper par les profs avec un bâton devant toute la classe pour mettre
en scène le sort que peut mener un comportement insolent. On subissait cette forme de traitement sans
même avoir la prise de conscience du mot « maltraitance » humaine
voire tout le développement d’une domaine sociologique telle que les droits de
l’homme. Le statut
« professeur » était révéré et l’est toujours encore aujourd’hui et les
élèves dans un parcours supérieur sont souvent dans une situation vulnérable.
Aujourd’hui nous
vivons dans une société hyper consumériste et tout semble être pesé pour argent
comptant. Surtout dans les grandes
villes cosmopolites dotés d’une infrastructure développée et de choix multiples
des écoles, les parents surfent Internet et prennent des rendez-vous pour
visiter les écoles et poser des questions pointues pour assurer le bien-être de
l’enfant. L’équipe pédagogique subit les demandes et tendances de leur
« clientèle » et la direction reste à l’écoute de ce qui concerne le
benchmarking et s’intéresse à pourquoi une nouvelle inscription ne leur est pas
accordée.
D’autant plus,
l’accès à l’éducation supérieure est devenu plus courant comparé à l’époque de
l’après-guerre. La période des trente glorieuses a semé cette image d’une
réussite sociale liée à l’effervescence matérialiste. Nous avons au fil du temps appris et avons été
influencés à croire et à choisir un parcours professionnel rentable. Tout compte fait, un parent né dans les
années 70 et 80 en moyenne a fort chance d’avoir un profile supérieur sur le
plan académique que les professeurs des écoles ce qui pourrait donner une
illusion de supériorité envers les profs.
En Corée du Sud,
le rapport profs-parents s’est appauvri car les parents se focalisent et investissent
plutôt dans les académies privées pour que leurs enfants puissent arriver à une
moyenne scolaire globale très élevée et accéder aux universités les plus
reconnus par le pays. On voit désormais souvent
donc des portraits laxistes des écoles publiques et les enseignants qui ne
prennent plus le soin d’enseigner avec passion car les instituts privés le font
à leur place.
Derrière les
projets scolaires des enfants c’est les parents qui pilotent la direction des
dossiers scolaires. Leurs implications
intimes sont parfois nécessaires car le système de l’éducation nationale ne
cesse d’être ré-évalué et les règles tout le temps remis en question. Sans l’aide des parents qui sont à l’écoute
de tous ces changements, il serait difficile de laisser ses jeunes étudiants
livrés à eux-mêmes dans ce labyrinthe des réformes. L’interventionnisme des parents dans la vie
scolaire des enfants est d’autant plus marqué depuis la crise sanitaire ce qui
rend encore plus palpable la possibilité de proposer des réglages sur le
comment des méthodes d’enseignement et de discipline.