Je suis allée, voir, par curiosité, le site de l’IRSN ; j’ai découvert que cet institut n’est financé qu’à 24% par l’État, mais à 28% par EDF (19%), Areva (7%) et le CEA (2%).
Les 48% restants sont des apports « autres »… supposés privés puisque l’apport de l’État est bien notifié !
Je reste donc dubitative quant à la prétendue indépendance de cet institut « public »…
« Pour utiliser le même extrême que vous, faut-il retirer les enfants à leurs parents et les élever dans des Lebensborn ? »
J’ai utilisé mon exemple « extrême » pour faire comprendre à quel point l’être humain peut s’adapter et « s’habituer » à la souffrance d’autrui ; je ne saisis pas ce que vous voulez faire comprendre en demandant s’il faut élever les enfants dans des Lebensborn : pure provocation ?
En revanche, il est vital, dans certains cas, en effet, de retirer un enfant à ses parents, inaptes à le maintenir en vie ou en bonne santé physique ou mentale (il y en a, malheureusement...).
« Il me semble beaucoup plus humain d’accepter que les goûts des enfants se forgent sur (avec, parfois contre) ceux de leurs parents, même, et je dirais surtout si ce ne sont pas les nôtres. »
Tout à fait d’accord avec vous.
Le problème, c’est qu’apprécier la corrida avec mise à mort du taureau ne constitue pas, pour moi, un goût, mais une déviance, au même titre que le sadisme. C’est en cela que je suis pour une interdiction de l’accès aux arènes aux mineurs de moins de seize ans.
C’est amusant, parce que je pense avoir la même idée que vous, concernant les dames patronnesses, mais mon mail ne concernait pas la définition du mot : je m’étonnais que vous trouviez adéquat de l’employer pour qualifier l’auteur de l’article.
En effet, étant donné que cette dernière a sûrement été amenée à fréquenter les arènes pour se faire une opinion la plus objective possible, elle a dû y observer nombre de parents accompagnés de leurs enfants ; j’aurais tendance à considérer son témoignage comme révélateur de certains comportements d’adultes passionnés, tellement excités par l’objet de leur enthousiasme qu’ils en arrivent à croire que tout le monde ne peut que partager cet engouement. À tel point qu’ils ne peuvent plus voir ni accepter les réactions contraires à la leur, qu’ils les nient : elles leur semblent inimaginables.
Un petit enfant dépend entièrement de l’adulte parent : il préférera s’adapter aux goûts de celui-là (je ne parle pas de choix conscient, mais plutôt d’instinct de survie), quitte à se faire violence et à refouler ses propres émotions, plutôt que risquer de « perdre » l’attention - l’amour, l’approbation... - de son parent.
L’être humain est capable de s’adapter à tout, même à la souffrance de ses semblables (exemple extrême : les gardiens de camps), alors la souffrance d’un taureau... de la
rigolade ! L’enfant apprendra à la considérer comme normale, puis distrayante : il n’a pas le choix. C’est en cela que de tels spectacles (corridas, combats de coqs ou de chiens) sont dangereux pour les jeunes enfants et adolescents. Même s’il y a bien sûr bien d’autres choses susceptibles d’altérer la capacité d’empathie de l’être humain (empathie qui s’acquiert par l’éducation et l’exemple ; encore faut-il être persuadé de son utilité...). Car il s’agit de cela, me semble-t-il, et non d’« hypersensibilité », comme vous dites (ce terme, dans votre mail, me semble employé légèrement péjorativement) : je pense que l’auteur de l’article a réussi à devenir adulte en gardant une capacité d’empathie importante et, rien que pour ça, elle a toute ma sympathie ! Je préfère vivre dans un monde où on prête attention aux autres êtres et à leur souffrance, quitte à me priver de quelques spectacles...
Je ne comprends pas ce qu’a voulu dire Thierry quand il écrit qu’il trouve que l’auteur de l’article a réagi « en dame patronnesse » : pourrait-il m’éclairer ?
Personnellement, je pense que j’aurais été également choquée par le comportement de cette mère, incapable de reconnaître l’émotion exprimée par son enfant et, pire, la niant : en l’occurrence, l’enfant semble exprimer de la peur (ou, tout au moins, un certain malaise : cris, hurlements), et sa mère le contraint à mimer l’enthousiasme, la joie (applaudissements forcés). Je trouve ce comportement extrêmement violent de la part de la mère et ne vois pas en quoi le rapporter, voir le dénoncer, signerait une réaction de dame patronnesse...