Lokerino, vous manquez d’imagination et vous tenez nos élus en piètre estime. D’abord, il y aura un mouvement électoral, dans l’hypothèse d’une victoire de F. Bayrou à la Présidentielle, qui lui permettra de récupérer a minima un tiers de l’Assemblée sous étiquette « majorité présidentielle ». Ensuite, même s’il ne va pas au-delà, s’il ne parvient pas à obtenir une majorité réelle au parlement, nos élus sont-ils donc si manichéens, stupides et entêtés que cela les empêchera de voter, par consignes partisanes, les réformes et textes proposées ???
Vous entretenez la chimère. En partant du principe qu’un Borloo et un Rocard sont irréconciliables. Que les Verts (dont deux anciens Secrétaire général sont devenus cadres du Modem) s’obstineront à ne pas voter en leur âme et conscience mais par idéologie. Que les élus « gaullistes sociaux, nouveaux centres en tous genres, droite républicaine », etc. feront de l’obstruction. Je pense que vous vous trompez, quelle que puisse être votre force d’affirmation et vos points d’exclamation.
En fait, c’est une bien jolie démonstration du vrai et du possible, dans des manteaux élimés de professeur de Lycée, qui pavoise et pérore. Vous considérez mystique ce qui n’est pas dans votre logique. Vous considérez que l’honnêteté intellectuelle est de suivre une voie tracée, sans détour ni contour, sans surprise, et sans poésie.
Relisez les poètes : « Le plus réel est ce hasard, et ce feu... » Et vous verrez alors que les outsiders d’aujourd’hui, sans député élu (mais non sans candidat) s’ils savent ou peuvent, par « hasard » chevaucher des montures qu’on ne leur pensait pas destinées, sauront tout autant lever derrière l’équipage et l’escorte qui convient. Je vous l’assure, mon rigoriste ami, et fort conservateur, si Bayrou parvient, dans son imposture comme vous dites, à se faire élire Président, il aura derrière sa « majorité centrale ».
Et profitez du temps qu’il fait, pour sinon relire Deleuze ou Lacoue-Labarthe, du moins vous enticher de Descartes, en son Discours, plutôt que St Augustin. Ou même Galilée, qui sait. C’est rafraîchissant.