Il est certain que la vérité dérange. Je me propose encore une fois de témoigner de la France d’en bas que peu ici semblent côtoyer. Les « extérieurs » et les « marginaux » ne parleront pas ici, ils n’en n’ont pas les moyens.
Mais le mépris ou l’ignorance n’empêche pas la réalité d’exister. Se rendre aux Urgences d’un hôpital après 20 h, observer et écouter parler à la sortie des établissements scolaires, discuter avec les caissières d’un supermarché, avec des jeunes embauché par un artisan, avec des étudiants toujours en quête d’une aide pour le minimum vital c’est une petite recette pour accepter ce que beaucoup refusent de voir.
Désolé, mais l’humour n’a pas de place ici. La misère dure avec par exemple la vie sédentaire en caravane toute l’année car un logement revient trop cher, l’insécurité liée à ce mode de vie, l’abandon par la société qui n’assure plus que la survie de ces gens, est-ce si difficile à constater ?
Et ils seront plus nombreux chaque année, ils constituent déjà la majeure partie de la population dans certaines régions. Ils ne comptent ni sur l’école ni sur la collectivité pour l’avenir. Ils s’adaptent au jour le jour, s’intègrent dans un réseau de « travail au noir » qui a depuis longtemps pris place, en marge de tout, une jungle où l’employeur paye ou ne paye pas son ouvrier, s’enrichit frauduleusement sur le travail de l’autre, au mépris des droits sociaux courants.
Et leurs enfants vivent cette insécurité dans la violence des droits bafoués.
Monsieur VASSE, quelle satisfaction de vous lire ! Et quelle bizarrerie !... La société semble vue de l’extérieur, cependant tout est juste et combien authentique dans vos articles ! Pour vivre parmi les deux premiers groupes de la société dans une région avec 40% de chômeurs, je retrouve le quotidien de centaines , de milliers de gens. Et pour les incrédules, je peux parler de la misère matérielle, morale, citoyenne, humaine, culturelle qui gagne rapidement du terrain. Dire comment elle s’installe, déshumanise, désociabilise, déstructure, impose le repli sur soi, ôte la confiance en l’avenir, modifie la conception du bonheur. Et bon atterrissage à certains...