Bonjour. Je travaille sur le marché de la maintenance pour ces
centrales de production hydraulique et je connais bien l’envers du
décor. Je lis au dessus beaucoup d’attaques et chamailleries politiques. Pour ma part, c’est beaucoup plus grave que ça. D’abord, je suis, comme certains, écœuré de constater que l’État, sous le dictat de l’UE, soit obligé de vendre, de privatiser par une mise en concurrence libre les concessions de production hydraulique, construits aux frais de l’état avec l’argent du peuple, sans aucun protectionnisme. Aujourd’hui, nombreuses sociétés étrangères, hors ou non de l’UE, sont prêtent à faire le nécessaire pour mettre la main sur ces concessions. Aujourd’hui, des sociétés suédoises, autrichiennes, canadiennes, brésiliennes, indiennes sont prêtes à répondre aux appels d’offre. Le 1er risque est social. Parce que bien évidement, la société étrangère qui remportera une concession ne conservera pas tout le personnel, surtout chez EDF Production où il y a pour ma part trop de monde, et je reste poli. Le 2eme risque est coté souplesse et rentabilité de production. L’hydroélectrique est la production électrique la plus rentable et la plus souple. Contrairement au photovoltaïque ou à l’éolien, il suffit d’ouvrir une vanne pour faire couler l’eau qu’on a stocké et donc produire de l’énergie. Et pour stocker le vent et soleil, sauf erreur de ma part, je ne crois pas qu’il y a des solutions aujourd’hui. Le photovoltaïque est une erreur stratégique de volonté de développement et la preuve qu’on est piloté par des incompétents nombrilistes eux-mêmes à la merci des lobbying. Souplesse aussi dans le sens où lors des périodes de grands froids, RTE demande parfois aux producteurs hydroélectriques de fournir sous quelques minutes de l’électricité là où les centrales nucléaires, thermique ou autres ne peuvent pas répondre. Si le concessions partent dans les mains de capitalisme étrangers, va-t-il toujours y avoir une aussi bonne coopération entre RTE / ERDF et les producteurs ??? J’en doute fort. Troisième risque et le plus important point de vue impact, c’est le risque de rupture de barrage suite à des défauts de maintenance, défauts de suivis ou d’expertise de l’état des structures externalisés à des sociétés choisies au moins disant. Bref, je crains le pire pour La France et les populations animalières et humaines à proximité des barrages. Vous croyez qu’Hydro Quebec ouvre son marché de concession à des sociétés étrangères ? Vous croyez que les États-Unis laisseraient l’avenir de ses barrages hydrauliques à la CNR ou la SHEM ? Le gouvernement vit dans le monde des « bisounours » et tout le monde fait l’autruche.