Oui, j’ai eu des discussions - formelles et informelles - avec ces populations. J’utilise le pluriel car il y avait parfois d’immenses écarts de position entre des personnages qui avaient en réalité un toit (en tout cas ponctuellement) et d’autres qui ne parvenaient même plus à retracer le fil de leur existence. C’était dans le cadre d’une enquête type « recherche-action » avec l’Observatoire Régional de la Santé d’Ile-de-France. Il faut que je prenne le temps de publier des aspects de cette enquête, à ma manière, ici sur AgoraVox et sur mon site.
Pour en revenir à votre question, en effet, la « psychologisation » de l’affaire est doublement dramatique. D’abord c’est intellectuellement limité (on oublie le collectif, les politiques urbaines et de l’emploi... et on confond les effets psychologiques de la précarité avec une sorte de cause immanente, enfouie en profondeur dans l’individu). Mais surtout c’est terrible politiquement, puisque ça revient à dire que c’est une affaire somme toute privée, ou à la limite qui pourrait être traitée par des détections psy à la maternelle, comme Sarkozy proposait de le faire pour les délinquants. Cette thèse a été très légitimée par le bouquin de Patrick Declerck, Les Naufragés. Avec les clochards de Paris, traitant la chose sous l’angle de carences affectives. En voici une note critique qui est même un peu plus que ça : Emmanuel Soutrenon « Offrons-leur l’asile ! », Actes de la recherche en sciences sociales 4/2005 (no 159), p. 88-115. En ligne sur Cairn :
En effet, la phase de dé-diabolisation est entamée. Le discours social remplace les petites phrases racistes, l’UMP entretient une atmosphère anti-arabes, anti-gitans, etc. qui peut tout à fait satisfaire les racistes « vieille France »... et Marine Le Pen pose dans ELLE ! A droite du moment qu’il n’y a qu’un seul candidat, c’est tout bénef car ils ne peuvent être que premier ou second au premier tour. après face au FN au second tour, c’est réglé, la victoire est acquise. Mais à gauche du coup, ça passe mal. Le fameux « éclatement » dont on nous rebat les oreilles peut en effet amener le PS à ne pas passer le premier tour, comme en 2002. Et c’est là que c’est invraisemblable : même des gens comme Badinter (plutôt intelligent) en ont tellement peur qu’ils en appellent à l’unité de la gauche ; comprenez : l’auto-élimination des candidats de gauche alternative, qui sont pourtant les seuls à proposer un message anti-libéral (PS et UMP c’est kif kif, à part que l’UMP est heureuse de cette économie de la Finance, tandis que le PS s’en trouve un peu désolé...). La proposition du PS aux électeurs « gauche de gauche », c’est POUR SAUVER LA GAUCHE, ACCEPTEZ QU’ELLE SOIT UN PEU DE DROITE !
MA PROPOSITION - plus sérieuse qu’elle en a l’air, un tirage au sort parmi les candidats de gauche pour une candidature unique. Ça mettrait fin aux discussions interminables qui n’ont JAMAIS plus amené un semblant d’unité depuis 1981 (et pour ce que ça a duré...) et ça aurait le mérite de jeter un pavé dans la mare des petites ambitions personnelles. Je détaille ça dans un billet de mon blog (http://gerard.rimbert.free.fr/blog/?p=1021)