La liberté d’expression, certes, peut parfois s’exprimer en des termes excessifs, injures, attaques ad hominem... néanmoins, des limites sont posées par la loi qui permettent à qui se sent insulté ou diffamé d’attaquer en justice l’auteur du propos incriminé. Si sanction il y a, il s’agit alors d’une sanction a posteriori, et précédée par une procédure (le procés) ayant permis d’établir rationnellement si, oui ou non, le propos est tombé dans l’excés. La censure, elle, est unr sanction a priori, effective avant même que le texte ne soit publié : elle est l’antinomie de la liberté d’expression. Il est donc illusoire de vouloir concilier ces deux principes (quels critères, quelles limites ?)
A supposer même que cela soit possible, cela instaurerait un déséquilibre fondamental : en effet, la liberté d’expression comporte en elle-même un principe de réciprocité. Qui se sent attaqué, insulté, a en effet toujours la liberté de répondre par les mêmes moyens (le droit de réponse, en presse écrite, fait obligation de laisser à l’offensé un espace d’expression de même taille que celui du texte incriminé). En revanche, l’usage de la censure restera à disposition des puissants : qui aurait, dans votre perspective, le pouvoir d’interdire a priori la publication d’un document ? l’Etat, sans doute ; et aussi ceux qui, disposant de la richesse, de l’influence, du pouvoir suffisant, seront capables d’obtenir une telle sanction. Certainement pas le simple quidam...