Se lit avec plaisir et intérêt, curiosité, passion par moments, on y trouve ça et là quelques belles intuitions, quelques bonnes remarques. Mais ce n’est pas un grand livre à mes yeux. La structure est répétitive, et il ne se dessine guère de résonances entre les diverses amitiés qui scandent le roman, entrecoupées toujours par les apparitions également répétitives de la vilaine fille. Reste une vraie qualité d’évocation de personnages (y compris secondaires) dont la personnalité nous tient en éveil. Et l’ambiguité entre la niaiserie d’un narrateur qui se laisse vampiriser, victime d’un état de dépendance plutôt pathétique, et la beauté d’un amour absolu. En ce sens, la personnalité secrète de la vilaine fille et son humiliation originelle de « pauvre » créent un personnage que l’on ne souhaite pas juger en dépit de sa manière puante d’instrumentaliser les gens, ce qui est intéressant. Quant à la langue, dans la traduction française du moins, elle raconte efficacement sans nous plonger dans un état de conscience particulier. Bonne lecture, mais j’attendais (naïvement) davantage d’un auteur si célébré.