Bonsoir Fergus, je suis en désaccord avec vous sur la question de la légitimité de Lindbergh.
A ce compte là, en 1913, Roland Garros aurait pu revendiquer une traversée de la Méditerranée en partant de la Corse et non de Fréjus. Lindbergh reste pour moi bel et bien le premier à avoir relié les deux continents. J’ai pu voir grâce à Google Earth que l’on peut faire une traversée complète (intercontinentale au sens strict) de l’Atlantique avec à peu près le même kilométrage qu’Alcock et Brown. S’ils avaient eu un terrain d’aviation, il aurait été plus court pour eux de partir tout à l’est de la péninsule du Labrador. Pour une traversée véritablement de continent à continent, on reste dans les mêmes distances qu’en 1919 (dans les 3600 km) pour des trajets qui vont de l’ouest de la Bretagne à la Nouvelle Ecosse ou encore de la côte norvégienne du sud à celle du labrador (une « route viking » de la Scandinavie originelle au Markland en quelque sorte). De Brest à Halifax, il y a environ 4500 km, les deux villes de l’époque les plus proches pour un tel trajet. Dans de tels cas, on aurait pu parler sans la moindre réserve de vols intercontinentaux, pour Alcock et Brown, j’ai tendance à dire que ce n’est pas tout à fait le cas. Le fait que Lindbergh ait voulu relier Paris à New York, ce qui impliquait notamment un millier de kilomètres au dessus de la côte est de l’Amérique n’est pour moi pas la question, s’il avait du se poser en catastrophe en Bretagne, il serait resté le premier.
Néanmoins, vos deux aviateurs ont fait une traversée remarquable, qui est encore d’une autre ampleur que celle de Roland Garros (dans les 700 km), lui-même auteur d’un bond de géant par rapport à Blériot (30 km). En dix ans, une traversée cent fois plus longue.
Ce sont de pauvres types qui se vautrent dans la haine. C’est une forme de potlatch, un concept bien connu en anthropologie, mais ici, c’est un potlatch à l’envers. On surenchérit dans l’abjection et la nullité.
Devant ce magnifique spectacle, une satisfaction trouble m’envahit, celle de vivre des moments historiques. Certes pas ceux que j’aurais souhaités entendons nous bien.
Je n’ai aucune explication à vous donner. Je m’estime normal, pour moi l’éthique et la morale doivent être au fondement de toute action humaine. Cette manière de faire une fierté de l’immoralité me dépasse complètement. Pourquoi autant de méchanceté gratuite ? J’ai aucune réponse personnelle et pire encore guère de références sérieuses à vous donner.
J’ai du mal à croire que la seule immigration de maghrébins et de noirs puisse déclencher de tels commentaires (et en masse à voir ce qui se lit ailleurs). Les blancs des cités sont par définition peu nombreux, dans des territoires à 80 % d’immigrés.
Ce n’est pas une haine économique, un parti comme le PS est bien trop ciblé pour cela par rapport à l’UMP. Pas vraiment une haine anti-pauvres non plus. Vos commentateurs n’ont pour la plupart rien de conservateurs au sens traditionnel. On serait alors dans une haine anti-système tellement généralisée qu’elle n’aurait même plus pour finalité de rétablir un état des choses normal. La haine comme fin en soi, détachée de tout référent social, de toute idée constructiviste.