Enfin à ce moment là, tout le monde est trader... Le « petit porteur » fait de l’argent sur l’argent puisqu’il joue en bourse ? Les fonds de retraite achètent des obligations d’Etat, mais finalement c’est acheter de la rente...
On oublie que si les entreprises vont en bourse, c’est pour se financer. De l’autre côté il y a des investisseurs. Ce qui est discutable c’est la rapidité des transactions, le montant des dividendes, la vente à découvert, les incitations au risque , etc...mais fondamentalement tout opérateur de marché peut être qualifié de trader ou de spéculateur, puisqu’il s’agit de faire un pari sur la viabilité d’une entreprise.
On ne voit les traders qu’à travers l’image qu’en renvoient les médias. Dire d’eux que c’est une profession de drogués, c’est vraiment simpliste et totalement faux.
Sur les automates de trading vous avez raison. Mais ils ne prendront jamais la place de l’humain car c’est eux qui sont responsables des mouvements extrêmes sur les marchés, si les régulateurs ont un peu de bon sens, ils se pencheront sur la question.
Encore une fois mon but n’est pas d’affirmer que certains traders sont sympathiques ou pas. Mais il faut tordre le coup aux idées faciles car c’est se priver de solutions pour l’avenir que d’envisager les problèmes sous un seul angle et de céder aux anti-XXX (on mettra ce qu’on voudra) primaires.
C’est dans ce travers que je ne veux pas tomber...
La profession en elle même n’est pas condamnable. Il y a des milliers de métiers différents en Finance. Les gens se focalisent sur trader, mais c’e’st peu connaître le milieu que de les accuser de tous les torts. Par exemple les responsables de la crise des subprimes ne sont pas des traders techniquement mais : des vendeurs (Sales) et des assureurs peu scrupuleux, ainsi que les soi-disant régulateurs (les Greenspan et consors, sauveurs de la planète dont on oublie qu’ils ont joué un rôle majeur dans le non-contrôle des dérivés de crédit).
Comme pour toutes les catégories, une minorité d’imbéciles nuit au reste. Il faut donc être prudent à mon sens ; on a trop tendance à stigmatiser facilement et sur ce fait, je vous rejoins complètement.
C’est un problème que d’avoir un budget équilibré et un autre de réguler la spéculation.
Ce n’est pas à cause des banquiers que nous avons un déficit abyssal et une dette record. Il est plus facile de désigner un seul coupable de tous les maux de la Terre. La crise de la dette a été agravée par des pratiques agressives sur les marchés financiers, certes, mais ce sont bien des décisions politiques irresponsables qui nous ont mené droit dans le mur.
Et que faire alors ? En n’agissant pas, je pense qu’on laisse les choses empirer. Vous ne pouvez pas affirmer qu’un aspect de la finance gouverne toutes les politiques économiques, c’est un raccourci trop facile. Et sous ce prétexte on ne devrait rien faire ? On brandit trop souvent les mots « trader » et « spéculation » comme des incantations sans savoir de quoi il retourne. Ce ne sont pas les traders qui ont décidé de donner un Deutsche Mark à toute l’Europe, sans prendre en compte les diférences structurelles entre les économies de nos pays. Croyez-vous qu’ en muselant la spéculation on n’empêchera les Etats d’avoir des politiques publiques complètement extravagantes, de faire des cadeaux fiscaux à ceux qui en ont le moins besoin, d’exonérer d’impôts les sociétés du CAC 40 ?
En n’adoptant pas cette règle on enverra un « message négatif » aux Agences de Notation pour l’instant toutes puissantes (c’est pour moi un des plus gros scandales) qui peuvent en claquant des doigts décider de nos taux d’emprunt et donc potentiellement de rendre nos vies plus difficiles qu’elles ne le sont déjà. Les spéculateurs auront gagné finalement.
Le sujet est aussi vaste que passionnant !
Tout autre sujet : je suis nouveau sur le site, il faut bien être nouveau un jour ! Je trouve ça dommage de polluer les débats intéressants par des remarques/commentaires parfois grossiers.
Je partage votre point de vue sur l’opportunisme écoeurant de beaucoup d’hommes/femmes politiques à la tête de notre pays. Je vous trouve cependant assez prompte à dénigrer les personnes qui essayent d’agir pour nous sortir d’une spirale négative qui n’est pas la seule oeuvre des « méchants banquiers » comme on voudrait trop souvent le faire croire, mais le fruit de dizaines d’années de politiques économiques irresponsables (de gauche comme de droite). On peut reprocher à M. Sarkozy un tas de choses (le bouclier fiscal parmi tant d’autres), mais cette « règle d’or » relève d’un pragmatisme qu’il nous faudra bien un jour, pas la force des choses, adopter. Il ne faut pas inverser les rôles. Cette règle d’or n’est pas là pour satisfaire les vilains matadors-traders, mais bien pour revenir à un peu de bon sens économique qui nous a tant fait défaut. Les grandes puissances occidentales vivent au-dessus de leurs moyens depuis des décennies, cela ne pouvait pas durer. Il aura fallu une crise systémique pour que l’on s’en aperçoive, il était temps.
Pour me faire l’avocat du diable, je pense que pour une fois, il faut sortir des conflits partisans et construire une économie viable. Cela passe par cette mesure mais évidemment elle en est une possible parmi d’autres, il y a énormément de choses à faire pour nous remettre sur les rails, et tenter de laisser autre chose « à nos enfants » que les dettes de leurs parents. Revoir la fiscalité est une nécessité par exemple.
Mais s’il ne faut se contenter du peu qui est fait, je salue tout de même la volonté de certains (même s’ils doivent passer pour des traîtres) de prendre le taureau par les cornes et d’agir à mon sens de façon responsable.