Et l’avatar
que vous vous êtes choisi, velosolex, c’en est un qui mord ou un qui
lèche ?
J’ai fait une métaphore pour expliquer qu’on peut rendre méchant quelqu’un, pas une analyse du monde canin.
La Russie
qui a payé de son sang et de sa démographie explique bien que c’est le peuple qui s’est farci la puissance
métallique hitlérienne pour la briser, en retirant de la vie 14 millions de Russes,
soit 13% de la population (et même 16% de celle Ukrainienne, hors Galicie, et
25% de celle Bielorusse, ou encore un total de 25 millions de vies soviétiques).
Ce n’est pas la France qui a cassé la force de la Wehrmacht, ni le RU, ni aucun
autre pays. Avez-vous déjà assisté dans votre vie et votre pays à une
commémoration pour tous ces russes, ou anciens soviétiques ? Ceux qui ont vécu la guerre avaient une idée
plus juste de ce qui s’est passé : https://www.les-crises.fr/wp-content/uploads/2014/11/sondage-nation-contribue-defaite-nazis-1.jpg. Qui a fait tant changer l’opinion ?
Et les
horreurs de Staline, je peux vous ajouter les purges, les goulags, l’Holodomor
en Ukraine, puisque c’est le sujet de l’article, n’enlèvent pas que la guerre
contre Hitler a été gagnée grâce au sang des Russes et Soviétiques. Et au
matériel étatsunien, comme vous le mentionnez. Et à l’entêtement de Churchill.
Si vous
cherchez les bons et les méchants, comme vous le conseille G Bush, cela ne vous
permet pas de comprendre ce que l’histoire a entremêlé. Ce que j’expliquais en
introduction que vous ne semblez pas avoir lue.
Les Russes, eux-mêmes, ne fêtent pas
aujourd’hui la deuxième Grande Guerre « Communiste » dont ils n’en
revendiquent pas l’héritage, mais bien « Patriotique ». La première
était, justement, contre Napoléon, qui a encore plein de statues dans notre
pays, qui le glorifient, sans que les Russes d’ailleurs, viennent nous chercher
des poux dans la tête avec ça.
Ensuite j’ai
présenté le Grand Jeu, ce travail tectonique de fond, qui sous tend toute
l’activité géopolitique de surface, entre les puissances thalassocratiques et
celles tellurocratiques. Mais cela a l’air trop compliqué pour vous.
La donne a
changé depuis l’humiliation du traité de Versailles, ou, symétriquement, la
soumission franco-britannique aux accords de Munich : il y a maintenant la
bombe atomique. Et personne ne cherche à fermer la parenthèse ouverte et
dangereuse de son utilisation éventuelle pendant la discussion métallique en
Ukraine. Car la voie diplomatique, qu’aucun protagoniste ne veut envisager avec
Poutine est déjà connue : éloigner l’OTAN de la frontière qui place les
missiles à portée immédiate des villes russes. Une crise des fusées à Cuba dans
l’autre sens, en quelque sorte, mais sans l’intelligence qui existait encore
entre Kennedy et Khrouchtchev. Le massacre de Boutcha, au moins partiellement
mis en scène et le bombardement du dépôt de carburant à Belgorod se sont
produits juste après les premiers pourparlers à Istanbul.
La morale des bons et des méchants de G Bush
le fiston, son axe du mal, importés maintenant dans l’UE vassalisée : c’est
du toc. L’Ukraine, c’est important, le Yemen on s’en fout. Poutine est une
méchant Mohamed ben Salmane, heu, non rien : on ne peut pas toucher au
pacte du Quincy, même si des tours tombent à New York. Saddam Hussein était un
gentil quand il a attaqué l’Iran (et il n’avait pas à l’attaquer), un méchant
quand il attaqué le Koweit et puis bah, quand il est resté calme en son pays,
une petite fiole contenant de la farine a suffit pour justifier la destruction
de son pays, lui avec. Cela s’appelle « apporter la démocratie et la
liberté » : c’est complètement abscons, mais ça marche.
La vraie
morale géopolitique, que les médias mainstream ont effacée, c’est la
reconnaissance mutuelle des nations, en l’occurrence le droit à chacune d’elle
à ne pas être menacée. La guerre de Poutine n’est pas morale, aucune guerre ne
l’est : il la juge existentielle à son pays, ce n’est pas pareil. Il a
expliqué mainte fois cette menace, au moins depuis le discours de Munich en
2007, après les promesses répétées à Gorbatchev, puis à Elstine que l’OTAN n’irait
pas au-delà de l’Allemagne, puisque le pacte de Varsovie était tombé. Le monde
atlantiste s’en est moqué de son inquiétude.
Je ne lis rien de votre article qui renseigne
une quelconque connaissance géopolitique. Regardez cette carte : https://thumbs.dreamstime.com/b/retro-d-annata-della-mappa-di-mondo-vecchio-l-asia-nel-centro-108063575.jpg
Le continent qui fait le pont pour les autres est l’Eurasie. Et ça n’arrange
pas le Royaume Uni (et son extension, le Commonwealth), puis l’Amérique du Nord :
les thalassocraties. D’où la nécessité impérieuse que l’Europe et l’Asie de l’Est
restent séparés et que le « Earthland », c’est-à dire la Russie, n’en
devienne pas l’assembleur naturel. C’est le Grand Jeu, une vieille histoire, qu’Arthur
Collony avait devinée, puis Alfred Mahan, puis Halford Mackinder, puis Nicholas
J. Spykman, puis Zbigniew Brzezinski… Je jette ces quelques noms pour indiquer
que ce n’est pas une lubie complotiste qui sort de mon cerveau bouillonnant,
mais la première préoccupation des états-majors des grandes puissances. Boris
Elstine, dans son pays en ruine et maffieux, en quasi démembrement, après avoir
appliqué la thérapie de choc de Jeffrey Sachs était le pote de Bill Clinton.
Vladimir Poutine, qui a reconstruit la Russie, pourtant libérale, est devenue
un méchant, même aux yeux des européens somnambules qui empêchent l’Eurasie
dont ils seraient bénéficiaires, selon le souhait de la thalassocratie
impériale US.
Après, c’est
comme un chien. Si vous l’acculez et l’énervez, il mord et vous avez beau jeu
de dire qu’il est méchant. La Russie a payé de son sang et de sa démographie l’armée nazie qu’elle a
détruite, elle a payé de Moscou, sa capitale qu’elle a brûlée l’épuisement de l’armée
napoléonienne : un pays est fait aussi de sa mémoire.
Enfin, vous
qui êtes voyageur, si vous lisez des analyses médiatiques, voir diplomatiques
de la Chine, de l’Inde, du M.O., de pays africains, notamment francophones, d’Amérique
du Sud et Centrale : il ressort fréquemment que Poutine est tombé dans le
piège ukrainien, tendu par l’OTAN, machine de guerre.
P.S. :
je contrebalance un peu fortement votre vision des choses, la destruction de l’Ukraine
est un désastre, c’est normal que Zelenski défende son pays, mais j’essayais,
ici, de vous remettre la « big picture », comme disent les yankees,
pour ne pas rester à la surface des évènements.
Discours de
Poutine au Bundestag, fin septembre 2001, invitant à la création de la maison
commune européenne, auquel l’UE a été impardonnable de ne pas le prendre au
mot. (3 parties, 8 mn chaque, sous-titrées qu’on peut passer en vitesse
accélérée).