Je retiens du cafouillage généré par l’affaire de l’Arche de Zoé, un comportement global plus que révélateur aussi bien du côté de NDjaména, des zélateurs de l’ONG incriminée, que des autorités françaises, du positionnement de l’Afrique face à l’ancienne puissance colonisatrice. Songeons que l’Afrique, théoriquement décolonisée, est loin d’avoir digéré, il s’en faut la décolonisation, de même que le colonisateur d’hier n’a réussi à admettre le fait de la décolonisation comme acquis. Jamais pareil embrouillamini n’aurait vu le jour dans aucun territoire d’un pays souverain de la planète. Une association d’une telle ampleur n’aurait pu agir tel en pays conquis, au mépris des règles minimum de respect des droits élémentaires de l’homme. L’Afrique est et reste le pré carré français où la gabegie, le laisser-faire, organisés avec la complicité de dirigeants locaux corrompus, continuent à régner en maîtres. La culture de la décolonisation n’habite ni ces dirigeants ni le peuple colonisateur d’hier. C’est ainsi que je suis surpris par des réactions fleurant le nationalisme, émanant de toute une classe politique ulcérée d’abord par le fiasco de l’organisation, sans la moindre critique de la nature délétère et incestueuse des relations entre la puissance coloniale et un dictateur tchadien dont elle est la complice. On ne peut cacher que Sarkozy et son ami Idriss Déby portent l’entière responsabilité du pataquès, et il apparaît dérisoire de vouloir occulter la politique liberticide menée en Afrique par Sarkozy, en insistant unilatéralement sur le seul mécanisme procédural de l’affaire. D’ailleurs, la mise en scène théâtrale (discours convenus, voyage éclair à NDjaména) du Président, n’étonnera pas l’observateur habituel des farces présidentielles qu’on lui sert depuis plus de six mois.
Aujourd’hui, aucune personne avertie ne perd son temps à discuter de la fausse théorie du darwinisme social. Il va falloir vous recycler sérieusement !
Puissamment raisonné ! On notera de plus que seule l’Amérique, pays comptant soi-disant parmi les « plus sages et civilisés » de la planète, n’a pas hésité en 1945 à faire exploser sa bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki. La solution rationnelle, il faut l’avouer, est dans l’éradication totale de la bombe. Sinon, l’Iran a le droit d’avoir la sienne, dans la mesure où il est cerné par des pays qui la possède.
Le rôle du chef de la diplomatie n’est pas de déclarer la guerre, mais de montrer à quel point il peut user de ses talents diplomatiques pour dialoguer et toujours dialoguer, en vue d’aboutir à la paix entre les peuples, et à leur meilleure compréhension. Or, Kouchner, d’emblée crie à la guerre, alors que même Bush lui-même se dit d’abord partisan du dialogue. Une telle allégeance délirante à l’Amérique désoriente plus d’un observateur, fût-il le moins averti. Qu’en pense le peuple de France d’abord, et son Parlement ? Comment ne pas évoquer l’incompétence du ministre ? Et aussi, comment ne pas s’étonner que le « Médecin sans frontières » devienne brusquement le « Militaire sans frontières » ?. On en a la chair de poule !
Les Français, dans leur immense majorité, vont devoir sortir d’un rêve éveillé. C’était donc cela la rupture sarkozyenne : se détourner des valeurs séculaires françaises que sont la recherche de la paix, de la négociation résolue, du dialogue des cultures, pour se transformer en simple clone de Bush, comme hier Tony Blair. Mais la France ne récoltera aucune considération de ce comportement va-t-en-guerre servile. Pour les Etats-Unis, la France ne sera jamais le Royaume-Uni, quoi qu’elle ait pris le parti ridicule de s’aplatir devant l’Amérique. Quelle honte pour mon pays !