Voici la réaction d’une femme libre,
moi, qui ne peut rester indifférente à votre article, de même que
vous n’avez pu rester indifférent à la campagne « Osez le
clito ! », preuve que ce sujet vous titille malgré
tout...
Vous posez la question dans votre
article de l’argent qui nourrit les campagnes d’Osez le féminisme.
Je suis très fière ici de vous dire qu’à ma très infime échelle,
j’y ai participé. Et je vais vous expliquer pourquoi, en réaction à
l’article que vous avez « commis ».
Sachez tout d’abord que le clitoris
présent sur l’affiche n’est pas démesuré, preuve de votre
ignorance en la matière. Beaucoup de personnes (femmes et hommes
compris) ne connaissent que la partie immergée de l’iceberg. Je vous
invite à ce sujet à vous intéresser aux travaux du Dr Odile
Buisson, qui a réalisé des échographies du clitoris.
Il existe dans notre société,
développée, où tout un chacun peut avoir facilement et à outrance
accès à du contenu sexuel (pornographie, etc.) ce qu’on appelle une
excision culturelle : les petits garçons grandissent en ayant
conscience de leur pénis, bien visible. Les petites filles
grandissent avec la conscience d’un manque, d’un vide, d’une cavité
ouverte sur l’intérieur. Pourquoi ne leur apprend-on pas l’existence
du clitoris ? En quoi cela est-il honteux ? Parce que nous
sommes dans une société axée sur l’organe masculin, le plaisir
masculin (et votre article confirme amplement ce postulat, puisque
vous arrivez par un habile procédé « intellectuel » à
renverser la posture féministe qui au fond, militerait pour le
phallus...). Or le clitoris dérange : il est le seul organe
entièrement dévolu au plaisir, il n’a d’autre fonction que la
jouissance. Et c’est là que le bât blesse.
Vous dites qu’Osez le féminisme se
tire une balle dans le pied avec cette campagne. Et pourtant j’ai
envie de vous dire merci ! Merci parce que c’est vous qui vous
tirez une balle dans le pied : vous êtes la démonstration
parfaite de la peur que beaucoup d’hommes (et pas tous fort
heureusement) ont du plaisir féminin. Pourquoi ? J’ai mon idée,
mais je ne voudrais pas être taxée de misandrie primaire.
Tout ça pour dire que votre article
est la preuve qu’Osez le féminisme a eu raison d’initier cette
campagne, car dans le fond, si ce sujet ne vous interpellait pas,
vous ne vous seriez jamais fendu d’un tel article. Et au passage,
merci de reconnaître le succès de la campagne.
Quant à vos attaques gratuites sur
Caroline de Haas, vos incompréhensions sur l’excision, votre mention
du Parti socialiste et de Benoît Hamon, pour moi, il ne s’agit pas
du vrai sujet de la campagne. Aussi ne vais-je pas gaspiller de
l’énergie là-dessus.
L’homme, avenir de la femme ? Si
cela vous rassure dans votre posture de mâle... Mais prenez garde !
1 homme sur 2 est une femme...